Un
point mérite d'être approfondi : quel est l'équilibre
économique permettant de financer le fonctionnement et le
développement d'Internet notamment au niveau des opérateurs de
télécommunication ?.
Remarquons d'entrée de jeu que la "gratuité" d'Internet est toute
relative : les coûts sont certes de plusieurs ordres de grandeur
inférieurs à ceux des structures tarifaires
précédentes (notamment dans les réseaux à valeur
ajoutée) mais ils sont néanmoins loin d'être nuls, comme
l'ont rappelé les internautes au cours de 2 grèves ayant pour
objectif d'arriver à une tarification forfaitaire.
Ce que payent aujourd'hui les utilisateurs assure-t-il globalement aux
opérateurs une rémunération convenable?
De sources crédibles le prix de revient des communications
transatlantiques serait de 10 à 20 F/heure et celui des raccordements
à Internet par liaison permanentes 200 à 400 F/mois (aujourd'hui
facturé 5 000 F/mois). Ceci est corroboré par les
dernières prévisions tarifaires des nouveaux entrants: 5 à
10 cents la minute
"Les nouvelles technologies de télécom ont divisé
par 20 le besoin de personnel technique. Malheureusement le statut de
l'opérateur ne lui a permis que de redéployer les 50.000
personnes exédentaire en interne vers les activités
commerciales quand
British Telecom
lui se séparait de ses techniciens en
surnombre. Cela s'est traduit en Grande Bretagne par de nombreuses
créations d'entreprises par ces techniciens très compétent
et en France par une inefficacité des services commerciaux et un poids
considérable sur les prix de revient"
Jean-Ruffat
,
président de Stratégies-Structures colloque du CSTI du 2
décembre 2002.
Nous avons personnellement recueilli quelques témoignages en ce sens notamment à Alby chez Dyrup XyloChimie , filiale d'une entreprise Danoise ou le directeur de l'établissement, Damien Radkte , s'étonnait de ce manque de réactivité qu'il ne rencontrait pas par exemple chez EDF. Il citait par exemple, lors d'un déménagement le fait que, sans raison, il ait fallu un mois pour brancher le routeur ce qui les a coupé pendant toute cette période de connection avec leurs commerciaux sur le terrain dans toute l'Europe avec les conséquences que l'on imagine |
Par ailleurs les écarts entre la tarification de services dans différents pays (France / USA) dont rien ne permet de croire que le prix de revient diffère sensiblement, conduit à penser que, comme dans le système bancaire, la surtarification de certains services compense la gratuité des autres (ainsi que les surcoûts de structures qui n'étaient pas confrontées à la concurrence internationale ce qui avait pu les conduire à un certain embonpoint)
Cette situation peut permettre un équilibre financier global mais ne conduit pas forcément les acteurs concernés à un comportement optimal notamment en terme d'investissement
L'ouverture progressive de la concurrence a permis d'observer une certaine remise en ordre des prix en 1998-2001.
Malheureusement la volonté pour les opérateurs historique de devenir des "compagnies mondiales" les a conduit à surpayer des acquisitions
...et pour cela l'opérateur historiquea été ammené à "rationner" les services (lignes privées, ADSL) pour se créer une rente, c'est la "destruction canibalistique des rentes, seul un dépôt de bilan permettrait de repartir sur une base saine" Jean-Ruffat, président de Stratégies-Structures colloque du CSTI du 2 décembre 2002. : "la tentation totalitaire est toujours du côtéde l'opérateur de réseau" Henri de Maublanc, président de l'Acsel
"l'endettement est "sous contrôle et il suffit de gagner du temps pour qu'il soit remboursé par la génération de cash en provenance des activités opérationnelles" réplique comme en confirmation Jean-Louis Vinciguerra directeur financier de l'opérateur
Sans même compter le surcout d'acquisition d'Orange, avec les 2 seuls "sinistres totaux" de NTL en Grande Bretagne et de Mobilcom en Allemagne, c'est 20 milliards de $ qui ont été perdus, soit 2 fois la capitalisation résiduelle de l'opérateur en septembre 2002 ou celle cumulée de Renault et Peugeot-Citroen,
Pour celles qui ont payé en cash quand les autres payaient en "monnaie de singe" (leurs propres actions), cela s'est traduit par un endettement pharamineux qui les ont conduit a verrouiller l'arrivée de la concurrence, à sous-investir en France et à maintenir des tarifs élevés pour rembourser ces dettes (une "machine à cash" comme le dit le nouveau Pdg, une "cash cow" comme disent les anglo-saxons
Cette ambition les ont également amené à pousser les enchères pour l'UMTS à des sommets invraissemblables (en allant jusqu'à accuser les Etats de ne pas les avoir empêché de commettre de telles folies!),
"on regrettera que la remise au pot du contribuable français serve directement à enrichir le contribuable britannique et allemand, par le biais des licences UMTS de 15 Milliards d'Euros, soit tout de même l'équivalent de 4 mois d'impôts sur le revenu"Jean-Louis Constanza, président de tele2 France 23/09/02
Ces deux causes ont conduit à plus de 70 milliards d'€ d'endettement pour France Télécom, soit l'équivalent de 25 portes avions du type "charles de Gaulle avec leur escadrille embarquée
"Cette montagne de dettes est due à une frénésie d'acquisition, payée à 80% en cash, créant une spirale infernale" ( Thierry Breton , décembre 2002)
"En fait les consommateurs d'aujourd'hui paient déjàle prix des licences UMTS car les opérateurs mobiles doivent rembourser leurs dettes: résultat, trop peu de concurrence, un comportement de cartel, pas d'offres innovantes" JL Constanza DG France de Tele2 qui a porté plainte contre Orange qui refuse de lui vendre des minutes de communication afin qu'il puisse se développer comme MVNO (Mobile Virtual Network Operator) avec des prix de revient qui n'incluent pas le cout des erreurs de gestion de l'opérateur dominant Les Echos 13 Aout 2002
Par ailleurs cet endettement va sans doute se traduire par un accroissement du sous investissement au niveau des réseaux métropolitains : si la "bulle" a conduit à d'énormes surcapacités sur les "backbones" (mais faire passer une fibre ou un câble de 1000 fibres coute a peu près le même prix), il n'en va pas de même pour les réseaux métropolitains qui ne sont pas tous dimensionnés convenablement comme Maurice Gagnaire , professeur à l'ENST le soulignait lors du colloque du CSTI du 2 décembre 2002. Oc ceux-ci vont créer un goulot d'étranglement si l'ADSL était moins bridé en puissance et à un prix plus conforme au prix de revient
Derrière cette question du prix, se cache en fait deux problèmes bien distincts
Evariste
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(Last update : Fri, 9 Feb 2007) |