Une
démarche "rationnelle" conduirait à s'attaquer directement aux
projets les plus rentables et les plus stratégiques pour l'entreprise.
il n'est malheureusement pas rare que ces projets se heurtent à
l'hostilité du cadre concerné: l'expérience semble montrer
que vouloir passer en force est une démarche rarement couronnée
de succès car il est extrêmement facile avec un peu de mauvaise
volonté de faire échouer un projet. Par ailleurs le cadre en
question joue souvent un rôle important dans la vie de la
société et il n'est pas toujours possible de se passer de ses
services
Il convient donc plutot dans un premier temps de savoir détecter dans
l'entreprise les services où se trouvent compétences et
motivations, même si les enjeux y sont moins stratégiques
Il faut savoir s'appuyer sur la présence diffuse au sein du personnel de
l'entreprise de gens ayant déjà une connaissance des outils de
l'Internet et souvent même une certaine "passion" et une
expérience à travers des responsabilités
extérieures (club sportif, hobby, ...).
Rappelons qu'il y a maintenant plus de 20 % de nos concitoyens qui utilisent
déjà cet outil et que cette proportion est encore très
notablement plus élevée chez les jeunes ayant fait des
études supérieures. (la presque totalité des jeunes cadres
arrivés sur le marché du travail depuis 1999).
Une des premières tâches sera de repérer ces
compétences latentes, de les "reconnaître" (au sens propre, c'est
à dire leur assurer une "reconnaissance" au sein de l'entreprise)
et de leur proposer de prendre des initiatives dans leur sphère de
compétence.
Ces initiatives seront peut-être modestes et maladroites mais elles
contribueront à l'appropriation de l'outil par l'entreprise et
à la formation "en tache d'huile" des autres membres du personnel :
l'Internet apparaît moins effrayant, voire même sympathique s'il
vient d'un collègue plutôt que d'un organisme extérieur ou
de la hiérarchie.
On est souvent surpris de la fécondité des initiatives prises par les hommes de terrain, directement confrontés aux problèmes, et de l'énergie qu'ils peuvent y investir quand ils se sentent reconnus par la direction : les développements sont plus "biologiques", moins cartésiens que s'ils étaient conçus par des spécialistes mais collent mieux aux besoins, et surtout leur "appropriation" par les utilisateurs, les rend beaucoup plus efficaces. |
C'est
seulement dans un second tempsque l'on pourra s'attaquer aux
développement qui se heurtent à une hostilité des cadres
concernés. Par une stratégie de contournement: on se sera d'abord
attaché à ce que les personnes qui refusent cette
évolution soient progressivement moins indispensables et on favorisera
les développements dans leur domaine d'activité par la base en
s'appuyant sur la dynamique créée par les premières
réalisations grâce à une forte reconnaissance de la
direction. Ainsi pris en tenaille le facteur de blocage, soit s'adapte soit
quitte l'entreprise
Il ne semble pas non plus souhaitable de confier les développements
à une équipe spécifiquement dédiée aux
projets Internet qui risqueraient assez rapidement d'être
perçues comme des "corps étranger": même dans les grandes
entreprises (Général Electric, Airbus) les projets réussis
ont été conduits par les responsables opérationnels,
assistés en tant que de besoin par des spécialistes
"disséminés" dans les services
Alain Foret propose au nom du CJD d'organiser dans les entreprise
un coaching réciproque entre un "ancien" qui apporte sa
connaissance du métier et un "jeune" qui apporte ses compétences
en NTIC
Enfin certains s'inquiètent des risques de perte de temps que risquent
d'entrainer l'introduction de ces nouveaux moyens. Des outils existent pour
contrôler étroitement les usages que les salariés font de
l'Internet et interdire certains acces (voir page 210) faut-il les utiliser pour
éviterdes pertes de temps?: beaucoup pensent que c'est là une
politique à courte vue, en effet d'une part le climat de
suspicion ainsi créé n'est pas propice aux initiatives et d'autre
part l'apprentissage de l'outil se fait d'autant mieux qu'elle n'est pas trop
cadrée, voire même qu'elle s'accompagne d'un côté
ludique qui la rend moins rébarbative.
Ceci est d'autant plus important que dans la dynamique de progrès que
l'on crée il y a fort à parier que les éléments
moteur du personnel seront ammenés à travailler pour l'entreprise
depuis leur domicile et qu'ils comprendraient mal une attitude trop mesquine
(d'ailleurs à la suite d'une initiative prise par les compagnies
suédoises beaucoup de sociétés de par le monde ont
favorisé l'acquisition d'ordinateurs familiaux par leurs employés
grâce à des conditions financières particulièrement
favorables)
Les entreprises les plus dynamiques ont bien au contraire favorisé
l'appropriation de la culture "Internet" sous toutes ses formes par leurs
employés...et toute leur famille en les aidant à s'équiper
à leur domicile (projet EmployEconnect de Daimler et leurs
équivalents chez General Motors ou AOL),
Notons en particulier les nombreux portails B2E (Business to Employee) dans de
nombreuses entreprises, souvent accessibles depuis le domicile avec un
accès e-learning
"l'information professionnelle ne se limite pas à un contenu strict tournant autour de l'entreprise. Limiter l'accès peut brider la créativité" Christian Pilaud , club Med", "nous n'interdisons pas l'usage personnel ni ne filtrons les accès. Mais notre charte indique que cet usage doit rester contenu dans des limites raisonnables" Pierre Chavarel , Ciments Français et Procter & Gamble a encouragé ses employés à utiliser Internet à des fins personnelles pour accélérer la familiarisation avec l'outil, enquête Echo.net 12/2/01 |
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