Tu l’as très certainement observé : le Parti "socialiste" (rires) est de nouveau un parti d’opposition.
Depuis une (grosse) dizaine de jours, neffet : le P"S" (rires) tire au canon lourd sur un homme dont le seul nom met dans les transes les grands vizirs de la rue de Solférino (rires) - et qui n’est pas (du tout) le chef de l’Etat, mais Olivier Besancenot.
Et bon, je n’ai pas de sympathie(s) particulière(s) pour le fan-club de Léon Barbiche, mais ça devient assez fascinant, d’observer que les mêmes burlesques "socialos" (rires), qui depuis un an tortillent du cul à chaque fois qu’ils pourraient mettre le régime à l’amende, soudain rivalisent de crâne fermeté, pour dénoncer le péril rouge : on sent que décidément, leur ennemi naturel n’est pas du tout la droite, mais la gauche de gauche.
La dernière contribution en date à ce nouvel exercice de franche détestation est celle de Pierre Moscovici (rires), qui a déclaré, sur i-Télé : "Si nous sommes une bonne gauche, si nous répondons aux besoins de gauche (…), je crois qu’à ce moment-là, il n’y aura pas la même place pour Besancenot et que le débat démocratique se fera, comme c’est normal dans une grande démocratie, entre les forces de la droite conservatrice et celles de la gauche sociale-démocrate".
J’aimerais assez que tu relises à haute voix le passage en gras (je crois même que tu pourrais te le recopier sur un petit calepin, puis le déclamer, cet hiver, aux longues veillées du coin du feu) : on ne saurait mieux énoncer en effet, que par cette considération, que le bonheur "socialiste" (rires) est dans un pré sans gauche vraie, où deviseraient (comme sur un plateau d’i-Télé), d’une part la droite ultra, qui donne de la trique aux trimeux, et d’autre part la droite molle du fondement, que Pierre Moscovici (rires) appelle "gauche sociale-démocrate", et qui lui met de gros coups de bâton itou (comme fit Jospin (rires) à Vilvoorde), mais qui, pour adoucir la rude loi du capitalisme, lui offre aussi de faire la fête chaque 21 juin (au rythme chaud de la samba des renégats).
En somme, ça n’a rien de nouveau mais ça va mieux quand c’est un "socialiste" (rires) qui le dit, le "débat démocratique" auquel aspire Moscovici (rires) serait d’un type classiquement arlettechabotique : les intervenants, libéraux de bonne compagnie, seraient d’accord sur tout [1], et ne s’opposeraient guère que sur la forme à donner au harassement des misérables.
(Typiquement : les "socialistes" (rires) font mine de s’offusquer du sort que le régime réserve aux sans-papiers, mais prennent soin, car ils ont la tartufferie chevillée à la tripe non moins que la prébenderie, de préciser que, turellement, le régime a raison de vouloir maîtriser le flux migratoire, pâââââque bon, mâââââme Chââââââbot, combien de fois vous ai-je dit que la misère du monde nous rompt l’harmonie sociétâââââle ?)
La "grande démocratie", telle que la conçoit Pierre Moscovici (rires) est par conséquent la confiscation de ce qu’il nomme le "débat démocratique" par deux entités partisanes, évidemment acquises aux très saines joies du marché.
On voit que son inspiration lui vient de chez Yanqui, où en effet la gauche (la vraie) n’est plus, dans les scrutins, qu’un très lointain souvenir, mais où la démence du camp républicain permet à Obama de se poser en avant-garde révolutionnaire, alors que bon : le gars est quand même un peu à droite de François Bayrou.
On devine ce que cette configuration a d’hypnotisant pour les "socialistes" (rires) français : ils pourraient, selon ce modèle, dire (encore) la même chose que Laurence Parisot et Christine Lagarde, mais en fustigeant, pour se conserver un petit vernis de progressisme, la rudesse paléolithique du fidèle Brice Hortefeux.
Evidemment : ce bipartisme pierremoscovite ?
C’est la négation, absolue, de tout ce qui fait la "grande démocratie".
Mais il y a beau temps, n’est-ce pas, que les "socialistes" (rires) ont aussi trahi le sens des mots.
[1] Sur la réforme des retraites, sur la réforme de la Sécu, sur l’Europe, sur l’immigration…