A partir
de 2000 nous n'avons trouvé aucun organe de presse (journal, radio,
télévision) qui n'ait une activité Internet (ou tout du
moins un projet annoncé) et souvent les développements dans ce
domaine sont présentés comme le coeur de la stratégie
(Reuter, Pearson, Reed Elsevier, Thomson Corp,...) ....et une floraison de
nouveaux titres liés à la Net-économie sont apparus
En 2001 consulter un journal sur Internet commence à devenir un
réflexe courrant : le Site du Monde par exemple a reçu 3,2
millions de visites en juillet 2001, soit le double de l'année
précédente avec un nouveau doublement en 2002 : 7,98 millions de
connexions d'une durée moyenne de 10minutes (étude
Cybermétrie
www.mediametrie.fr) et
les Echos 3,1 millions
www.journaldunet.com/tops/top_cybermetrie.shtml
Reed Elsevier qui ne réalisait que 18M$ de CA sur Internet a annoncé en 2000 sa décision d'y investir 1,2Millards de dollars et le groupe Pearson 400M$. Thomson Corp a mis en vente ses 54 titres de presse pour se recentrer sur le Net |
Internet est en même temps un concurrent (en tant que média) et une opportunité de développement pour une industrie de production de rédactionnel. Concernant le premier point l'enquête réalisée en 2000 par l'Association Mondiale des Journaux montre que la Télé a plus souffert que la presse écrite : les premiers au classement mondial du taux de pénétration de la presse écrite (Norvège, Finlande, Suède) sont les mêmes que pour Internet (la France occupe le 28ème rang).
Dans un quotidien comme Les Echos l'expérience a même montré que la principale source d'abonnement au journal papier était ... le site lesechos.fr!
Dans les années 1998-1999 l'une comme l'autre ont fortement profité de l'explosion des investissements publicitaires des entreprises "Internet": le ralentissement de ce secteur provoque de significatives difficulté pour les organes de presse qui avaient bati leur stratégie trop fortement sur ce type de revenus
Le risque est cependant de croire qu'il serait possible d'utiliser Internet sans repenser profondément le métier afin d'être en mesure de répondre aux attentes des clients actuels (ou futurs) et des annonceurs potentiels ainsi que de trouver le modèle économique pertinent.
Ils devront créer, à partir de leurs compétences (fonds documentaires, capacité de synthèse, branchement sur l'événement,...) des produits totalement nouveaux.
Cela a conduit certains, comme le Monde à filialiser
l'activité (Le Monde Interactif dirigé par Alain
Giraudo et animé par Michel Colonna d'Istria) pour les
protéger des pesanteurs culturelles de la maison mère et
permettre d'accueillir des partenaires au capital.
Les DNA, comme la plupart des titres de la PQR (Presse Quotidienne Régionale), avaient déjà franchi le pas depuis longtemps pour le minitel (SdV Plurimédia, ce qui explique peut-être qu'ils furent les premiers de la PQR à se lancer en 1995) |
Il serait par exemple tout à fait absurde de mettre simplement le journal papier, tel quel, sur le Web (ce qui serait du "shovelware") tout en facturant le prix d'un exemplaire sous prétexte que l'on perd peut-être un lecteur
Les journaux américains l'ont bien compris en se regroupant pour créer des concepts totalement nouveaux voir le site de la "newspaper association of America" www.naa.org
le Monde www.lemonde.fr , 4 millions de pages vue par mois et Ouest-France www.France-ouest.com envisagent de suivre cette voie avec le projet ETEL mené par Christian Philibert ) |
Cette approche permet en outre de constituer des fichiers de clients facilement valorisables car l'éditeur connaît leurs préoccupations (et nous verrons plus loin l'importance de tels fichiers dans l'économie du Net ainsi que les problèmes déontologiques que pose leur commercialisation)
560 journaux américains se sont regroupés pour
créer un site
www.adquest.com pour essayer
de reprendre la main face à des nouveaux venus comme
www.themonsterbooard.com
qui en ont fait une spécialité et non une annexe "vache
à lait" leur permettant d'être beaucoup plus compétitifs
pour le client
de même 8 grands groupes de presse (140 journaux) ont fondé www.classifiedventures.com qui a créé www.cars.com, www.apartments.com et www.newhomenetwork.com en Grande Bretagne 7 groupe de presse (560 titres, deux tiers des PA) ont fondé www.adhunter.co.uk (400.000 véhicules, 60.000 emplois par semaine) : 1 million de pages vue par mois 6 mois après son lancement en 1997 Notons l'initiative de Spir communication spécialisé dans la presse gratuite (132 titres), et qui n'a pas de ce fait à craindre une cannibalisation de son édition papier et qui avec www.petites-annonces.fr regroupe 200.000 petites annonces "la Sentinelle" vous offre la possibilité d'être alerté par mail lorsqu'une annonce concerne un centre d'intérêt que vous lui avez signalé. Même démarche pour Comareg (le leader avec 165 publications, 15 millions d'exemplaires par semaine, distribués à 80% des foyers français 11 millions de PA) www.bonjour.fr, filiale d'Havas: L'option de départ de ne pas apporter de valeur ajoutée spécifique et de faire payer les consultations limitait les visites (60.000 utilisateurs par mois). La décision prise mi-98 de passer à la gratuité tout en enrichissant le site (multiplication par 10 du coût du site) par un riche contenu éditorial (conseil techniques, actualité du secteur, informations locales, agendas,...) et des services nouveaux (offres financières, bonnes affaires, voyages, pages jaunes,...) a conduit a une explosion de la fréquentation (+30% par mois dixit Marc Duteil directeur marketing)...sans pour autant entamer l'offre payante du minitel (+15% sur 1 an) Toutéla de Pierre Saliceti essaie de développer en France le modèle de Classified (racheté par Excite), profitant dit-il de l'absence de PA sur le web français pour produire une base de petites annonces (insertions gratuites mais vérifiées) distribuées par l'intermédiaire de partenaires (portails, médias,...) |
Pressed www.pressed.com donne accès (payant) à 8,5 millions d'articles de l'AFP et des journaux de référence de la presse française publiés depuis 1983 |
Libé
www.liberation.com (4
millions de pages vue par mois dont 45% depuis l'étranger,
précurseur de la presse nationale avec un site ouvert dès mai
1995) fournit ainsi dans l'édition électronique un
véritable prolongement du journal papier
Les Echos (Philippe Jannet) www.lesechos.com La Tribune (Frédéric Filloux) www.latribune.fr ou Investir (Elisabeth Chamontin) www.investir.fr ont su créer des bases de données économiques qui deviennent des outils de référence. Aux Echos l'Intranet a été installé en même temps que le web : il sert à récupérer l'information (Bloomberg, AFP, Reuter,..), mais aussi à la production des articles par les journalistes, à la validation par la rédaction et à la mise en page. Trois journalistes à temps plein, sur une équipe limitée à 12 personnes grâce à une automatisation poussée, assurent le "retraitement" pour le web en ajoutant des liens vers des dossiers, des biographies ou d'autres sites: la consigne est "d'ajouter de la profondeur Une grande partie du site est gratuite mais l'accès à l'ensemble des informations est payante, soit à la consultation soit par abonnement (150 à 300€/an) Un service de presse pour Intranet se met en place cette année en association avec les principaux journaux économiques mondiaux (Wall Street, Frankfurter, Financial Times, El païs, Il Sole,..) et elle permet une diffusion personnalisée en fonction du profil d'intérêt de chacun avec une fonction d'alerte Pourquoi pas à terme une fonction de courtage électronique? Au niveau de la maison mère (le Groupe Pearson), ce n'est pas moins d'une centaine de journalistes qui travaillent sur le "portail économique global ft.com La souplesse du web lui permet d'approvisionner l'information en continu (news, cours de bourse,...), - sans aller toutefois, comme Europe 1 www.EuropInfos.com jusqu'à "offrir de l'information à flux tendu disponible même sur le GSM-SFR avec service d'alerte personnalisé" (Edmond Zucchelli) - , et en même temps de pouvoir immédiatement accéder aux archives de l'entreprise ou du dossier concerné permettant ainsi une mise en perspective |
Selon l'étude menée par l'école de journalisme de l'Université Columbia 60 % des journaux US possédaient un site web éditorial au début 99.
Pour des journaux locaux ce peut être l'occasion de toucher le public de la "diaspora" (pour la presse quotidienne régionale française voir www.pqr.org)
Le télégramme de Brest
a ainsi, sur sa version
WEB, 33 % de clients "expatriés"
www.Bretagne-online.tm.fr
De même pour les Dernières Nouvelles d'Alsace ( Michel Landaret ) www.dna.fr.: 24% du trafic provient des USA, aucun abonnement n'a été perdu mais à l'inverse 12% des lecteurs-internautes, des jeunes pour l'essentiel, trouvent la version papier inintéressante. L'horoscope vient largement avant l'international, mais 60% des visiteurs lisent l'édito contre 5% pour la version papier.... Grâce à la pub, la seule ressource, le petit équilibre, 0,6MF,est atteint Les sites de la télévision nationale France2 www.france2.fr est "consulté à 85% depuis l'étranger ( Philippe Dumez ) et la télévision régionale : "France3 www.france3.fr permet de voir les actualités en image de sa région sans y résider (Serge Blin) A l'inverse le Parisien www.leparisien.fr qui couvre une large métropole essaie d'approfondir les déclinaisons plus locales |
Internet a permis la naissance d'innombrables newsletter, souvent gratuites dans tous les domaines susceptibles d'interesser les internautes (sport, finances, informations générales, cinéma,...et bien entendu Internet). Ces lettres sont souvent couplées à des sites qui offrent des développements sur les thèmes évoqués ainsi qu'un archivage des nouvelles déjà publiées. Financées jusqu'alors par la publicité, elles devront cependant pour la plupart s'orienter vers d'autres modèles devant l'affaiblissement de cette mane
Des "lettres confidentielles" financées par abonnements et sans publicité commencent à se lancer sur le web
Indigo Publication www.indigo-net.com de Maurice Botbol avec une information personnalisé payée à l'article sélectionné. Les logiciels très spécifiques à ces fonctionnalités a donné naissance à une start-up créée avec 3 jeunes centraliens Aldabra.com |
Certains journaux spécialisés ont fait du web leur édition principale
C'est le cas de l'éditeur de magazines informatique Le Journal du
Net
http://www.journaldunet.com
, 01Net
http://www.01net.com
et ZDNet
www.zdnet.com (120salariés
créé par Ziff-Davis filiale du japonais SoftBank et leader
mondial de l'information sur les NTIC et racheté en 2000 par CNet) avec
près de 200 millions de pages vue par mois début 1999 et pour
autant "le web renforce l'édition papier" dixit Julien Jacob. Ils
proposent également
de la formation ZD University et des jeux GameSpot www.gamespot.com leader de son secteur, 40 journalistes. Notons chez nous l'Odyssée Interactive www.jeuxvideo.com leader francophone le l'information sur les jeux vidéo, créé en 1995 par des étudiants et installé à Aurillac dans le Cantal : 3,5 million de pages consultée par mois début 1999 (le site est hébergé aux USA pour des problèmes de coût et de bande passante 45 Megaoctet/s), il devrait s'adjoindre une boutique en 1999 Ses challengers: Overgame www.overgame.com et Gamelog www.gamelog.com |
Enfin des Webzines (magazines édités uniquement sur le Web) se sont spécialisés dans l'évènementiel
World Media Live , syndication mondiale de 23 journaux créé dans le contexte de la guerre en Yougoslavie, dont la branche française www.worldmedia.fr est extrêmement active et couvre tous les grands évènements avec des sites spécifiques (tour de France, festival de Cannes, défilé d' Yves Saint Laurent ,...) pour un public essentiellement américain |
N'oublions pas non plus les radios maintenant que les débits et les techniques de compression permettent la diffusion de sons de qualité (Aujourd'hui 2.300 stations de radio émettent sur l'Internet)....et sans doute bientôt la télévision à la demande sur l'Internet, dès que la bande passante le permettra: là encore gageons qu'il faudra "réinventer ce média" pour le rendre plus interactif, le simple "pay per view" n'étant sans doute pas la formule gagnante
Reste encore à régler les problèmes juridiques des droits d'auteur des journalistes, problème qui paralyse aujourd'hui bien des initiatives, ainsi que celui des coûts d'hébergement ou de lignes spécialisées
Ils sont dans un rapport de 1 à 10 avec les Etats Unis d'après
le rapport 1999 de l'Aftel, et même jusqu'à 20 fois
supérieurs d'après Serge Blin de France3 qui
diffuse des images nécessitant des bandes passantes conséquentes)
qui inhibe bon nombre de développements
Une étude très fouillée de ce secteur, encore largement d'actualité, a été réalisée par Pierre Lemoine dans l'édition 1999 du rapport de l'Aftel www.aftel.fr |
Le problème majeur auquel sont confrontés les journaux est bien entendu celui du modèle économique:
Reuter annonçait réaliser en 2000 un CA plus important sur Internet qu'avec la presse traditionnelle
Evariste
©1996-2007
URL : http://www.evariste.org/new/index.html |
(Last update : Fri, 9 Feb 2007) |