RAPPORT SUR L'ACTIVITÉ
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T. GAUDIN
Innovation et coopération industrielle dans les projets de recherche
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Par lettre du 29 mai 1997, le Ministre a demandé au Conseil Général des Mines une étude sur la coopération industrielle dans les projets de recherche. Cette mission, confirmée par le nouveau gouvernement, a donné lieu à un rapport, élaboré par lingénieur général Gaudin, dabord soumis à lexamen de la nouvelle section commune CGM-CGTI «innovation et entreprises», puis remis au Ministre en juin 1998.
Le résultat essentiel de ce travail est que le contexte international de la coopération inter-entreprises a profondément évolué dans les années 80 et 90. Les alliances stratégiques pour la mise au point de nouvelles technologies étaient autrefois lexception. Elles se sont généralisées, dabord dans les NTI (nouvelles technologies de linformation), puis dans les autres secteurs, et sont devenues presque systématiquement transfrontalières.
Les économistes, dabord surpris par ce phénomène, en ont fait un sujet de recherche central dans les années 90, considérant quil sagissait là dun nouveau mode de relation inter-entreprises : ni la concurrence, ni la vassalisation. Ce nouveau mode paraît lié à un autre phénomène, la «course à linnovation». En quelque sorte, pour aller le plus vite possible, les entreprises surmontent leurs anciennes rivalités et trouvent des modalités daccord avec, si possible, les alliés les plus compétents, donc les plus rapides, à léchelle mondiale.
Il sensuit que la tendance, bien compréhensible, des administrations à favoriser, par différentes incitations, les coopérations franco-françaises, paraît quelque peu dépassée par cette évolution mondiale, que les travaux de linstitut de recherche de Maastricht (MERIT) montrent comme la constitution de véritables toiles daraignées mondiales planétaires enserrant des domaines entiers de la technologie.
Dans la seconde partie du rapport, comme suite à ce constat, est posée la question de la redéfinition de la politique de linnovation, qui devient un enjeu stratégique à long terme. Le terme «stratégique» est ici employé sans emphase. Il correspond très exactement à lintention affiché par le Président des Etats-Unis (cité dans le rapport), ouvertement dominatrice, non par la force des armes, mais par celle de la maîtrise des technologies. Or, la politique de linnovation, lancée dans les années 70, na jamais en France connu son plein développement. Focalisée sur les «aides», partiellement prolongée par des tentatives de faire épanouir le capital-risque, elle na pratiquement pas abordé les deux volets les plus importants, sans lesquels il ne peut y avoir éclosion de linnovation : la réduction des obstacles (corporatistes, bureaucratiques ou sous forme dentraves plus ou moins détournées à lémergence de nouveaux concurrents) et lutilisation des marchés publics pour capitaliser lexpérience dans de nouvelles technologies, rôle qui était autrefois assumé par les commandes militaires, auxquelles il faut trouver maintenant des relais civils.
Lavis de la section commune CGM-CGTI fait observer que ce rapport est à rapprocher de celui de Didier Lombard sur les insuffisances du système des brevets et de celui de Robert Chabbal sur le financement des entreprises innovatrices. La section estime que ces trois rapports fournissent une bonne base de départ pour définir une politique de linnovation et se propose de continuer à travailler sur ce sujet.