En Amérique, les Espagnols ayant maltraité les marins anglais qui faisaient la contrebande, l'Angleterre déclara la guerre à l'Espagne (1739). La France, alliée de l'Espagne, se trouva engagée dans la guerre contre l'Angleterre.
En Allemagne, l'Empereur Charles VI mourut (1740), et la succession d'Autriche fut ouverte.
Il n'y a jamais eu de nation autrichienne. Ce que nous appelons l'Etat autrichien n'était qu'un assemblage de peuples différents réunis sous la famille de Habsburg, et qui ne portaient pas le même nom. Le souverain s'appelait Empereur, parce que c'était sa dignité la plus élevée. Il n'était pas Empereur d'Autriche, comme il l'est depuis 1805, mais empereur élu d'Allemagne. C'était un titre d'honneur qui ne lui donnait aucun pouvoir. Son pouvoir véritable, il l'avait comme prince héréditaire, sur plusieurs pays qu'il possédait à des titres différents. Son titre officiel complet énumérait ainsi toutes ses possessions : "Nous, par la grâce de Dieu empereur élu des Romains, - roi de Hongrie, Bohème, Dalmatie, Croatie et Slavonie, -archiduc en Autriche, - Duc de Bourgogne, Styrie, Carinthie, Carniole, Haute et Basse-Silésie, - margrave de Moravie, - compte de Tyrol et de Goertz."
L'ancien territoire de la famille de Habsbourg, appelé "domaines héréditaires", se composait des provinces du Danube et des Alpes, habitées surtout par des Allemands. La principale était l'archiduché d'Autriche. Mais depuis le XVIème siècle, la famille d'Autriche y avait joint deux autres Etats jusque là indépendants.
L'ancien Etat de Bohême comprenait la Bohème, la Moravie, la Silésie, où la population était slave et parlait tchèque, mais était soumise à des seigneurs allemands.
L'ancien Etat de Hongrie (appelé la couronne de Saint-Etienne) comprenait le royaume de Hongrie avec ses annexes, le royaume de Croatie et la principauté de Transylvanie. En Hongrie et en Transylvanie, l'ancienne noblesse, en partie protestante, se composait des Magyars parlant hongrois, descendants des anciens envahisseurs venus d'Asie au IXème siècle, et resté un peuple de cavaliers; Mais dans les collines qui touchent la Moravie, les paysans étaient des Slaves. En Transylvanie, les paysans étaient des Roumains de religion grecque, parlant une langue dérivée du latin ; les gens des villes étaient des colons allemands. En Croatie, tous, même les propriétaires, étaient Slaves et parlaient croate.
A ces pays s'ajoutèrent en 1713 les territoires enlevés au roi d'Espagne, le royaume de Naples, le duché de Milan, les Pays- Bas espagnols, c'est-à-dire la Belgique.
L'Etat autrichien n'avait donc aucune unité. C'était une agglomération de peuples différents sans autre lien que d'obéir à une même famille. Mais cette communauté de souverain dans un régime de monarchie absolue, finit par produire un effet durable. La résidence du souverain devint la capitale de la monarchie. Or Vienne était une ville allemande : la noblesse, réunie à la cour, devint allemande ; l'allemand fut la langue des fonctionnaires. Les Allemands, bien qu'en minorité, devinrent la nation dominante dans la monarchie autrichienne.
Depuis le XVIème siècle, il y a avait toujours eu un homme pour chef de la maison d'Autriche, et la succession s'était transmise de mâle en mâle. Mais l'Empereur Charles VI n'eut que des filles. Il voulut laisser son héritage à sa fille aînée, Marie-Thérèse, et régla sa succession au moyen d'une loi solennelle, appelée Sanction Pragmatique. Cet acte décidait que Marie-Thérèse succéderait à son père. Pour être sûr qu'il fût exécuté, Charles VI le fit reconnaître d'abord aux membres de sa famille, puis à ses sujets des différentes provinces. La Pragmatique devint alors la loi fondamentale de succession de la monarchie autrichienne. Elle établit le droit des femmes à succéder et rendit le territoire indivisible, aussi longtemps qu'il subsisterait des descendants de Marie-Thérèse. C'est sur cet acte que repose encore aujourd'hui l'existence de la monarchie autrichienne.
Enfin Charles VI, par des traités spéciaux, fit reconnaître la Pragmatique à tous les souverains de l'Europe. Il s'imaginait qu'après sa mort, les souverains observeraient ces traités. Mais il n'avait pas laissé les moyens matériels de les faire respecter.
L'Electeur de Bavière réclama tout l'héritage, L'Electeur de Saxe la Bohème, le roi de Sardaigne le Milanais. Le jeune roi de Prusse Frédéric II réclama la Silésie, une grande province qui touchait au royaume de Prusse. Il y fit entrer son armée en plein hiver et l'occupa.
En France le gouvernement hésita. Fleury ne voulait pas de la guerre. Mais beaucoup de nobles français voulaient profiter de l'occasion pour détruire la maison d'Autriche. C'était en France une vieille tradition : Henri IV, Richelieu, Mazarin avaient tous travaillé à "abaisser la maison d'Autriche". On décida Louis XV à faire la guerre pour démembrer l'Empire autrichien. Alors commença l'invasion de l'Autriche. Le roi de Prusse, Frédéric II, envahit la Silésie ; l'Electeur de Bavière, avec ses troupes et un corps d'armée français, envahit la Haute Autriche, puis la Bohême ; l'armée de l'Electeur de Saxe envahit la Bohême d'un autre côté et occupa la capitale, Prague.
Frédéric, n'ayant pu obtenir l'alliance de l'Angleterre, s'allia à la France. Puis, comme Marie-Thérèse ne se décidait pas à lui céder définitivement la Silésie, il recommença la guerre. Il envahit la Bohême, lança des hussards jusqu'en Autriche et mit en déroute l'armée autrichienne. Alors Marie-Thérèse se résigna à céder. Le traité donna à Frédéric presque toute la Silésie, peuplée de 1 200 000 âmes.
En 1745, l'Autriche, ayant repoussé ses adversaire de toute l'Allemagne, s'allia avec la Saxe pour envahir le royaume de Prusse. Frédéric fit alors en Bohême et en Saxe la campagne qui commença sa réputation de grand capitaine; Marie-Thérèse conclut le traité de Dresde, qui rétablit la paix et laissa à Frédéric la Silésie (1745).
Contre la coalition formée par la France, l'Espagne et les princes allemands, Marie-Thérèse parvint à former une ligue avec l'Angleterre, puis la Sardaigne, et il y eut quatre guerres engagées à la fois ;
La paix d'Aix-la-Chapelle rétablissait les choses presque au même état qu'avant la guerre. Mais le roi de Prusse conservait la Silésie. Toutes les autres conquêtes étaient rendues. On s'étonna à Paris que la France ne gardât rien de la Belgique ; des femmes du peuple, au marché, dirent "Bête comme la paix". La cour répondait que Louis XV avait voulu faire la paix en roi, non en marchand".
La guerre n'avait profité qu'au roi de Prusse
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