[ Internet et PMI - JM Yolin ] |
Internet lance à nos entreprises un défi majeur.
La puissance de la révolution qu'il porte tient
principalement au fait qu'il est l'outil technique qui correspond
aux mutations de nos économies et de nos sociétés :
organisation en réseau, mondialisation, flux tendus, aplatissement des
hiérarchies, demande de transparence et d'accès à
l'information.
En effet, avant d'être un réseau ou un
ensemble de technologies, Internet est un standard mondial de
communication. Il offre la possibilité tout à la fois
Les technologies Internet concernent toutes les fonctions
de l'entreprise : vendre, se faire connaître, trouver des
partenaires, faire de la veille technologique et de l'intelligence
économique, transmettre des documents écrits, sonores,
vidéo ou des programmes d'usinage de pièces techniques,
trouver des appels d'offre et y soumissionner, conduire des projets,
faxer, téléphoner, participer à des bourses, travailler en
réseau, assurer le service après vente, la maintenance ou
l'aide au dépannage, télésurveiller et
télé-agir, acheter au meilleur rapport qualité/prix,
recruter du personnel, utiliser le télétravail, mettre davantage
l'entreprise au service du client....
Elles permettent en outre de faire des économies
considérables tant sur les développements informatiques que
sur les télécommunications.
Internet sera à terme l'outil universel du
commerce inter-entreprise.
Très peu d'entreprises rencontrées,
grandes ou petites, ont conscience de l'ensemble de ces
possibilités : les anecdotes mises en exergue par les médias ne
projettent bien souvent sous les feux de la rampe que les sites WEB de vente au
grand public, la navigation au hasard des pages ou les problèmes de
paiement en ligne qui ne sont que l'écume du sujet et qui masquent
la profondeur des bouleversements en cours.(sans même parler des sites
«plaquette», des pirates ou de la pornographie)
Sans doute serait-il plus significatif, même si ce
n'est qu'un aspect très partiel des potentialités
d'Internet, de mettre en avant
Toutes les entreprises, même les plus petites,
même celles qui ont le sentiment de bénéficier d'une
protection géographique, nous paraissent potentiellement
concernées.
La nature et les métiers de nombreux
intermédiaires vont être profondément bouleversés
entraînant l'apparition de nouveaux acteurs et la disparition
d'anciens qui n'auront pas su évoluer.
Certes, Internet, outil de démultiplication de la
concurrence et de développement du pouvoir des consommateurs est autant
porteur de menaces redoutables que de potentialités de croissance pour
nos entreprises, mais il doit être bien clair que la passivité
nous priverait des opportunités sans pour autant nous en épargner
les dangers.
Internet n'est pas une mode ou un
événement dont on peut décider de se tenir à
l'écart
Il est bien clair que l'essentiel du succès dans
cette évolution repose sur les entreprises elles-même, sur leur
capacité d'adaptation et d'innovation et sur leur
volonté de gagner dans la compétition internationale
Il n'en reste pas moins que les Pouvoirs Publics ont un
rôle important à jouer pour créer un contexte favorable au
développement d'internet, lever les facteurs de blocage,
sensibiliser aux enjeux et accompagner les efforts de ceux qui tracent le
chemin.
Ceux-ci doivent aussi intégrer cette nécessaire
évolution quand ils sont eux même clients, fournisseurs ou
partenaires des entreprises
C'est la raison pour laquelle nous proposons ici une
action forte de l'Etat, mais aussi de tous les acteurs porteurs de
l'intérêt collectif : collectivités locales, CCI,
organisations professionnelles, centres techniques, ...
La plupart des pays industrialisés, au premier rang
desquels les Etats-Unis, mènent ainsi des politiques publiques
très actives dans ce domaine.
Les pouvoirs publics doivent tout d'abord
créer un environnement général propre au
développement d'internet dans notre pays :
Dans le même temps, il convient de conduire une
intense action de terrain en s'appuyant sur les DRIRE:
Utilisons celles qui sont déjà rodées,
connues et appréciées par les entreprises et qui couvrent
parfaitement le champ des mesures préconisées : aides au conseil
(FRAC, FRATT), crédits d'action collective (CPI), aide au
recrutement (ARC), aide à l'appropriation de technologies nouvelles
(ATOUT), aide à la modernisation (FDPMI), crédit
d'impôt-recherche (CIR), appel à projet (AAP), information
à partir d'opérations exemplaires
(Références), assurance prospection, en adaptant en tant que de
besoin certaines de leurs modalités notamment pour les ouvrir à
certaines catégories d'entreprises du secteur des services
participant à des communautés exposées à
la concurrence internationale.
Par contre il convient d'utiliser les moyens
spécifiques Internet (50 MF décidés dans le cadre du
budget 98) pour donner l'impulsion à ce programme:
sensibilisation, formation, expérimentation,...
Notre pays et nos PME en particulier ont pris un retard
certain sur beaucoup de nos compétiteurs mondiaux pour exploiter les
nouvelles potentialités d'Internet et y adapter leur
stratégie et leur organisation.
Ce retard, certes déjà pénalisant, ne
paraît toutefois nullement irrémédiable ;
Notre pays n'est en effet pas sans atout : les
technologies de l'information et des télécommunications sont
maîtrisées par nos ingénieurs et tous les domaines
d'application techniques, commerciaux, artistiques ou juridiques attirent
les jeunes.
Il n'est que de voir le succès des jeunes
Français en Californie pour ne nourrir aucun complexe en ce domaine.
Il convient toutefois maintenant d'agir sans
délai : une action résolue doit être engagée selon
les lignes tracées plus haut avec la préoccupation permanente de
rester à l'écoute des propositions venant du terrain et de
se tenir informés des réalisations dans les autres pays afin de
pouvoir adapter les mutations en fonction d'évolutions qui se
produisent à un rythme sans commune mesure avec celles que nous avons pu
connaître dans le passé avec les mutations technologiques
précédentes
Il devrait ainsi être possible à nos PME de
tirer avantage de la mondialisation des marchés, dans le contexte
d'une compétition internationale exacerbée au
bénéfice de notre économie et de l'emploi.