[ Yolin | 2004 | Sommaire ]

4.1.1.1 Le site zombie modeste. Un seul avantage, l'achat de votre nom

Il s'agit là de la présentation de l'entreprise par une page hébergée sur un serveur externe (avec lequel la communication ne se fait parfois encore que par fax par souci de maîtrise de l'information!!)

une start-up que nous avons rencontré paient les pigistes qui réalisent ces site 300F par site, considérant qu'ils pouvaient en réaliser 3 par jour (temps de travail nécessaire, prise de photo comprises, 1à 3h). le temps nécessaire pour élaborer le devis préalable étant supérieur à celui de réalisation du site, la technique de vente adoptée est celle des "photographes de plage" : le site est gratuitement mis sur le Web et seules les prestations de personnalisation ultérieures sont facturées

attention ce type de site est couramment facturé par des "chasseurs de pigeons" abusant de l'ignorance des PME à des tarif de plusieurs dizaines de milliers de Francs, l'essentiel de la dépense pour le prestataire étant de convaincre le client qu'il ne peut pas être "absent du web"

En fait, ce que l'on remarque aujourd'hui, ce n'est pas la présence sur Internet mais l'absence. Aujourd'hui, comme tout le monde fait des recherches grâce à Internet, le fait de ne pas avoir de site peut faire penser que l'entreprise n'existe plus. On notera enfin qu'un tel site est très peu coûteux. Daniel Chabbert , Cybersite de Saint Etienne

  • Avantage :cela vous permet d'acheter votre nom ou votre marque (si votre concurrent ou un spéculateur ne l'a pas déjà fait pour vous la revendre...) : c'est là un investissement limité (12$ pour "ma-marque.com" en 24h par e-mail chez gandi www.gandi.net ou 1500 F(prix moyen) pour "ma-marque.tm.fr" en 1 mois avec un lourd dossier papier à l'appui et passage par un intermédiaire "à valeur ajoutée" obligatoire)
Certains sous-estiment gravement l'importance de posséder son nom en considérant que l'on "découvre" l'entreprise à travers les moteurs de recherche: c'est oublier l'importance du marketing pour le site fait par les média traditionnels (presse, radio, télévision, rédactionnel, matériel publicitaire,...) qui implique des noms simples, faciles à mémoriser et capitalisant sur la marque

"Pendant des années, les marques ne se sont pas intéressées aux noms de domaine. Aujourd'hui, elles se réveillent et doivent aller au tribunal pour gagner contre les particuliers. Ça va leur prendre dix ans" rappelle Sébastien Canevet, juriste spécialiste du droit des nouvelles technologies

Alta Vista, pourtant entreprise avertie, n'avait pas acheté toutes les déclinaisons de son nom et a vu apparaître un site "spécialisé" pour adulte vers lequel certains de ses clients étaient susceptibles de se fourvoyer : pour éviter de regrettables erreurs d'orientation elle a dû racheter www.altavista.com au prix fort : 3,3 millions de dollars !

La même mésaventure est arrivée en 2001 à France2 www.france2.com et France3, achetés par un Russe et revendu à un Coréen HANGANG Systems,Inc qui produit sous ces deux adresses le même site pornographique. Pour récupérer ces noms de domaine le service public a engagé une procédure qui promet d'être longue et coûteuse.

De même pour l'institut Rexecode qui est tombé dans le piège du ".asso.fr" : les moteurs de recherche vous envoient vers www.rexecode.com qui a su se faire mieux référencer que l'original!

Ebay qui n'avait déposé que ebay.com a vu ebay.fr acheté par son concurrent ibazar, son concurrent (ce qui soit dit en passant laisse pantois quand l'Afnic met en avant la "rigueur"de sa politique de nommage, d'autant plus que cette même vénérable institution a attribué abcool.fr a perenoel.fr, concurrent l'abcool.com, sous prétexte que la marque déposée était "abcool.com et non abcool!!)

La situation a été réglée au prix fort: le rachat de ibazar par ebay

De même la petite histoire dit que le Vice-Président des Etats-Unis a dû racheter Gore2000 qu'un auditeur averti avait acheté dès la fin de son discours-programme et n'a jamais pu reprendre le contrôle de Al-Gore.com! l'an dernier le premier Ministre Irlandais s'est vu proposer de racheter son_nom.com, utilisé pour un site "adulte" pour 1 M$ et 5 ans après la même déconvenue est arrivée à de célèbres hommes politiques français qui se croyaient "branchés

un étudiant allemand utilise le nom de domaine www.verteidigungsministerium.de (ministère de la défense) pour expliquer à ses visiteurs comment échapper au service militaire et devenir objecteur de conscience.

Amaury Sport Organisationsociété gestionnaire du tour de France, a du batailler pendant 2 ans pour récupérer en 1998 www.Tourdefrance.com qui avait été acheté par un américain

McDonnald et Rolex ont également du payer le prix fort pour racheter leur nom

Elysee.com, matignon.com et whitehouse.com ne correspondent guère à ce à quoi on pourrait s'attendre

Pour les dernières présidentielles la plupart des noms imaginables avaient été déposés et leur cote aux enchères (entre 3000 et 250 000F) est une forme de sondage de popularité. Certains hommes politiques sont "hors marché" car ils ont pris la précaution d'acheter toutes les variantes de leur nom (Le Monde19 avril 2000)

Il ne faut pas non plus oublier de renouveler sa concession car un nom de domaine ne vous est attribué que pour 1 ou 2 ans et des cybersquatters guettent

MSN, portail de Microsoft avait eu un trou de mémoire et n'a du qu'a la présence d'esprit d'un de ses "fan" de ne pas tomber dans des mains hostiles (Les Echos 28/6/00)

L'entreprise Barnett a décidé de changer le nom de son site www.barnett-world.com en www.barnettsports.com et elle a abandonné son ancien domaine vers lequel pointaient de nombreux sites ... et ses catalogues papier. Bien entendu des cybersquatters s'en sont tout de suite emparés et aujourd'hui cette adresse est en déshérence

Amaury Sport Organisation à qui l'expérience de 1998 n'a pas servi, n'a pas eu cette chance, il a oublié de renouveler www.Tourdefrance.com dans les délais nécessaires et un certain M. Garcia, Cybersquatter professionnel qui avait déjà acheté dior.net et dior.com fcbayern.com et Audi.net, s'en est emparé le 26 septembre 2000. C'est aujourd'hui un site pour adulte en langue allemande qui bénéficie des "favoris" des adeptes de la petite reine. Tourdefrance.net appartient lui à TRB Systems, une société américaine basée dans le New Jersey et Tourdefrance.org a été déposé par une association sportive... du Sri Lanka. La directrice juridique d'ASO dit ne pas se faire de soucis car France2 a gagné son procès ... elle oublie simplement que la décision n'est pas executoire en Corée et à l'heure ou ces lignes sont écrites la visite du site ne laisse pas de doute sur ce point

Le rachat par des cybersquatters aux aguets des noms non renouvelés, le jour même de la date d'expiration, et le renvoi de ces adresses sur des sites pour adulte, installés dans des pays ou la justice reste une notion théorique, sont maintenant de pratique très courante: c'est une forme de racket face auquel une PME est aujourd'hui sans défense

Enfin il faut acheter toutes les variantes possibles du nom de l'entreprise et de ses marques y compris avec les fautes d'orthographe (jean-pierre, jean_pierre, jeanpierre, jean-piere,...) car sinon des cybersquatters spécialisés ne manqueront pas de "cerner" le site principal et de détourner les visiteurs : Le "cyberscam" consiste à déposer des noms de domaine proches de ceux de sites "légaux" de façon à récupérer les erreurs de frappe des adresses de site Web

un certain M. Zuccarini de Pennsylvanie a créé 5.500 sites Web de ce type pour détourner le trafic de sites connus en comptant sur les fautes de frappe des internautes. Il aurait ainsi enregistré 41 versions du nom de Britney Spears. La faute de frappe vous dirigeait alors vers un site pornographique ou de pari en ligne. Et si vous essayez de le quitter, une avalanche d'autres pages Web apparaissent à mesure que vous tentez de les fermer www.keytlaw.com/urls/zuccarini.htm

Les récentes décisions de justice tendent à donner raison aux propriétaires légitimes de la marque mais

  • La plupart du temps plaignant et cybersquatter résidaient dans le même pays

  • Les plaignants étaient bien souvent de grands groupes capables d'investir du temps et de l'argent dans ces contentieux a longue durée

  • Cet achat de votre nom peut aussi avoir été fait en toute bonne foi :Combien y a t il à travers le monde de Dupont, de Smith ou de Perez ? c'est le premier qui met les 70$ [8] sur la table qui devient propriétaire, et le seul propriétaire de Dupont.com, Smith.com ou Perez.com et vous êtes obligé de vous rabattre sur des noms moins commodes du type Dupont-nom-de-mon-activité
Ceci devient d'autant plus pénalisant qu'aujourd'hui, pour les adresses en ".com" notamment, il suffit de taper "DUPONT" dans un navigateur moderne pour arriver directement sur le site www.Dupont.com

D'autres mésaventures sont encore possibles : une célèbre production de biscuits américains a vu naître un site à son nom qui avait les apparences d'un site officiel et qui était en fait animé par un consommateur mécontent : autant dire qu'après avoir parcouru le site toute envie de consommer les biscuits de cette marque vous était définitivement passée.(exemple cité par William Comcowich d'Ultitech séminaire Aftel NY 98)

De même cogema.org avait été acheté par Greenpeace en juillet 2000, la Cogema n'a obtenu un arbitrage en sa faveur de l'OMPI que mi 2001

Selon une étude de Cybermark (www.cybermark.org), en France seuls 6,5 % des noms de domaine en ".com" appartiennent à la société propriétaire du nom, 86 % ont été déposés par d'autres sociétés (souvent distributeurs dans des pays ou acheter le nom est un réflexe) et 7,5 % à des spécialistes connus de la contrefaçon ou de la spéculation ("cybersquatters") et ZDNet de son côté indique que 34,5 % des 25 millions des noms d'entreprises françaises sont déjà enregistrées en .com..

Cette étude a en outre montré que les sites qui s'étaient fait voler leur nom en .com et qui l'ont récupéré ont vu leur chiffre d'affaire sur Internetmultiplié par 2 à 5

Dans le domaine du vin par exemple une soixantaine d'appellations contrôlées (comme château-du-pape.com) ont déjà été piratées et sont proposés à la revente (on parle de sommes de 200.000F) et les fédérations de producteurs vont créer une association pour essayer de les récupérer.

Bien entendu le cours des noms de domaine génériques recherché par les portails, a atteint des sommets pendant la "bulle"(bizness.com, loan.com,... se négocient plusieurs millions de $: business.com s'est vendu 7,5M$ et Peter Littke a refusé 50MF pour ebuy.com)

Récupérer son nom devant les tribunaux n'est pas toujours possible et c'est une procédure toujours longue et coûteuse

Porsche a déjà engagé 138 procès pour utilisation des marques dont il est propriétaire dont 50 seulement se sont conclus par des accords amiables dont on ignore les conditions, les autres suivant leur cours après un premier rejet de sa plainte par une cour de justice de virginie source ZDNet

Miele a perdu son arbitrage devant l'OMPI et n'a pu récupérer Miele.net, de même pour le Wall Street Journal qui ne pourra empêcher les sites d'intégrer WSJ dans leur nom et pour les laboratoires Garnier car Jacques Garnier a été plus rapide que le prestigieux mais peu réactif laboratoire

Panavision a du aller en appel pour mettre en échec le sieur Dennis Troeppen qui voulait lui revendre panavision.com pour 13.000$ (AP).

Armani.com échappe à Giorgio Armani L'OMPI a reconnu le droit à un graphiste canadien, Anand Ramnath Mani (AR Mani), de conserver un nom de domaine qu'il avait enregsitré en 1995. www.journaldunet.com/0108/010807armani.shtm

Nous ne saurions donc trop recommander d'effectuer de toute urgence cet investissement de précaution.

Nous ne saurions trop recommander non plus si vous créez un nouveau produit ou une nouvelle marque de vous assurer que le nom de domaine correspondant en ".com" est libre et de l'acheter de suite AVANT même de le déposer à l'Inpi (Attention: le simple fait de s'assurer qu'un nom est libre peut alerter un cybersquatter qui risque de l'acheter avant vous, la consultation et la réservation doit être fait dans la même session)

Les groupes puissants ne sont pas à l'abri de ces désagrément, et tout particulièrement les Français qui ont pris conscience plus tardivement de ces enjeux (il se crée un nom de domaine en .com toutes les 5 secondes)

L'opérateur Orange, filiale de France Telecom a acheté en novembre 2000 le nom de domaine orange.com à une entreprise américaine du Maryland, Orange Technologies, pour un montant qui "a été « significativement moins importante » que 5 millions de dollars" dixit l'entreprise

Vivendi a du par 2 fois mettre la main à la poche pour racheter le nom de son ex-futur grand portail vizavi: 24MF à un web bar parisien pour vis@vis et une somme non rendue publique pour une association Alsacienne qui avait déposé Vizavi.com et Thales (ex-Thomson-Csf n'a pu racheter son nom et doit se contenter de www.thalesgroup.com ...

Comme l'on pouvait s'y attendre cette ressource rare a donné lieu à l'émergence d'un marché et même de places de marché, comme www.Markbox.com de la société Apanage http://www.apanage.com , destinés à rapprocher des entreprises à la recherche de noms et "d'investisseurs" qui avaient su anticiper

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)