(Fable sur les constantes de temps pour la régulation des grands réseaux, à la manière de La Fontaine)
Les lièvres qui se cherchent un roi
Les herbages au printemps embaument
De serpolet, sainfoin et primevère
Où maîtres lièvres point ne chôment
Avec leur hases au nez en l'air
Souvent couplés. Le sort voulut pourtant
Qu'un beau matin, la gent levresque se réveillant
Voulut un roi. Pourquoi donc? Mystère
Or cette gent craintive à l'éléphant voulut
Confier la protection de ses prés et talus.
La bête était placide, et tout se passait bien
Mais un soir un renard lui fila sous les pattes
Et sans qu'elle y vît rien
De Jeannot le levraut eût tôt fait ses agapes
Et lièvres de rugir
Cet éléphant est lent, il nous faut en finir!
Ils élurent une chèvre. Et voilà tôt leur yeuse
Tondue par l'animal à la langue rapeuse
De thym, de tréfle, point, ils n'avaient pour pitances
Que quelques ronces maigres aux épines en lances
Y laissaient leur fourrure, oubliaient leurs ébats.
Eux d'invoquer Jupin. Le monarque des dieux leur expédie un rat
Celui-ci va, s'agite,
Se tourne et précipite
Ronge ici, ronge là, fait mine de tout voir
Las! Son odeur attire un grand mâtin fort noir
Qui d'un coup vous l'avale, et mis en appétit
Donne aussitôt la chasse au lièvre et son petit
Croque l'un, croque l'autre, tant et si bien qu'au soir
Aucun lièvre en la prée se se pouvait plus voir
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Frères humains, craignez l'agitation fébrile
De rats par trop habiles
Mais à la vue fort basse, et aux trop courtes pattes
Redoutez bien aussi que pour prix de ses cornes
De l'Amalthée goulue l'avidité sans bornes
Vous prive de pitance
Quant au pauvre éléphant, sans doute ne pourra-t-il
Contre tous les dangers toujours vous prémunir
Mais son barrissement demeure bien utile
Qui plus d'un importun saura sans foin faire fuir.
(l'auteur de ce pastiche a souhaité rester anonyme)