RAPPORT SUR L'ACTIVITÉ
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R.F. BERNARD
Mission sur la formation ds cadres techniques pour lindustrie
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La priorité accordée à l'innovation et à l'emploi, a conduit le ministre de l'Industrie, de la Poste et des Télécommunications à réfléchir sur l'adaptation des formations aux métiers de l'industrie dans le souci d'accroître la compétitivité des entreprises et leur capacité de recrutement.
En mars 1990, le rapport de M. Chacornac au ministre chargé de l'Industrie, M. Fauroux, constatant une pénurie de qualifications, préconisait un développement significatif de l'offre de formation de cadres techniques.
Le flux d'ingénieurs a ainsi été multiplié par deux en quelques années alors que le retournement du marché de l'emploi des cadres en 1992 venait contredire les prévisions initiales.
Le contexte d'aujourd'hui, très différent du passé, est caractérisé d'une part par une fragilisation du marché de l'emploi - conséquence d'une croissance sans précédent de l'offre de formation et d'une contraction de la demande des entreprises - et, d'autre part, par les contraintes budgétaires qui pèsent sur le financement des formations, aggravées par le tarissement des ressources propres, notamment de la taxe d'apprentissage.
Il a donc paru nécessaire au ministre chargé de l'Industrie d'évaluer la politique de formation menée ces cinq dernières années dans le domaine des métiers de l'industrie, de rectifier les prévisions antérieures et de formuler des recommandations.
C'est pourquoi le ministre a confié au Conseil général des mines (René-François Bernard) ainsi qu'à l'équipe qu'il anime, composée de Denis Plantamp et de Brigitte Klein (de l'Inspection générale de l'industrie et du commerce), une mission qui comporte les éléments suivants :
- l'analyse des données actuelles sur le marché de l'emploi des cadres techniques : évolutions possibles et tendances prévisibles par secteur et par type de qualifications ; à cette fin, la mission prendra l'attache des entreprises ;
- après une analyse du dispositif de formation relevant du ministère chargé de l'Industrie, la formulation de propositions pour adapter l'offre de formation aux besoins identifiés.
Cette mission est menée en liaison très étroite avec le ministre de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche et le ministre du Travail et des Affaires Sociales.
Un comité de pilotage a été constitué des représentants des ministères et des services concernés par cette réflexion.
Le point actuel sur la mission
L'équipe a pu être constituée au cours du mois de janvier 1996 et disposer d'un soutien logistique au début du mois de mars 1996 ; elle procède, en parallèle, à la collecte de l'information, au traitement des dossiers concernant les établissements relevant du ministère et aux auditions des organes ou structures impliquées appartenant au réseau consulaire, aux organisations professionnelles ou syndicales.
Les informations statistiques
Partant du constat de l'incohérence des dispositifs statistiques actuels, la mission a établi sous l'égide du comité de pilotage le cahier des charges de deux études confiées respectivement au CEFI et au CEREQ portant sur le placement des ingénieurs et des évolutions prévisibles par branches professionnelles et par métiers, selon les types de formation (initiale, continue diplômante, NFI, apprentissage).
Les auditions
La mission procède actuellement aux auditions des départements ministériels concernés (DESUP, DFP...), de la CTI, du Haut Comité éducation, des partenaires socio-professionnels, CNISF, UIMM, Plasturgie, ... APEC. L'équipe de travail s'est rapprochée de la Commission Fauroux (G. Chacornac), de M. de Virville et a rencontré des personnalités impliquées (Professeur Decomps, M. Praderie, ...) ainsi que les organisations syndicales.
Les premières constatations
La mission a tiré de ses premiers contacts plusieurs impressions :
- il y a une réelle urgence à traiter la question de l'adaptation de l'offre de formation au marché ; d'un côté les files d'attente qui restent encombrées à l'embauche traduisent la prudence des employeurs, de l'autre les difficultés de financement que traversent l'ensemble des écoles d'ingénieurs sont la marque d'une défiance plus grande encore des financeurs ;
- le dispositif de formation d'ingénieurs souffre d'une certaine illisibilité au regard des nouvelles formations engagées depuis 1990 :
. les NFI, qui ne sont plus conformes aux ambitions de leur fondateur et dont le bilan est très mitigé à l'exception des deux exemples habituellement cités, l'ISTP à Saint-Etienne et l'ENIC à Lille ; ce dispositif provoque en outre l'assèchement des formations "Arrêté Fontanet" ;
. les IUP, qui loin de poursuivre un objectif professionnalisant débouchent trop souvent sur une poursuite des études dans les cycles universitaires longs.
- tout en prônant un discours libéral, les organisations professionnelles et les CCI qui s'étaient engagées avec zèle dans une croissance des effectifs d'ingénieurs formés et la création de nouveaux établissements, pressent désormais l'Etat à tenir un discours malthusien visant à conduire les organismes de formation à marquer un palier, sinon une régression ; avec les organisations représentatives des ingénieurs (CNISF), elles attendent de l'Etat qu'il prenne à sa charge les "remembrements" nécessaires des organismes de formation qui en seront la conséquence.
La mission est convaincue qu'il faut éviter une dialectique "pénurie-pléthore" génératrice de cycles dont les effets sont irréversibles. En revanche, parfaitement consciente que le marché est ouvert, la mission privilégiera une approche allant dans le sens de la souplesse et de l'adaptabilité des appareils de formation au marché d'autant plus que les derniers résultats de l'enquête sur le placement vont dans le sens d'une reprise qui s'est confirmée après l'effondrement de 1993. Enfin, plutôt que d'établir des prévisions par branches et secteurs, il conviendra d'opérer par "familles de métiers".
Cette conception s'appuiera, lorsque les données seront disponibles, sur les résultats des enquêtes statistiques.
En parallèle, la mission proposera au ministre de mobiliser les DRIRE sur le recueil des informations et le pilotage d'expérimentations.
Les conclusions de la mission seront soumises au ministre de l'Industrie, et porteront sur :
- Le cadrage général de l'offre et les dispositifs d'adaptation au marché, notamment les propositions de cohérence dans le domaine statistique. Sans se contenter de la vision instantanée au niveau de l'insertion des cadres techniques, il conviendra d'apprécier les évolutions dans le temps de leur situation professionnelle dans l'entreprise.
- Les mesures préconisées sur les systèmes de formation allant dans le sens de l'adaptabilité, notamment en matière de formation professionnelle continue qui représente un des gros enjeux financier et pédagogique du futur ; le rôle à jouer par le ministère dans la validation des acquis pourrait être essentiel.
- Les dispositions proposées pour les appareils de formation relevant du ministère : remembrements ou rapprochements possibles, animation du réseau consulaire des écoles d'ingénieurs.