(Last update : Wed, 1 Sep 1999)
[ Internet et PME ]
4.1.3.1.2
Réinventer une fonction kiosque au profit des éditeurs et des marchands: Telco, Portails ou Banques?
On a
tendance à assimiler "Kiosque" à "facturation à la
durée", or ce n'est pas là que se trouve le réel atout de
ce moyen de paiement, celles qu'il convient de préserver car elles
continuent à répondre à un véritable besoin
pour le client :
- anonymat
- simplicité
- paiement global inclus dans une facture d'un abonnement à un
service déjà souscrit par ailleurs
- transparence de la facturation
- une certaine forme de certification de l'existence et de la
qualité du fournisseur
- possibilité de microfacturation essentiellement
intéressant pour acheter des informations à l'unité sans
abonnement
pour l'éditeur ou le marchand
- sécurité du paiement procuré par
l'opérateur intermédiaire
- absence de coûts de facturation, de recouvrement et de
contentieux lui permettant de se concentrer sur son métier
L'opérateur intermédiaire joue véritablement le
rôle d'un "tiers de confiance". En outre il permet des gains
substantiels sur le coût administratif de la transaction qui sans lui
serait rédhibitoire
Dans le domaine de la vente d'information, la facturation à la
durée est par contre, sauf exception, un véritable contresens
: plus le service est lent et de mauvaise qualité, plus la facture
est élevée ! la facturation doit se faire en fonction
du service rendu (à l'unité, au forfait, au volume , ...et
seulement dans de rares cas au temps)
Aujourd'hui vous avez le choix: pour acheter le Monde en formule
kiosque: vous pouvez le payer à la pièce par wanadoo
(5F) ou à la minute par France Explorer (2,23F la minute),
formule qui ne saurait être recommandée que pour les adeptes de la
lecture rapide...
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- Un besoin vital pour certains Editeurs
l'information n'a pas de prix mais elle a un coût
- celui-ci peut être couvert par la publicité : ceci
concerne quelques sites recevant de nombreuses visites comme les moteurs de
recherche. L'information peut alors être fournie gratuitement.
- le site peut être un site commercial riche en information (soft
selling) l'information est là aussi gratuite et son coût est
couvert par les marges sur les ventes ou le budget communication
de l'entreprise (gain de notoriété)
- mais il peut s'agir aussi d'information très
spécialisée, onéreuse à élaborer et qui
ne peut être financée que par sa vente (Banque de
données, oeuvre musicale, encyclopédie,...). Il faut alors
retrouver sur le Net un service offrant les atouts du Kiosque
Le Kiosque minitel, jouant le rôle d'une vaste librairie
virtuelle, a permis l'émergence d'une importante profession
d'édition électronique qui, nous a-t-on dit, n'avait pas
jusqu'à une période récente son équivalent à
l'étranger, même aux Etats Unis : c'est pour notre pays une
richesse économique et culturelle dont il convient de préserver
les capacités de développement.
A partir de 1997 il semble qu'il faille employer l'imparfait : selon Michel
Ktitareff correspondant des Echos en Californie la plupart des journaux
(quotidiens, hebdomadaires, mensuels, ...), généralistes
ou spécialisés, ont déjà placé l'essentiel
de leur contenu sur le Net - en général gratuitement - mais un
tiers d'entre eux environ en ont déjà fait une activité
rentable, le seuil des 50 % devrait être atteint à la fin de cette
année.
- Mais c'est aussi un besoin pour les Marchands vendant des biens d'un
faible coût unitaire
Qui, à l'avenir, pourra offrir ces deux atouts ?
1. Les opérateurs de télécommunications (et les
fournisseurs d'accès Internet avec lesquels les frontières
s'estompent : Worldcom qui a lancé une gigantesque OPA de 30
milliards de dollars sur MCI vient de racheter, le 21 octobre 1997,
Iway, fournisseur d' accès Internet de notre ministère)
E-Charge
www.echarge.com
développé au départ sous l'impulsion des "sites pour
adultes" reporte le montant de la facture sur celle du téléphone
SEL distributeur de jeu utilise le...3617SEL! et vous demande de
vous connecter le temps adéquat pour régler votre achat: Au lieu
de transformer le temps en argent c'est le processus inverse qui est mis en
oeuvre!
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Mais cela implique des accords mondiaux entre opérateurs pour la
répercussion des factures jusqu'au client final.
Par ailleurs on peut se demander si les "transporteurs" sont les mieux
placés pour jouer le rôle de libraires
La déréglementation actuelle va augmenter encore la
complexité de ce problème mais en même temps elle rend les
opérateurs plus imaginatifs.
De La Rue Card System essaye de convaincre les fabricants de
téléphones portables de prévoir une "seconde fente" pour y
glisser une carte faisant office de portefeuille électronique.
Itinéris teste un tel service où le portable se transforme
en Terminal de Paiement par carte de crédit chez les commerçants
avec "Iti-Achat"
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L'accès internet dit "gratuit" n'est autre qu'une formule Kiosque
quand une partie de son coût est financé par le reversement de
l'opérateur télécom,
D'ailleurs on trouve l'opérateur de nouvelle génération
Colt derrière les initiatives de X-Stream,
WorldOnline, Lokace infonie et free.fr
C'est également le cas de freesbee (créé par
None Networks
www.none.net) qui a
acheté des milliards de minutes à France Télécom,
négociées au prix de gros et qui facture les communications
à ses abonnés
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Mais les Finlandais, sautant cette étape, vont un cran plus loin :
Dans ce pays vous pouvez avec votre téléphone portable
actionner toute une série de distributeurs automatiques (distributeur de
boissons, laveur de voitures, juke box, ...) et le coût est
directement imputé sur votre facture
téléphonique.
Vous téléphonez à 1 mètre de distance de votre
"interlocuteur" le téléphone portable ne sert ...
qu'à la facturation.
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2. sites portails, principales portes d'entrée sur le web (AOL,
Yahoo !, Netscape, Lycos...)
Les 4 ou 5 plus importants couvrent à eux seuls plus de la moitié
du marché mondial et seraient en mesure de remplir cette fonction sans
difficulté : ils sont en quelque sorte dans la situation des kiosques
des halls des grandes gares qui voient passer un grand nombre de voyageurs en
transit vers d'autres lieux.
AOL revendiquait au printemps 99 plus d'abonnés -
19 millions d'utilisateurs payants en mai 99 - que les dix
principaux journaux américains réunis, (13 millions).
En 1998 près de 20 % de tous les achats en ligne ont
été générés par les 4 leaders : AOL (8
%) Yahoo ! (4 %) Netscape (3 %) Excite (3 %).
Cela représente 2 milliards de dollars sur le seul premier trimestre 99
pour les cybercommerçants liés à AOL (+ 50 % sur
98).
AOL pourrait sans difficultés regrouper les factures des achats
effectués par son canal et les prélever sur les comptes de ses
clients chaque mois en sus de l'abonnement.
Début 1999 AOL-Compuserve France met en place le système
Cobra : l'internaute-abonné paye ses menus achats, directement
sur sa facture compuserve qui se charge de sécuriser les transactions
Le 7 avril 1999 il a annoncé le lancement de la chaîne
"shopping"
- il garantit la sécurité des transactions
électroniques au marchand
- il garantit qualité de l'information et du service
clientèle et délais de livraison au consommateur.
Yahoo! Ouvre un "compte yahoo!" Aux abonnés de sa messagerie
gratuite qu'il utilise en particulier pour ses ventes aux enchères
Lycos a lancé dans cette logique une carte de crédit, et
grâce à un partenariat avec Bank One il est capable d'accorder des
crédits à la consommation de façon quasi
instantanée
Aujourd'hui Wanadoo offre la possibilité de régler un
certain nombre d'achats par son intermédiaire, comme l'achat du Monde ou
la consultation dune annonce sur Cadremploi
www.cadremploi.fr ,
Club-internet a annoncé qu'il allait faire de même et
Freesbee nouveau fournisseur d'accès gratuit (mais qui facture
les minutes de communication locales qu'il a achetées en gros à
France Télécom) se propose de se positionner sur cette fonction
"kiosque"
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Si cette hypothèse se concrétise et cela semble être le cas
en 1999 la concentration dans cette profession devrait encore
s'accélérer : les Portails pourraient jouer tout naturellement ce
rôle de "libraire" d'Internet alors que les opérateurs
Télécom se cantonneraient dans leur fonction de
transporteurs.
on peut par contre s'interroger sur l'intérêt pour eux d'exercer
en propre, comme ils le font parfois encore actuellement, le métier
d'éditeur
L'échec du journal produit par Microsoft, Slate
www.slate.com malgré des
moyens considérables, est un exemple de la difficulté qu'il y a
à exercer avec un égal bonheur des métiers aussi
différents.
Yahoo! qui semble faire montre de plus de succès s'interdit de
produire quoi que ce soit: Yahoo! diffuse ce qui lui permet de rester
innovant...et svelte: 600 personnes (moins que l'équipe de
lawyers de Microsoft!)
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La sortie de MSIX, nouveau protocole de facturation de services
www.msix.org est candidat pour
être l'outil de cette évolution
On pourrait aussi imaginer dans ce cadre une facturation type "SACEM",
forfaitaire pour le client dans une gamme de services et une
rémunération des éditeurs au prorata des consultations.
Ces ISP exerceraient alors un métier de "bibliothécaire".
La rémunération de ces portails pourrait se faire davantage par
le biais de cette fonction kiosque et par le reversement de l'opérateur
de Telecom (qui doit lui rétrocéder une partie de la facture de
téléphone) que par le biais d'une facturation du service de l'ISP.
On s'orienterait alors vers la généralisation de l'Internet
"gratuit" (qui en fait est loin d'être gratuit puisqu'en France comme
dans plusieurs autres pays européens les communications locales sont
encore particulièrement onéreuses).
3. Les banques ?
À travers les groupements de cartes bancaires, elles pourraient offrir
ce service avec la formule du "porte-monnaie virtuel" permettant des
micropaiements multidevises qui répond parfaitement aux
fonctionnalités qui ont fait le succès du kiosque telles que
décrites ci-dessus
Kle-line
http://www.kleline.com filiale de
Bnp-Paribas, même si son ergonomie au départ ne recueillait pas
encore tous les suffrages, revendiquait à l'été 1999 300
marchands dont 60% à l'étranger et 35 000 transactions par mois.
pour un montant de 28 MF
Cybercash, qui se développe au niveau mondial (sauf en France
à cause de la réglementation sur le cryptage encore
récemment en vigueur) indique que le coût d'une transaction
réalisée par le moyen d'un porte-monnaie virtuel est de 0.10$+4%
du prix facturé : dans ces conditions la facture minimum est de 0.25$ ce
qui correspond à des "mini-paiements" (1 à 100$) plus qu'à
des micro-paiements (quelques centimes)
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La concurrence dans ce domaine va s'exercer non au sein d'une profession mais
entre trois grandes professions du recouvrement de facture
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Comme le dit de façon très pertinente une publicité
américaine : "it makes cents"
Pour la vente au numéro, Le Monde vous offre le choix entre la
solution Banque (Kleline) le système kiosque
à la minute (France Explorer 2,23 F/minute) ou la
facturation kiosque "à la pièce" via un portail
(Wanadoo).
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