MOYEN ORIENT
-*11 décembre 2004. 1ère réunion du "Forum de l’avenir" du monde arabe : Rabat (Maroc)Créé en juin 2004 au sommet du G8 à Sea Island aux Etats-Unis, le Forum est une initiative conjointe des Etats du Moyen-Orient élargi et d’Afrique du Nord, du Groupe des huit pays industrialisés (G8) et d’autres partenaires pour encourager les pays de la région à entreprendre les changements nécessaires à l’émergence de la démocratie. Les ministres des affaires étrangères et des finances ainsi que les représentants de 35 pays et organisations politiques participent à cette réunion. La résolution finale adoptée à l’issue des travaux insiste notamment sur les projets de réforme économiques et sociales dans le monde arabe, tout en insistant sur la liberté qui doit être laissée à chaque pays d’avancer "à son propre rythme". Nombre de pays jugent par ailleurs que la priorité réside dans le règlement des conflits israélo-palestinien et irakien, conditionnant les réformes demandées à ce règlement. Une seconde édition de ce Forum est prévue en 2005
-*21-23 décembre 2004. Visite du Premier ministre britannique Tony Blair en Irak, en Israël et dans les Territoires palestiniens Après avoir effectué une visite surprise à Bagdad et à Bassorah, dans le sud de l’Irak, il arrive à Tel-Aviv le 21 décembre 2004. Il rencontre en Israël son homologue Ariel Sharon et le chef de la diplomatie Sylvan Shalom et à Ramallah, en Cisjordanie, le chef de l’Organisation de libération de la Palestine Mahmoud Abbas et le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï. Au cours de cette visite, il annonce la tenue à Londres en mars 2005 d’une conférence sur le conflit israélo-arabe
-*25-29 avril 2005. Tournée du Président russe au Proche-Orient Il s’agit de la première visite depuis 40 ans d’un chef de l’Etat russe en Egypte et de la première jamais effectuée en Israël et dans les Territoires palestiniens. A Tel-Aviv, Vladimir Poutine tente de rassurer le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, sur la vente prévue de missiles sol-air à la Syrie (armes défensives et de courte portée) et sur la construction par les Russes d’une centrale nucléaire en Iran (utilisée à des fins purement civiles). Les deux pays décident la mise en place d’un système de coopération dans la lutte antiterroriste. En revanche, la proposition russe de conférence internationale sur la paix au Proche-Orient, qui se tiendrait à l’automne à Moscou, est accueillie favorablement par l’Egypte et les Palestiniens, mais considérée comme prématurée par Israël et les Etats-Unis. En Cisjordanie, le Président russe promet d’aider les Palestiniens dans le domaine économique
IRAN
15 novembre 2004. L’Iran s’engage à suspendre tout enrichissement d’uranium en accord avec l’Union européenne et en coopération avec l’AIEA Suite à un accord avec la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, désignés sous le sigle "E3" et l’Union européenne, signé le 14, l’Iran "réaffirme qu’en conformité avec l’article II du TNP, il ne cherche pas et ne cherchera pas à acquérir d’armes nucléaires. Le pays s’engage à une coopération entière et transparente avec l’AIEA, ainsi qu’à poursuivre la mise en oeuvre du Protocole additionnel en attendant sa ratification". Par ailleurs, et "afin de renforcer la confiance", l’Iran décide "à titre volontaire", de poursuivre et d’étendre la suspension à toutes les activités d’enrichissement et de retraitement de l’uranium, notamment la fabrication et l’importation de gaz centrifuges, ainsi que toute activité de séparation du plutonium et de conversion de l’uranium. Le 29 novembre, les 35 Etats du conseil des gouverneurs de l’AIEA adoptent par consensus une résolution entérinant le gel par l’Iran de toutes ses activités d’enrichissement d’uranium. L’Agence est chargée de la vérification de cette suspension et d’en assurer le suivi
27 février 2005. Accord sur la vente par la Russie d’une centrale nucléaire à l’Iran
L’accord de 800 millions de dollars porte sur la livraison d’une centrale construite par les Russes qui commencera ses activités fin 2006. Les Russes livreront du combustible, mais l’uranium usagé sera rapatrié en Russie, suivant une clause garantissant qu’il ne sera pas réutilisé à des fins militaires
12 avril 2005. Loi autorisant partiellement l’avortement en Iran Le Parlement adopte un texte de loi autorisant l’avortement dans certains cas particuliers afin de combattre le commerce dangereux des interruptions clandestines de grossesse, surmontant de fortes résistances religieuses et sociales. L’avortement sera autorisé durant les quatre premiers mois de la grossesse si trois médecins attestent que le foetus est mentalement ou physiquement handicapé ou si la vie de la mère est menacée
12 juin 2005. Série d’attentats en Iran Quatre attentats à la bombe font au moins dix morts et une centaine de blessés à Téhéran et à Ahvaz, ville pétrolière située à 550 kilomètres au sud-ouest de Téhéran. Ahvaz est la capitale du Khouzestan, province partiellement arabophone qui a été le théâtre en avril 2005 de troubles ethniques. Ces violences interviennent à moins d’une semaine du premier tour de l’élection présidentielle iranienne
18 juin 2005. Election présidentielle en Iran L’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, modéré pragmatique, arrive de peu en tête de la présidentielle avec 21,10% suivi de près par l’ultra-conservateur maire de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad qui, contre toute attente, se classe deuxième avec 19,25%.Un second tour doit se tenir le 24 juin pour trancher cette élection, la plus incertaine de l’histoire de la République islamique. La participation de 62%, bien qu’ inférieure à 2001 (66,59%) reste cependant supérieure à ce que le désenchantement prêté à la population laissait envisager
IRAK
Janvier 2005. Déchaînement du terrorisme avant les élections en Irak
Des dizaines de personnes continuent à être victimes chaque jour de violences meurtrières et d’enlèvements dans l’ensemble de l’Irak. Les forces de l’ordre restent la principale cible des rebelles sunnites qui visent aussi les bureaux de vote et les responsables de la préparation du scrutin électoral. Parmi les victimes, le gouverneur de Bagdad est assassiné le 4 janvier et plus de 80 personnes sont tuées durant le seul week-end du 15-16 janvier. Une journaliste française, Florence Aubenas, est kidnappée avec son interprète le 5 janvier. Face à la généralisation des actes terroristes, le gouvernement annonce la mise en place d’un plan de sécurité drastique pour les élections du 30 janvier
Irak, 10 janvierdisparition de la journaliste française Florence Aubenas et de son guide Hussein Hanoun Al Saadi
Irak 30 janvier : Elections générales en Irak Quatorze millions d’Irakiens sont appelés à voter à ces premières élections multipartites depuis 1953, malgré les attentats-suicides et les attaques qui font une quarantaine de morts ce 30 janvier. Ils élisent les 275 députés de l’Assemblée nationale transitoire et les membres des 18 conseils de province. Les Kurdes votent aussi pour renouveler le parlement de leur région autonome. Ces élections sont marquées par une forte participation des chiites et des kurdes, marginalisés et persécutés sous le régime pro-sunnite de Saddam Hussein, alors que les sunnites boycottent le scrutin. La liste chiite de l’Alliance unifiée (LUI), soutenue par le grand ayatollah Ali Sistani, triomphe avec 48,1% des voix et 140 sièges sur 275. L’Alliance kurde formée par les deux principaux partis kurdes, le Parti démocrate du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et l’Union patriotique du Kurdistan (UPA) de Jalal Talabani, recueille 25,7% des voix et 75 sièges. La liste Al-Iraqioun du Premier ministre sortant, le chiite laïque Iyad Allaoui, obtient 13,8% des suffrages, soit 40 sièges. La liste du président sortant, le sunnite Ghazi al-Yaouar, arrive en 4ème position avec 1,7% des voix. Le taux de participation est de 59% des inscrits. L’Assemblée nationale transitoire issue des élections devra ensuite élire, à la majorité des deux tiers, le Conseil présidentiel composé du chef de l’Etat et de deux vice-présidents, qui à son tour nommera le prochain Premier ministre
3 février 2005. Rapport de la Commission Volcker sur le Programme de l’ONU "pétrole contre nourriture" en Irak Du nom de son président Paul Volcker, nommé par Kofi Annan en avril 2004, la Commission d’enquête indépendante (CEI) mise en place pour examiner les allégations de fraude et de corruption à l’encontre de fonctionnaires des Nations unies chargés de la gestion du programme "pétrole contre nourriture", remet un rapport préliminaire sévère, concluant à de nombreuses irrégularités dans les attributions de marchés et les procédures de contrôle. Le secrétaire général de l’ONU est ainsi amené à lancer le 7 février une procédure disciplinaire contre deux membres du personnel cités dans le rapport, dont le directeur du programme accusé d’avoir négocié avec le régime de Saddam Hussein l’attribution de quotas de pétrole. Le programme de l’ONU, dont le but était d’alléger l’impact des sanctions imposées à l’Irak par la communauté internationale sur la population, a permis à Bagdad de vendre du pétrole et d’acheter en échange des biens de consommation courante de 1996 à 2003
Février-mars 2005. Violences de la guérilla sunnite et entrée en fonction de l’Assemblée nationale provisoire en Irak La guérilla sunnite continue à multiplier les attentats faisant près de 450 morts durant cette période, notamment le 19 février contre la communauté chiite lors de la fête de l’Achoura (près de 100 tués sur l’ensemble du territoire), le 28 février à Hilla, au sud de Bagdad (118 tués et 133 blessés), le 10 mars à Mossoul contre des chiites (47 tués). Le 4 mars à Bagdad, la libération de la journaliste italienne Giuliana Sgrena, capturée depuis un mois, est endeuillée par la mort de son libérateur Nicola Calipari, agent italien des services spéciaux en Irak, tué par des tirs américains. En dépit du terrorisme quotidien, le 16 mars, les nouvelles institutions commencent à se mettre en place avec l’entrée en fonction officielle de l’Assemblée nationale transitoire élue démocratiquement le 30 janvier 2005. Le 28 mars, trois journalistes roumains sont pris en otages. Depuis un an, quelque 200 étrangers ont été enlevés
29 mars 2005. 2ème rapport d’enquête sur le programme de l’ONU "Pétrole contre nourriture" en Irak La commission Volcker qui a déjà rendu un premier rapport en février 2005, blanchit le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, d’éventuelles accusations de trafic d’influence dans l’attribution de contrats de l’ONU à une société employant son fils, dans le cadre de ce programme. Elle le critique en revanche pour ne pas s’être suffisamment assuré qu’il n’existait pas de conflit d’intérêt dans les liens de son fils avec cette entreprise, la Cotecna, société suisse sous contrat avec l’ONU et chargée d’inspecter les importations de marchandises en Irak
6 avril 2005. Election du Conseil présidentiel irakien Après de difficiles négociations sur la répartition des postes de l’exécutif, l’Assemblée nationale provisoire élit le kurde Jalal Talabani président de la République d’Irak, ainsi que les deux vice-présidents, le chiite Adel Abdel Mahdi et le sunnite Ghazi Al-Yaouar. Ils constituent le Conseil présidentiel qui nomme au poste de Premier ministre le chiite Ibrahim Al-Jaafari, chef du parti fondamentaliste Dawa, le 7 avril. Auparavant, le 3 avril, l’Assemblée nationale avait élu son président, le sunnite Hajem Al-Hassani
28 avril et 8 mai 2005. Approbation par le parlement irakien du nouveau gouvernement dirigé par Ibrahim Al-Jaafari Le 28 avril, le Parlement approuve la formation du gouvernement transitoire encore incomplet dirigé par le premier ministre chiite Ibrahim Al-Jaafari. Le 8 mai, le cabinet est complété et approuvé après de longues tractations pour satisfaire toutes les composantes religieuses et ethniques. Il se compose finalement de 18 chiites, vainqueurs des élections du 30 janvier 2005, 9 sunnites, 8 Kurdes et un chrétien. Cependant, le ministre sunnite des droits de l’homme met en difficulté le gouvernement en refusant son portefeuille ministériel quelques heures après sa nomination, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles négociations. Le 10 mai, le Parlement forme la Commission de rédaction de la Constitution permanente qui doit terminer sa tâche avant le 15 août 2005. Le texte sera soumis à référendum avant le 15 octobre, les élections générales étant prévues avant le 15 décembre 2005
Mai-juin 2005. Montée en puissance de la violence en Irak Depuis l’annonce fin avril de la formation du gouvernement transitoire à majorité chiite, la guérilla sunnite multiplie les attentats, visant les centres de recrutement de l’armée et les policiers. La recrudescence des tensions entre chiites et sunnites prend une ampleur inégalée après la découverte le 15 mai de 46 corps d’hommes sunnites dont 25 à Bagdad. Selon des statistiques officielles, le mois de mai est particulièrement sanglant avec 672 Irakiens tués (567 en avril, en augmentation de 50% par rapport à mars) et 1 174 blessés (668 en avril). Plus de 1 700 militaires américains sont morts depuis mars 2003. Dans ce climat constant de terreur, les enlèvements et les longues séquestrations d’otages irakiens et étrangers continuent sans répit malgré la libération, le 22 mai, des trois journalistes roumains et de leur guide et, le 11 juin, celle de la journaliste française Florence Aubenas et de son guide irakien Hussein Hanoun. En mai et juin, l’armée américaine lance des opérations massives, Matador et Lance, près de la frontière syrienne contre les combattants étrangers infiltrés dans cette région, et l’opération Eclair à partir du 29 mai à Bagdad avec 40 000 soldats américains et irakiens pour démanteler les réseaux de la guérilla sunnite qui préparent les attentats à la voiture piégée
12 juin 2005. Massoud Barzani est élu président du Kurdistan irakien Pour la première fois de son histoire, le Kurdistan irakien, région autonome depuis 1991, se dote d’un président, le kurde Massoud Barzani élu pour quatre ans à l’unanimité par le parlement kurde, issu comme le parlement irakien des élections du 30 janvier 2005. Massoud Barzani est le leader chiite du Parti démocratique kurde (PDK), jadis rival de Jalal Talabani, dirigeant de l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) auquel il s’est allié depuis la chute de Saddam Hussein en avril 2003 et dont il a soutenu l’élection à la présidence de l’Irak le 7 avril 2005
ARABIE ET PAYS DU GOLFE
Février-avril 2005. 1ères élections municipales en Arabie saoudite
Pour la première fois dans l’histoire du royaume, les Saoudiens élisent la moitié des membres des 178 conseils municipaux, l’autre moitié étant désignée par le pouvoir. Les islamistes modérés remportent une victoire écrasante au détriment des chefs de tribus et des hommes d’affaires, notamment dans la capitale Ryad, à Djeddah, La Mecque, Médine, Taëf. Le scrutin s’est déroulé en trois phases : le 10 février à Ryad et dans sa région, le 3 mars dans les provinces de l’est et du sud-ouest, le 21 avril dans les provinces du nord et de l’ouest où se situent La Mecque et Médine. Ce scrutin à portée limitée marque la première étape d’un long processus d’ouverture politique entamé par la monarchie conservatrice saoudienne qui, cette année, a cependant refusé aux femmes le droit d’être candidate et de voter
19 mars 2005. Attentat-suicide au Qatar L’attentat à la voiture piégée a lieu près d’une école britannique tuant un Britannique et faisant douze blessés. Il est revendiqué par un groupe islamiste inconnu, l’Organisation des soldats du Levant.
5 avril 2005. Conseil conjoint Union européenne-CCG (Conseil de coopération du Golfe) : Manama (Bahrein) Les partenaires décident d’élargir leur coopération au domaine politique
16 mai 2005. Les Koweïtiennes obtiennent le droit de vote et d’éligibilité
Le Parlement vote l’amendement de l’article 1er de la loi électorale, en discussion depuis plusieurs années, par 35 voix pour, 23 contre et une abstention. Le Koweït rejoint les trois des six monarchies du Golfe (Bahreïn, Oman et Qatar) où hommes et femmes bénéficient de ce droit, dont la portée est toutefois réduite par le caractère consultatif des organes élus qui sont dépourvus de pouvoirs réels. Pour la première fois, début juin, deux femmes sont nommées dans un conseil municipal et, le 12 juin, une femme devient ministre, Massouma Moubarak a qui sont confiés les portefeuilles du Plan et des Affaires administratives
7 avril 2005. Nouveau gouvernement en Jordanie dirigé par Adnane Badrane
Le nouveau Premier ministre, qui succède à Faisal al-Faiz démissionnaire, et les 25 membres de son gouvernement donnent la priorité à l’accélération des réformes politiques
SYRIE-LIBAN
19 octobre 2004. Accord d’association Union européenne - Syrie : Bruxelles
Mettant fin à des négociations menées par la Commission européenne et les autorités syriennes depuis 1998, cet accord est obtenu grâce à un consensus sur le litige concernant la non-prolifération des armes de destruction massive (ADM)
14 février 2005. Assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri : Beyrouth
Rafic Hariri est tué dans un attentat à la voiture piégée qui fait au moins 18 victimes, dont sept de ses gardes du corps, et 220 blessés. Il est revendiqué par un groupe islamiste inconnu, le "Groupe pour la victoire et la guerre sainte au Levant", qui lui reproche ses liens avec l’Arabie saoudite, tandis que la Syrie, maître de l’échiquier politique libanais depuis trente ans, est mise en cause par l’opposition libanaise. L’ex-Premier ministre, considéré comme le "père de la reconstruction" du Liban après la guerre civile (1975-1990), avait démissionné de son poste le 20 octobre 2004 en raison de ses divergences avec le président libanais pro-syrien Emile Lahoud. A la demande du Conseil de sécurité des Nations unies, une commission d’enquête internationale est constituée pour déterminer "les circonstances, les causes et les conséquences" de l’attentat
Février-avril 2005. Crise politique au Liban Le 28 février, le premier ministre Omar Karamé démissionne sous la pression de l’opposition et de dizaines de milliers de manifestants qui exigent la vérité sur l’assassinat le 14 février de l’ex-premier ministre Rafic Hariri ainsi que le retrait des quelque 14 000 soldats syriens stationnés sur le territoire libanais. Le 5 mars, le président syrien Bachar al-Assad annonce ce retrait en deux étapes dont la première s’effectue à partir du 8 mars alors que 400 000 personnes manifestent à Beyrouth leur soutien à la Syrie à l’appel des partis chiites Hezbollah et Amal. Le 10 mars, Omar Karamé est reconduit dans ses fonctions par le président Emile Lahoud et propose à l’opposition de former un gouvernement d’unité nationale. Cette dernière refuse et organise, le 14 mars à Beyrouth, une contre-manifestation réunissant près d’un million de personnes pour réclamer le départ du président libanais et des services de renseignements syriens installés au Liban. Les 19, 22 et 27 mars, trois attentats à la voiture piégée font deux victimes dans la banlieue chrétienne de Beyrouth. Le 29 mars, la Syrie annonce le retrait total de ses troupes avant les élections libanaises prévues pour la fin mai 2005. Dans l’impossibilité de former un gouvernement, Omar Karamé démissionne à nouveau le 14 avril. Le lendemain, il est remplacé par le pro-syrien modéré Nagib Miqati qui, obtenant un consensus de la classe politique, forme un gouvernement restreint le 19 avril chargé d’organiser les élections législatives
7 avril 2005. Création d’une commission d’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri, ancien premier ministre libanais Après la remise du rapport de la mission d’établissement des faits de l’ONU chargée d’enquêter sur l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005, ayant conclu que l’enquête menée par les autorités libanaises présentait de graves insuffisances, le Conseil de sécurité vote à l’unanimité la résolution 1595 mettant en place une enquête internationale indépendante
26 avril 2005. Fin de la présence militaire syrienne au Liban
Après 29 ans de présence militaire au Liban, la Syrie achève le retrait précipité de ses 14 000 soldats dont le départ avait débuté le 8 mars 2005 sous la pression de l’opposition libanaise, qui attribue au gouvernement pro-syrien et à la Syrie la responsabilité de l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais Rafic Hariri le 14 février 2005. Le départ de la Syrie a lieu aussi sous la pression de la communauté internationale qui exige l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 2 septembre 2004 demandant le retrait de toutes les troupes étrangères déployées sur le territoire libanais
5 mai 2005. Prorogation des sanctions américaines contre la Syrie Ces sanctions de nature économique ont été votées par le Congrès le 11 novembre 2003 en réaction à l’infiltration en Irak de terroristes passant par la Syrie et au développement par ce pays de programmes d’armement biologique et nucléaire. Elles sont reconduites malgré le retrait syrien du Liban
2 juin 2005. Assassinat du journaliste et opposant libanais Samir Kassir
Assassiné à Beyrouth dans un attentat à la voiture piégée, Samir Kassir était éditorialiste au quotidien arabophone libanais an-Nahar, professeur de sciences politiques et opposant à la tutelle de la Syrie sur le Liban qu’il dénonçait depuis une dizaine d’années. Son assassinat, survenant après celui de l’ex-premier ministre libanais Rafic Hariri le 14 février 2005 dont Samir Kassir partageait les positions anti-syriennes, provoque l’indignation de la population et de la communauté internationale. A la demande des autorités libanaises, des policiers américains et français participent à l’enquête sur ce meurtre. Un nouvel attentat à la voiture piégée a lieu à Beyrouth le 21 juin tuant George Hawi, ancien secrétaire général du Parti communiste libanais
19 juin 2005. Elections législatives au Liban Les élections s’effectuent en quatre étapes et, pour la première fois depuis 29 ans, en dehors du contrôle de la Syrie : le 29 mai à Beyrouth (en majorité musulmane), le 6 juin au Liban sud (fief chiite avec des poches chrétiennes), le 12 juin dans la région du Mont-Liban (en majorité chrétienne maronite avec un bastion druze) et de la plaine de la Békaa (à dominante sunnite et chiite), le 19 juin au Liban nord (en majorité musulmane). Les 128 sièges du Parlement sont à pourvoir, également répartis entre les deux communautés musulmane et chrétienne bien que l’électorat chrétien soit minoritaire. L’alliance de l’opposition anti-syrienne Courant du Futur, menée par le sunnite Saad Hariri, fils de l’ex-premier ministre Rafic Hariri assassiné le 14 février, remporte la majorité avec 72 sièges. Le chrétien anti-syrien Michel Aoun, revenu d’exil depuis cinq semaines et leader d’une coalition qui réunit cependant des personnalités pro-syriennes, obtient 21 sièges. L’alliance chiite pro-syrienne d’Amal et du Hezbollah dispose de 35 sièges. Le scrutin révèle l’ampleur des clivages confessionnels qui a désagrégé l’unité de l’opposition anti-syrienne réunie par la mort de Rafic Hariri et par l’exigence de la fin de la tutelle de la Syrie sur le Liban obtenue en avril 2005
ISRAEL-PALESTINE
11 novembre 2004. Décès de Yasser Arafat, président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, de son vrai nom Rahman Abdel Raouf Arafat El Qoud wa El Husseini, nom de guerre Abou Ammar, président de l’Autorité palestinienne depuis 1996, décède à Paris après y avoir été hospitalisé le 29 octobre 2004. Il est inhumé à Ramallah, en Cisjordanie, à proximité du palais de la Moukataa, en partie détruit, où il était reclus depuis 2001, encerclé par l’armée israélienne. Selon la Loi fondamentale palestinienne, des élections devront être organisées dans les soixante jours. Pendant la période transitoire, le pouvoir est partagé entre Rawhi Fattouh, actuel président du Parlement nommé président de l’Autorité palestinienne, Ahmed Qoreï, Premier Ministre, Mahmoud Abbas nommé chef de l’OLP (Organisation de la libération de la Palestine), dont Yasser Arafat était le chef depuis 1969
9 janvier 2005. Election du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen), candidat unique du Fatah, principal mouvement de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), est élu avec 62,32% des voix et succède à Yasser Arafat décédé le 11 novembre 2004. Il devance largement son principal rival Moustapha Barghouthi, candidat indépendant qui recueille 19,8% des suffrages, ainsi que les six autres candidats dont les scores sont très faibles : Tayssir Khaled, Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP, 3,5%), Bassam Salhi, Parti du peuple palestinien, ex-Parti communiste (2,69%), Abdelhalim Al-Ashqar, islamiste indépendant assigné à résidence aux Etats-Unis (2,68%), Sayyed Barakah, islamiste indépendant (1,27%), Abdelkarim Choubeir, indépendant (0,67%). Selon la Commission électorale centrale, 1,8 million de Palestiniens avaient le droit de participer au scrutin supervisé par des centaines d’observateurs internationaux, notamment de l’Union européenne
10 janvier 2005. Gouvernement de coalition formé par le Premier ministre israélien Ariel Sharon Aux termes d’un accord entre le Likoud (droite), parti du Premier ministre, le Parti travailliste (centre-gauche), parti de Shimon Pérès, et le parti ultra-orthodoxe du Judaïsme unifié de la Torah, Ariel Sharon forme un cabinet d’union nationale approuvé par la Knesset (Parlement israélien). La tâche prioritaire du gouvernement sera l’application d’ici fin 2005 du plan unilatéral de retrait des 8 000 colons israéliens installés dans la bande de Gaza
Palestine : 9 janvierMahmoud Abbas remporte l’élection présidentielle.
Conflit israélo-arabe : un officier français, employé par les Nations unies, a été tué par un obus autour des fermes de Chebaa, sud du Liban. Des avions israëliens et l’artillerie visaient de probables positions du Hezbollah.
Israël, Palestine : dans la même journée,
le nouveau gouvernement d’union nationale d’Ariel Sharon a été approuvé par le Parlement israélien,
Mahmoud Abbas, dont les objectifs sont la recherche de la paix et la lutte contre la corruption, a été déclaré élu président de l’Autorité palestinienne avec 66% des voix. Sharon et lui semblent affichés une volonté de renouer le dialogue.
22 janvier après le Hamas, deux autres organisations para-militaires ont négocié avec le président de l’OLP un cessez-le-feu conditionnel envers Israël « si les incursions et les opérations militaires israéliennes cessaient ».
8 février 2005. Reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens : Charm el-Cheikh (Egypte) Sous l’égide du président égyptien Hosni Moubarak et du souverain jordanien Abdallah II, le sommet de Charm el-Cheikh réunit le Premier ministre israélien Ariel Sharon et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour la première fois depuis le début de la deuxième Intifada en septembre 2000. Les deux dirigeants proclament solennellement la fin de plus de quatre ans de violences, mettant un terme à l’Intifada et aux opérations de l’armée israélienne dans les territoires occupés. Les Israéliens doivent lever les barrages routiers vers les Territoires palestiniens et, d’ici à trois semaines, rétrocéder aux forces palestiniennes le contrôle de cinq villes de Cisjordanie (Ramallah, Jéricho, Bethléem, Tulkarem et Kalkiliya). 900 prisonniers palestiniens, sur les 8 500 détenus dans les prisons israéliennes, seront libérés, soit 500 immédiatement. La reprise des relations officielles entre les deux parties laisse augurer d’une relance du processus de paix, espoir cependant tempéré par les heurts d’Ariel Sharon et de Mahmoud Abbas avec leurs oppositions respectives
24 février 2005. Nouveau gouvernement palestinien dirigé par Ahmad Qoreï
Le Parlement vote l’investiture du gouvernement formé par Ahmad Qoreï qui a été contraint d’y faire entrer des réformateurs au dépens de responsables politiques corrompus. Le Premier ministre avait été confirmé dans ses fonctions par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas après son élection le 9 janvier 2005
25 février 2005. Attentat-suicide palestinien en Israël : Tel-Aviv L’attentat tue cinq Israéliens, de même que le kamikaze palestinien, et fait au moins quarante blessés. Il intervient deux semaines après le sommet de Charm El-Cheikh, le 8 février, qui annonçait la fin des hostilités entre Israéliens et Palestiniens et une reprise du dialogue, lequel est suspendu par Israël en raison de l’attentat
1er mars 2005. Conférence internationale sur les réformes palestiniennes : Londres
Organisée à l’initiative du Premier ministre britannique Tony Blair, la conférence de Londres réunit le président palestinien Mahmoud Abbas, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, la secrétaire d’Etat américaine Condolezza Rice, le Haut représentant de l’Union européenne Javier Solana, le FMI et la Banque mondiale ainsi que 25 ministres des affaires étrangères. Les Israéliens ne sont pas présents. L’objectif est d’encourager l’Autorité palestinienne sur la voie des réformes pour la rendre crédible en vue d’une relance de la "feuille de route", plan de paix international entre Israéliens et Palestiniens, annoncé en juin 2003 et resté sans suite. Pour y parvenir, Mahmoud Abbas s’engage à réaliser un ambitieux programme de réformes politiques, judiciaires, sécuritaires et économiques. De son côté, la communauté internationale s’engage à soutenir financièrement ce programme. Elle rappelle également à Israël ses obligations conformément à la "feuille de route", qui prévoit la création d’un Etat palestinien fin 2005. Celles-ci concernent en particulier le retrait de Gaza, les colonies israéliennes en Cisjordanie, la levée du blocus économique et des restrictions de circulation des personnes et des biens
Mars 2005. Transfert du contrôle des villes de Jéricho et Tulkarem aux Palestiniens
La rétrocession aux forces palestiniennes du contrôle sécuritaire de cinq villes de Cisjordanie débute par la levée progressive des barrages israéliens le 17 mars à Jéricho et le 21 mars à Tulkarem. Ce transfert s’effectue à la suite de l’accord israélo-palestinien conclu à Charm El-Cheikh le 8 février 2005. Les négociations, fragilisées par un attentat palestinien le 25 février et l’assassinat par l’armée israélienne d’un extrémiste palestinien le 10 mars, se poursuivent néanmoins pour Kalkiliya, Bethléem et Ramallah. Par ailleurs, le 17 mars, l’Autorité palestinienne et treize factions palestiniennes réunies au Caire s’engagent à prolonger "l’atmosphère d’accalmie régnant actuellement" jusqu’à la fin de l’année 2005 à condition notamment qu’Israël cesse ses "agressions". En effet, une baisse très importante du nombre de victimes de part et d’autre est constatée depuis janvier 2005