Jusqu'à une période récente, dans notre pays,
les ingénieurs,, "officiers de la guerre économique" (Bernard
Esambert), avaient autant le sentiment de se battre pour leur pays en
travaillant dans une grande entreprise, "champion national", que directement
dans l'administration (avec d'ailleurs de nombreux passages de l'une à
l'autre, le défi de la compétitivité étant
"porté" par l'Etat, actionnaire des entreprises clé de
l'économie. il est d'ailleurs symptomatique que les plus grandes des
Grandes Ecoles soient des institutions fondées à l'origine pour
former les fonctionnaires de l'Etat: X, ENA, Ulm, Mines, Ponts,
Télécom, Gref,...)
En contrepartie le cadre bénéficiait d'une forte
solidarité de son entreprise, notamment en matière d'emploi et de
statut social (lié en partie à l'organisation très
hiérarchique, quasi-militaire, voire "royale" de nos grandes entreprises
où il est souvent plus important de faire plaisir au chef qu'au client.
N'oublions pas que le terme de "barons", défenseur des marches du
royaume, pour décrire un haut dirigeant d'un Grand Groupe n'a disparu
que récemment)
Aujourd'hui, les restructurations majeures et permanentes des "World Companies"
avec leurs charrettes de cadres qui, parfois, avaient sacrifié , durant
des décennies,l eur vie familiale à l'entreprise ajouté au
fait que le bénéficiaire ultime de leurs effort soit souvent un
fonds de pension de retraités américains ou des capitaux
flottants internationaux d'origine parfois floue, a considérablement
fait baisser "l'affectio sociatis".
L'embauche de conseillers psychologiques pour aider les cadres à vider
leur bureau, toucher leur chèque et rejoindre leur voiture sur le
parking (Apple) n'adoucit que peu le traumatisme
En France les nombreux contacts que nous entretenons avec les
élèves des Grandes Ecoles montrent la "rupture du contrat
moral entre les grandes entreprises et leurs cadres" (Bernard Corneau VP
chase Manhattan Bank):
En particulier les jeunes qui ont vu leurs parents brisés au moment ou
eux-mêmes terminaient leurs études, ont profondément
changé leur vision du monde professionnel et la participation à
la création d'entreprise devient un objectif pour beaucoup d'entre eux
plus séduisant que la Grande Entreprise (au moins ils savent pour qui
ils travaillent)
Candice Carpenter , créatrice d'iVillage (dont la valorisation a atteint 2 Milliards de dollars), déclarait au Monde "ils ont vu leurs parents donner toute leur vie à une même entreprise, ne jamais être à la maison et se faire virer à 55 ans et ils se disent "et tout ça pour quoi?".alors leur attitude à eux c'est "MA vie c'est moi qui la gère, ... je garde ma loyauté pour moi" |
La plupart des Ecoles ont accompagné ce mouvement à travers la "reconnaissance" du métier d'entrepreneur, les formations données et les facilités mises en place notamment, nous le verrons plus loin les incubateurs
La "reconnaissance" du créateur, tant par les média que par les plus hautes autorités de l'Etat, dont nous avions souligné l'importance, a sans doute aussi joué un rôle
1999 sur ce plan a montré clairement une rupture dans les comportement, espérons que la crise actuelle ne cassera pas cette dynamique de création d'entreprise
Evariste
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(Last update : Fri, 9 Feb 2007) |