[ Yolin | 2004 | Sommaire ]

8.3.7.1 Internet peut tout aussi bien entrainer une concentration qu'une déconcentration de l'activité économique

Le propre d'Internet est d'abolir les distances, et, paradoxalement, dans le même temps où il ouvre les régions enclavées sur le monde, il constitue un remarquable moyen pour renforcer les solidarités de proximité : il constitue donc un outil privilégié d'une politique active de développement local.

Mais rien ne va de soi : l'Internet a créé la plus forte concentration jamais connue de compétence avec la Silicon Valley (qui ne compte que 2,3 millions d'habitants) et dont les entreprises ont une capitalisation dépassant celle de la Bourse de Paris: la Baie de San Francisco regroupe 20% de l'industrie mondiale des TIC et 50% des investissements US dans les hautes technologies (Philippe Coste PEE San Francisco

Internet aurait aboli la main-mise de Paris et de sa région?. Eh bien non ! 53,4% des entreprises"new tech" sont situées dans la capitale, et 85 % en Ile-de-France. En seconde position, la région Rhône-Alpes n'accueille que 3,6% de ces entreprises www.journaldunet.com/0106/010622managers.shtml . Faisons une croix sur le fameux miracle du duo Grenoble-Lyon.

"la Silicon Valley c'est un peu l'esprit "Sentier" souligne Jean-Louis Gassé , un des Français célèbres de la Vallée: l'émulation repose sur l'effet fourmilière, la masse critique de talents, la densité des relations en réseau.

"la Valley fonctionne comme une véritable tribu, les réseaux y sont si dense (anciens de Stanford ou du MIT, réseaux ethniques,...) que l'information y circule plus vite que partout ailleurs, on compte pas moins d'une quinzaine de "network event" par jour, ne pas être dans un de ces réseau constitue un handicap économique. Cette dynamique est basée sur l'économie du don, la pression sociale est telle, avec un effet de réputation que les gens ne peuvent pas se permettre de tricher. Ne pas rendre un don marque la fin des échanges" Michel Ferrary , prof Essec détaché à Stanford, les Echos 6/2/01

Alors même que l'Internet permet à chacun de rester partout branché sur le monde entier, il convient de réfléchir activement pour essayer de comprendre et d'orienter ces nouvelles opportunités de développement pour favoriser une répartition harmonieuse des implantations d'activité sur notre territoire et ne pas recréer des phénomènes comme celui des banlieues "à problèmes" qui sont le drame de nos grandes villes:

Aux US le CommunityTelecommunications Planning Act (S1056) prevoyait d'allouer un total de 60millions de dollars pour l'annee 2002 au Department of Commerce, au Department of Agriculture et au Department of Education, pour la mise enplace de subventions destinees a faciliter le deploiement d'infrastructures haut debit dans les zones rurales ou defavorisees. (PEE) http://thomas.loc.gov (taper le numero de loi : S1056)

Si indéniablement nos grandes métropoles ont une carte à jouer, il faut aussi créer les conditions, notamment en terme d'infrastructures pour que des initiatives compétitives puissent se développer en région...et pour que nos entreprises traditionnelles aient leur chance dans la compétition mondiale qui se joue largement sur la capacité à gérer l'information (voir aussi sur ce sujet le rapport d'Henri d'Attilio www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/dossiers/sb_attil.htm)

En 2003 une étude commandée par la Datar et réalisée par Ortel - organisme privé fondé par Idate et Tactis www.ortel.fr/telecharge/ORTELextraitrapport19juin2003.pdf a une nouvelle fois montré que «le haut débit (DSL, câble internet, boucle locale radio, fibre optique...), qui conditionne le développement de la société de l'information, était fin 2002 accessible sur seulement 21% du territoire (74% de la population)». Résultat: «79% du territoire (26% de la population) est située dans des communes ne disposant d'aucune offre (hors satellite et liaisons louées)»

De plus: «Seul 1,6% du territoire (un tiers de la population) disposait fin 2002 d'au moins deux technologies d'accès haut débit» et donc d'une réelle capacité à faire jouer la concurrence

En résumé : seulement 1,6% de notre territoire est convenablement desservi (sans être prisonnier d'un opérateur) et 79% de notre pays est un désert technologique, ce qui ne peut, si un remède n'est pas apporté, renforcer encore une concentration peu souhaitée des activités

Des start-up visant le marché national ou même mondial ont choisi de se développer dans de petites villes:

Eat On Line www.eat-on-line.com , qui livre des repas à domicile dans toute la France , s'est implantée à Azay-le-Rideau,

French Gourmet Fromage www.fromages.com qui livre des fromages frais dans le monde entier en moins de 72 heures a élu domicile à Saint-Avertin en Indre et Loire,

Panier.com www.panier.com une boutique gourmande proposant, à toute l'Europe, des produits de pays introuvables dans la distribution traditionnelle s'est installée à Mamers (Sarthe)

l'Odyssée Interactive www.jeuxvideo.com leader francophone des sites de jeux est à Aurillac dans le Cantal,

Genesys www.genesys.com start-up au débuts très prometteurs puisque déjà introduite sur le nouveau marché et présente sur 4 continents dans le domaine des téléconférences est née à Montpellier

Nous avons pu constater, comme Francis Lorentz que l'appétence des provinces n'était pas moindre que celle de Paris

Mais aujourd'hui le raccordement à Internet dans des conditions de débits, de qualité et de prix convenables ne participe pas, ce qui est sans doute normal, des obligations de service public imposé aux opérateurs de télécommunication

Plus grave dans bien des zones les entreprises ne peuvent pas accéder du tout à une connection d'un débit compatible avec leurs besoins

Dans la logique précédente, la création du "kiosque micro", bien que ses faiblesses techniques au départ aient été fort critiquées, avait, à l'époque, répondu pour partie à cette préoccupation

Néanmoins pour le fournisseur d'accès Internet, un client en province (20 % du marché) lui coûtait 30 à 40 % plus cher qu'un client parisien (80 % du marché), et c'était à son niveau que se faisait la péréquation

Déjà pour le RNIS il n'en a déjà plus été semble-t-il tout à fait de même : le kiosque V 2 à 2 mégabits, qui permettait la transmission vidéo, n'a été rendu accessible qu'à France Télécom-Wanadoo, AOL et Microsoft-MSN ce qui créait une sensible distorsion de concurrence et pénalisait les fournisseurs d'accès régionaux.

le fournisseur d'accès régional InterPC www.connexionadsl.net, souligne que, contrairement aux PME installées dans les zones densément peuplées disposent d'un accès illimité haut débit par câble ou par ADSL pour un prix forfaitaire, les PME des zones rurales ne disposent encore que du bas débit et n'ont accès à aucune offre illimitée, ce qui a pour conséquence de faire exploser leur facture d'accès à Internet. ceci est la conséquence du mécanisme actuel du Service Universel du téléphone qui interdit, de fait, les forfaits "illimités"

2003 a vu le commencement d'un déploiement à grande échelle de l'ADSL mais l'opérateur historique revendique la possibilité de pratiquer des tarifs plus élevés dans les zones peu denses dans lesquelles il est en situation de monopole de fait que dans les zones denses ou il souhaite brider la concurrence naissante

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)