HISTORIQUE
Après l'accident de Tchernobyl, il est
apparu nécessaire de faciliter la
compréhension mutuelle des techniciens
et de l'opinion publique par un
classement simple de la gravité des
incidents et des accidents nucléaires.
Une échelle de gravité a donc été mise
au point en France, à la demande du
CSSIN, par un groupe de spécialistes de
la sûreté et de journalistes. Elle a été
utilisée depuis 1988 pour les événements
survenant dans les réacteurs et depuis
1989 dans les laboratoires et usines.
L'échelle de gravité française a suscité
un vif intérêt au plan international et,
en 1990, l'Agence pour l'énergie
nucléaire de l'OCDE et l'Agence
Internationale de l'Energie Atomique
(AIEA) ont décidé de mettre en place une
échelle internationale des événements
nucléaires, INES (International Nuclear
Event Scale), inspirée de l'échelle
française.
La Direction de la Sûreté des
Installations Nucléaires (DSIN), qui est
responsable du classement des incidents
survenant en France sur les
installations qu'elle contrôle a décidé
d'appliquer, à partir de mars 1994
l'échelle internationale INES. L'AIEA
souhaite que l'INES soit également
appliquée aux transports et à toute
installation comportant des matières
radioactives.
L'échelle INES est appliquée en France
depuis le 4 avril 1994.
COMPARAISON AVEC L'ECHELLE FRANCAISE.
INES ne diffère pas, dans ses principes,
de l'échelle française :
- 1/
C'est un outil de communication et non
d'analyse ou d'évaluation de sûreté,
- 2/
Seuls les événements ayant un impact
sur la sûreté nucléaire relèvent de
cette échelle,
- 3/
Le classement s'effectue en fonction de trois critères :
- conséquences à l'extérieur du site,
- conséquences à l'intérieur du site,
- dégradation des lignes de défense.
Les différences concernent principalement :
1/
- le nombre de niveaux de gravité :
- l'échelle française en comportant 6,
- l'échelle internationale en comporte 7,
- 2/
la non-prise en compte, par INES, du
risque chimique,
- 3/
la répartition des événements de
faible importance entre les niveaux 1
et zéro.
Une comparaison, pour ces incidents, des
classements donnés par l'échelle
française et par l'échelle INES a été
faite en 1993, notamment pour les
réacteurs. On estime que le nombre
d'incidents classés au niveau 1 de
l'échelle INES serait de 30% inférieur à
celui de l'échelle française.
En revanche, les critères de déclaration
à l'autorité de sûreté des événements
(plusieurs milliers par an) et incidents
significatifs (environ 500 par an)
restent évidemment inchangés.
Ces 500 incidents significatifs
continuent à faire l'objet d'analyse aux
fins de retour d'expérience, y compris
ceux qui sont classés au niveau zéro.
MODE D'EMPLOI
L'échelle INES est graduée de 1 à 7. Les
accidents les plus graves sont en haut
(niveau 7) ; les incidents les moins
importants sont en bas (niveau 1).
Les événements dont l'importance du
point de vue de la sûreté est minime
peuvent être signalés avec la mention
"en dessous de l'échelle" : c'est le
niveau zéro. Ceux qui ne concernent pas
la sûreté nucléaire peuvent être
signalés avec la mention "hors échelle".
Niveau
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Description
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Exemples
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Niveau 1
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Anomalie, sortie du régime de
fonctionnement autorisé pour cause de
défaillance de matériel, d'erreur
humaine ou d'insuffisances dans les
procédures.
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Niveau 2
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Incidents assortis de
défaillances importantes des
dispositions de sûreté et/ou contamination importante ou surexposition d'un
travailleur.
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Niveau 3
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Incident grave répondant à
l'un ou plusieurs des critères
suivants :
- accident évité de peu/perte des barrières,
- contamination grave/effets aigus sur la santé d'un travailleur,
- très faible rejet à l'extérieur/exposition du public représentant une fraction des limites réglementaires.
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En France :
- incendie d'un silo à la Hague (1981).
A l'étranger :
- perte totale d'alimentation électrique à la centrale indienne de Narora (1993),
- explosion d'une cuve à Tomsk en Russie (1993).
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Niveau 4
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Accident n'entraînant pas de
risque important hors du site, répondant
à l'un ou plusieurs des critères
suivants :
- endommagement important du coeur du réacteur, des barrières radiologiques, exposition létale d'un travailleur,
- rejet mineur, exposition du public de l'ordre des limites réglementaires.
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En France :
- endommagement du coeur du réacteur A de Saint-Laurent (1980).
A l'étranger :
- réaction exothermique dans une cuve de l'usine de retraitement de Sellafield (1973),
- excursion de puissance, avec décès de l'opérateur, dans un assemblage critique à Buenos-Aires (1983).
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Niveau 5
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Accident entraînant un risque
hors du site, relevant de l'un ou
l'autre des critères suivants :
- endommagement grave du coeur du réacteur, des barrières radiologiques
- rejet limité, susceptible d'exiger, l'application partielle de contre- mesures sanitaires.
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En France :
- Il n'y a pas eu d'accident de niveau 5.
A l'étranger :
- Three Mile Island (1979),
- Réacteur de Windscale en Grande-Bretagne (1957).
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Niveau 6
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Accident grave, avec rejet
important hors du site, susceptible
d'exiger l'application intégrale des
contre-mesures sanitaires prévues.
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En France :
- Il n'y a pas eu d'accident de niveau 6.
A l'étranger :
- Le seul accident de niveau 6 connu est celui de l'usine de retraitement de Kyshtym, en Russie (1957).
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Niveau 7
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Acccident majeur, avec rejet
majeur hors site et effets étendus sur
la santé et l'environnement.
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En France :
- Il n'y a pas eu d'accident de niveau 7.
A l'étranger :
- Le seul accident de niveau 7 survenu dans le monde est celui de Tchernobyl (1986).
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