Je sais pas si tu as entendu le big boss des troupes OTANiques d’Afghanistan ?
Le gars se pointe, et il déclare, en gros, que, oui, certes, oui, le Taliban, nonobstant que la Coalition lui a mis au-nom-de-la-démocratie maint rude crochet dans sa face de bâtard velu des montagnes, a encore, dans la manche de son treillis, deux, trois atouts, comme : la maîtrise du commandement, la maîtrise du renseignement, la maîtrise de l’environnement socio-culturel, une certaine facilité au combat - et aussi une espèce d’aisance, au moment de se mouvoir sur un terrain vallonné dont l’habitant, rugueux rural, continue de se défier, me dira-t-on pourquoi, de l’american way of life.
Pour ce qui me concerne, j’ai tendance à penser que si tu fais la guerre, fût-ce au-nom-de-la-démocratie, à des mecs dont les moindres atouts sont finalement qu’ils ont la haute main sur le commandement, sur le renseignement, sur le terrain, sur le combat et sur le moral des populations indigènes ?
Ca veut dire que tu en vas en chier, dans des proportions assez conséquentes.
Comme disait Võ Nguyên Giáp, qui avait sur le sujet une expertise au moins aussi considérable que celle de l’excellent géostratège barbichu Laurent Joffrin : "Français manger, Yankee manger aussi, et va te faire enculer".
En même temps : Hervé Morin se dit confiant - et ça, n’est-ce pas, c’est important.
Je te rappelle en effet que, d’après Hervé Morin (et si j’ai bien compris ce qu’il racontait hier), ce que Laurent Joffrin appelle sans rire "le courageux sacrifice de dix soldats français (et de 21 blessés)" est le signe que l’OTAN marque des gros points, contre les Talibans.
Hervé Morin explique ça comme ça (je résume) : "On leur met une gigantesque pression au-nom-de-la-démocratie, mâme Dupont, à ces tarbas.
Dès lors, n’est-ce pas ?
Ils s’énervent, et ils nous hachent menu de la troupe d’élite.
C’est encourageant, mâme Dupont.
Quand le foutu Việt Cộng s’agite comme ça ?
Mâme Dudu ?
C’est la preuve qu’il perd ses nerfs.
Voyez comme il flippe, l’inverti des hauteurs : on le gagne si fort, que le voilà réduit à nous anéantir des unités".
Dans la vraie vie, naturellement, la situation est moins foncièrement favorable aux troupes de l’OTAN (que dans une impro d’Hervé Morin) : les Talibans contrôlent une grosse moitié d’Afghanistan - et même Laurent Joffrin concède qu’ils "ont pratiquement réussi à encercler Kaboul, à priver le gouvernement légal de contrôle sur une grande partie du territoire et à rendre la mission des forces internationales de plus en plus dangereuse".
(Et à part ça, toi ?
Les nouvelles sont bonnes ?)
Mais tu penses bien qu’Hervé Morin ne va pas nous annoncer que l’envoi là-bas de quelques troupes supplémentaires était une monstrueuse connerie, et que ça serait quand même bien que maintenant, le chef de l’Etat français arrête un peu de léchouiller George, vu que, à dix morts ("et 21 blessés") le coup de langue, ça fait cher la gâterie.
Au lieu de ça, Hervé Morin, durant que son boss à lui continue de caresser du potentat pékinois, nous rappelle que c’est-la-démocratie-qu’est-en-jeu-dans-la-passe-de-Khyber-mâme-Dupont.
On rentre à peine, et les voilà qui nous reprennent déjà pour des gros cons - et ils auraient tort de se gêner, puisque Laurent Joffrin leur (et nous) confirme que : "La pire des solutions serait évidemment le retrait"…