Le
e-learning conduit à l'éclatement des structures d'enseignement
en 3 métiers profondément distincts
ð La délivrance des enseignements: qui nécessite des
équipes de "tuteurs" alliant compétences scientifiques et
qualités humaines (capacité d'écoute, de jugement, de
charisme, d'animation, d'organisation). Il s'agit d'une activité de
service destinée au "client" final (B to C)
Dans le cadre de la formation continue ce tuteur n'est bien souvent pas un
"enseignant" mais un cadre de l'entreprise : "le e-learning leur apporte
un produit bien calibré, qui contient tout ce qui est important; ils
sont ainsi sécurisés et peuvent consacrer toute leur
énergie au tutorat et partager leur savoir" Philippe Rousselet,
Arcelor, Ecole de Paris du management fex 2003
ð L'elaboration de plateformes logicielles permettant d'utiliser
les cours, de gérer le tutoring et d'assurer les fonctions
administratives : il s'agit d'une activité de start-up d'Internet
Internet apporte le même bouleversement que le cinéma d'un coté et la télévision d'un autre en a apporté aux théâtres de province |
Les
représentations "live" données chaque soir par les
théatres de boulevards ont été largement remplacées
par de prospères chaines de télévision qui assurent une
programmation (en fonction du public visé) de films (en provenance pour
l'essentiel d'Hollywood, faisant appel à des vedettes mondialement
connues, mobilisant souvent d'énormes budgets rentabilisés en
quelques mois) à côté de "news", d'interview, de jeux
élaborés par la chaine.
Une industrie de support technique (caméras, émetteurs
hertziens,...) s'est développée a côté
Il subsiste pour un public "d'élite" quelques grands Opéras et
prestigieux théatres ... souvent déficitaires
Le e-learning est ainsi un enjeu pour notre balance commerciale (la
Banque Merrill Lynch estime que ce marché, hors système public,
pourrait croître de 3,6 Milliards de dollars en 1999 à 25 en
2003). Le Crédit Suisse l'évalue de son côté
à 40 Milliards de dollars en 2005
... mais aussi pour notre balance "culturelle": imaginons que
des universités comme Stanford ou Harvard offrent des formations
reconnues sur le plan international sous le "label" d'un prix Nobel et qui,
grâce aux économies de transport et de séjour revient
finalement moins cher qu'une formation universitaire (ou continue) en France,
que choisiront les étudiants (ou leurs parents) et les employeurs? ne
peut-on craindre, tant pour nos étudiants que pour ceux de pays tiers
où l'influence française se maintient de douloureuses
conséquences?: ne risque-t-on pas d'assister à la même
concentration qu'à Hollywood pour le cinéma aujourd'hui, nos
Ecoles étant reléguées au rang de "relais de tutorat"
Jan Rembowski ESC Reims?
Ce problème ne concerne évidemment pas seulement l'enseignement
supérieur
Cette mutation va entrainer de fortes évolution des métiers
d'enseignant: la disparition du "professeur" délivrant son
enseignement dans de grands amphithéâtres au profit
d'équipes pédagogiques élaborant des cours d'une part et
de tuteurs d'autre part
Evidemment une telle évolution met en exergue un certain nombre
d'aberrations du système actuel: un seul exemple, des enseignants
dans le supérieur payés en fonction du nombre d'heures de cours
(quelqu'en soit la qualité) à un tarif horaire ne
dépendant que de la qualité de la recherche (qui peut n'avoir
aucun rapport avec l'enseignement), le travail de préparation des cours
et le tutorat n'étant pas évalué ni
rémunéré alors que ce sont les métiers qui
subsisteront...
De nombreuses questions restent ouvertes: Quel modèle économique?
Logiciels libres? B to B?, ASP?, quelle rémunération pour les
auteurs des cours? Droit d'auteur? statut des e-professeurs?