Le projet "Multimédia Pédagogique Interactif", réponse de la Ligue Française de l'Enseignement et de l'Education Permanente (LFEEP) à l'appel à propositions gouvernemental relatif aux autoroutes de l'information figure parmi les 49 propositions retenues et labellisées "expérimentations d'intérêt public".
Le projet "Employ" est la réponse de six organismes européens et de deux industriels à l'appel d'offres TELEMATICS de la Commission de l'Union Européenne (DG XIII). Le projet, qui a démarré le 2 janvier 1996, reçoit un financement communautaire de 1,738 Mécus sur trois ans.
Ces projets visent à utiliser, à des fins pédagogiques, les possibilités offertes par les réseaux de télécommunication. Il ne s'agit pas des énièmes expérimentations tentant d'identifier les capacités pédagogiques des outils en réseaux. De nombreux acquis existent en ce domaine. Il s'agit plutôt, à partir de quelques sites-pilote, et d'une stratégie basée sur l'essaimage, de promouvoir progressivement la généralisation de leur usage par les publics de l'éducation et de la formation.
En France, sur plus d'un million d'enseignants, d'éducateurs et de formateurs, il sera toujours possible d'identifier quelques milliers de fanatiques de l'informatique. Ils sont malheureusement loin d'être représentatifs de l'ensemble. Dans sa grande majorité ce public nourrit encore une tenace appréhension à l'égard des nouvelles technologies. Dans le primaire, l'échec du plan "Informatique pour Tous", a laissé quelques souvenirs amers à bon nombre d'enseignants.
Mais les choses évoluent, certes lentement, mais sûrement. Les outils ont considérablement progressé. Leur ergonomie, notamment logicielle, est maintenant si avancée que personne ne songe plus à demander à des enseignants d'apprendre à programmer...
Le Ministère de l'Education Nationale a su, pour sa part, fédérer les énergies, grâce à la promotion d'actions basées généralement sur le volontariat. Du fait des lois de décentralisation, les coopérations qu'il a engagées avec les Collectivités Locales se sont avérées fructueuses.
De nombreuses expériences positives ont maintenant contribué à améliorer l'image des nouvelles technologies aux yeux des enseignants.
Les nouvelles générations d'enseignants, d'éducateurs et de formateurs, éprouvent beaucoup moins de réticences que leurs aînés. Enfin, la pression sociale devient telle, qu'elle finit par motiver même les plus réfractaires: les enseignants vivent mal, par exemple, de découvrir des compétences chez leurs élèves, qu'ils ne possèdent pas eux mêmes.
Quant à la pression médiatique, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle est devenue aussi constante qu'intense. Elle contribue à convaincre de la nécessité d'utiliser les nouveaux médias (sons, images fixes ou animées) pour structurer la pensée des jeunes, au même titre que le média inventé par Gutenberg.
Le réseau universitaire et scientifique RENATER pourrait éventuellement jouer un rôle, mais il n'atteindra vraisemblablement jamais l'ensemble des établissements scolaires. Il risque ainsi de conforter l'inégalité d'accès aux nouveaux outils de la connaissance.
La mode qui préconise l'attente de la déréglementation des télécommunications en rêvant d'un monde meilleur pour l'usager, risque d'engendrer de cruelles déconvenues. Plus précisément, on voit mal ce que, par exemple, le service public de l'éducation pourrait attendre de British Telecom, d'ATT ou de Microsoft.
Il semble plus réaliste de coopérer étroitement avec l'opérateur national, favorisant ainsi la qualité de son offre vis à vis des jeunes (ses futurs clients) et sa qualification sur son marché intérieur.
L'enjeu industriel de ce nouveau marché du système carte à puce, explique le partenariat engagé par GEMPLUS avec les projets français et européens de l'ADICE. Un partenariat avec CARTE JEUNE SA est actuellement envisagé pour la distribution des cartes.
Une carte limitée à l'autorisation d'accès est utilisée dès l'ouverture des sites. Les différentes fonctionnalités du système carte à puce seront progressivement élaborées au cours des expérimentations.
La définition des différents services sera précisée ou élaborée au cours des 3 années d'expérimentation.
Les conditions et hypothèses de départ sont les suivantes :
Le réseau sera animé par ses gestionnaires. Il accueillera des fournisseurs de services, quel que soit leur statut (société, association, enseignant, particulier, etc.). Une charte permettra de réguler les offres de services ou de produits, et de conserver le caractère dédié exclusivement à la pédagogie de ce réseau.
Les utilisateurs du réseau pourront, en respectant la charte, devenir eux même producteurs de services (cours, formation, informations, soutien scolaire, etc.). A terme, le code de la carte à puce orientera directement l'usager vers les services adaptés à son niveau.
En ce qui concerne les cours, la formation professionnelle et le soutien scolaire, le système TELESITE de tutorat à distance, présenté par MEDIACONCEPT (Groupe FRANCE TELECOM) constituera une des ossatures du réseau.
Ce système valorise et structure l'action pédagogique de l'enseignant ou du formateur. Il semble particulièrement adapté aux besoins et pourra évoluer en tenant compte des expérimentations.
Son utilisation pour le programme Employ nécessite sa traduction en anglais, allemand et espagnol. MEDIACONCEPT est partenaire des projets français et européens de l'ADICE.
La première consiste à constater les coûts de l'offre actuelle des fournisseurs (opérateurs, constructeurs, développeurs etc.), et à vérifier que les futurs usagers pourront s'y adapter.
Cette logique conduit immédiatement à l'impasse : n'importe quel enseignant, formateur, ou élu d'une collectivité locale est en mesure de calculer l'écart coût de l'offre-budget des utilisateurs en années-lumière...
La seconde, plus pragmatique, étudie d'abord les possibilités budgétaires des futurs clients, puis explore, en tenant compte de la rapidité de l'évolution des coûts, les réponses appropriées susceptibles de présenter un intérêt pour les fournisseurs.
Il semble plus conforme aux lois générales du marché concurrentiel que le fournisseur s'adapte à son client, plutôt que l'inverse.
Le projet de Réseau Pédagogique se conforme strictement à cette logique budgétaire.
Des discussions engagées avec les collectivités concernées par le démarrage du projet, notamment celles qui soutiennent le site-pilote situé à La Rochelle, il ressort que le coût d'une carte annuelle ne doit, pour l'instant, pas excéder 1000 Francs T.T.C. par classe et permettre de se connecter environ 50 heures.
Ces premières données sont confirmées par les enseignants consultés. Ils précisent souvent qu'en regard du faible montant des sommes allouées pour le fonctionnement pédagogique de leur classe, ils vivraient assez mal que des dépenses plus importantes soient consenties au profit d'un besoin qu'ils n'ont pas encore totalement identifié.
D'autres impératifs se dégagent des premiers contacts : Les exigences d'égalité d'accès aux connaissances, imposent au futur réseau un coût d'utilisation identique, quel que soit la situation géographique de l'établissement, sous peine d'être combattu par les enseignants (l'accès à Internet en tarif local, sur tout le territoire national est annoncé par FRANCE TELECOM pour le 15 mars 1996).
Le paiement de la communication téléphonique et du contenu par la carte à puce, financée par un budget pédagogique simplifie la gestion et présente l'avantage de rassurer les élus quant à la maîtrise des dépenses (impossibilité de dépassement de budget).
Des cartes à différents prix, donc à différentes capacités doivent être prévues.
Il est probable que le paiement par carte rassure les parents, surtout ceux qui craignent les débordements rencontrés avec l'utilisation du Minitel.
Les expérimentations prévues permettront de valider (ou d'infirmer) cette hypothèse. Elles permettront aussi d'évaluer plus précisément la consommation de cartes, la formation étant naturellement chronophage.
Le réseau pédagogique vise une population à budget microscopique, mais cette population se compte en millions.
Les expérimentations prévues permettront de préciser la validité du concept, la répartition des recettes et les accords à prévoir entre les différents promoteurs du réseau.
Pendant les trois années d'expérimentation, les flux resteront limités.
Huit sites expérimentaux sont actuellement prévus en France pour accueillir des classes de découverte du multimédia communicant.
Le site de Nîmes est déjà ouvert mais n'est pas encore communicant, celui de La Rochelle est en cours d'ouverture, les suivants sont prévus courant 96 (cf projet Multimédia Pédagogique Interactif).
En admettant que chaque centre initie 35 classes par an, la croissance annuelle du nombre de classes connectées s'établit à 280 classes. A ce rythme, il faut attendre environ 230 ans pour que toutes les classes primaires françaises aient bénéficié d'une initiation. Mais rappelons qu'il s'agit d'abord d'une phase expérimentale et qu'il est possible, de multiplier les sites d'initiation et le nombre de salles par site.
Le site rochelais accueillera une population élargie aux étudiants, ainsi qu'aux jeunes et adultes en formation (la connexion aux 60 centres de formation de la Ligue de l'Enseignement est envisagée, à terme).
Le prix horaire des communications facturées par l'opérateur au gestionnaire du réseau doit tenir compte :
Les trois prochaines années, consacrées aux expérimentations, pourront être utilement mises à profit pour valider les hypothèses de départ et préciser l'architecture et la structure économique du futur réseau.
Son coût de raccordement, d'abonnement et de communication, est plutôt prévu pour des sociétés générant de gros débits à partir de quelques sites, plutôt que pour des millions de petits usagers.
Les projets de l'ADICE prévoient, pour l'instant, d'utiliser ce réseau, en limitant l'expérimentation à la formation professionnelle et aux échanges européens (EMPLOY).
Les expérimentations conduiront, sans a priori, à s'interroger sur la place que pourrait occuper le RNIS dans le dispositif "réseau pédagogique". Il est évidemment souhaitable que les réflexions soient menées en étroite coopération avec l'opérateur national et ses homologues européens (l'ADICE participe aux travaux de FORUM ACE 2000).
Mais sa proximité des deux premiers sites expérimentaux de la Ligue (La Rochelle et Nîmes) permet d'envisager un raccordement pour préciser les points de convergence.
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