Une des
mutations majeures entrainée par l'Internet est la remise en cause
radicale de ces process de conception, de production et de vente :
Jusqu'alors, dans l'économie traditionnelle, chacune des
opérations (prise de commande, approvisionnement, production, appel
à des sous-traitants, livraison,...) était initiée et
lancée l'une après l'autre: on était dans un processus
économique "séquentiel"
Ce que permet l'Internet, en interconnectant l'ensemble des acteurs de la
chaîne, c'est de lancer l'ensemble de ces opérations
simultanément. On passe ainsi à un processus "continu"
avec comme principale conséquence un écrasement radical des
délais
C'est cette mutation qui permet (nous le verrons moins) de produire des objet
"sur mesure" pour chaque client, avec des prix d'une production de masse, des
délais de livraison inférieure ceux de l'économie
traditionnelle tout en évitant d'avoir à financer des stocks
De même pour la conception de produits (comme une automobile, un
avion, un moule, une maison,...) Internet permet d'interconnecter les bureaux
d'étude de toutes les entreprises concernées qui peuvent apporter
chacune leur savoir faire. Celle-ci travaillent sur une "maquette
numérique" partagée (c'est "l"ingénierie concourrante" ou
"coingénierie") ce qui permet de réduire considérablement
les délais et les couts de conception,
voir page 215
Dans une économie qui exige des renouvellements de plus en plus
fréquents des produits, la "productivité" des bureaux
d'étude devient un facteur essentiel de compétitivité
" si de 1997 à 2001, neuf « évènements produits » (lancement de nouveaux véhicules ou restyling profond) ont eu lieu pour le Groupe, la période 2002-2004 devrait voir 25 « évènements produits » se dérouler, ce qui constitue une augmentation drastique"Annick Gentes-Kruch, Directeur e-business de PSA, net2003 avril 2003 www.afnet.fr |
Dans la nouvelle organisation qui se dessine, l'ensemble des opérateurs est interconnecté grâce à l'Internet, véritable système nerveux qui les relie entre eux (on appelle cela un "extranet" voir page 208),
Demain notre client trouvera chez lui ou chez son marchand, comme déjà aujourd'hui chez les "Meubles Grange" page 51 ou chez Buronomic www.buronomic.fr, un outil de simulation et de visualisation lui permettant de "créer" sa bibliothèque en fonction de ses gouts, de ses contraintes de place et de son budget (mensurations, tiroirs, partie vitrée, accessoires,...): lorsque son choix sera fait son "clic" de commande n'envoie pas une simple "information" mais une "instruction" qui traverse sans délai l'ensemble des maillons de la chaîne de production-livraison-paiement sans aucune resaisie
Lorsque que le client lance sa commande, celle-ci "'irrigue", d'un clic, sans aucun délais, chacun des acteurs avec les instructions qui le concerne : il lance directement l'ensemble des processus de fabrication, de facturation et de paiement: Ce qu'il envoie alors sur l'Internet, ce n'est pas seulement des informations, mais des instructions exécutoires.
Sans aucune resaisie intermédiaire, les mensurations qu'il aura choisies iront directement commander la machine à commande numérique qui usinera les panneaux dans l'usine, initiera les commandes de serrurerie, lancera la production chez les sous-traitants concernés, organisera la logistique pour la livraison, transmettra les ordres de paiement relatifs à chacune de ces opérations, entrainera la passation de l'ensemble des opérations comptables...
La valeur ajoutée des différents opérateurs change alors profondément de nature. Elle se situera en particulier dans la définition préalable de l'ensemble des process: ceux-ci devront faire l'objet d'une programmation afin de pouvoir être déclenchés automatiquement par les choix du client (programmation de la machine-outil, ordonnancement de la production, processus comptable, organisation de la logistique,...)
L'action des acteurs se situe dorénavant au niveau de la conception, de l'amélioration permanente et du contrôle de ce process (notamment de la gestion des anomalies qui permet d'en améliorer l'efficacité) et non plus de son exécution qui est automatisée
On comprend ainsi comment cette nouvelle organisation, permise par les technologies de l'Internet, peut écraser les délais et éviter d'avoir à constituer les stocks de produits aujourd'hui nécessaires pour être en mesure de répondre dans des délais courts au client (et cela avec des produits qui correspondent seulement "à peu près" à ses besoins)
Animation ppt accessible à www.yolin.net/process.ppt
Mutatis
mutandis, avec une organisation industrielle infiniment plus complexe (voir page 227) l'industrie automobile bascule
dans cette nouvelle organisation avec pour objectif de fournir aux clients
exactement la voiture qu'il désire (et non le modèle en stocks
qu'un "bon" garagiste arrivera à lui "fourguer" éventuellement
avec une remise). Renault estime
François Hinfray déclarait aux Echos en juillet 2002 "40% des
clients d'automobiles en Europe font une recherche sur le Web avant d'acheter.
Internet nous a apporté 10.000 nouveaux clients que nous n'aurions
jamais eu sans cela sur les 6 premiers mois de 2002"
Délais d'appro: avec le "e-procurement"
voir page 190 et les Market Places
les gains sont estimés à 50%
voir page 233
Bien entendu, tout au long de cette chaîne, le produit et ses composants
seront très précisément localisés avec un suivi
qualité continu
En outre moins de stocks c'est aussi une moindre vulnérabilité
à l'évolution parfois brutale des prix : les mémoires DRAM
ont baissé de 80% en 2001, DELL qui n'a que 5h de stocks a
gagné 1,7Milliards de $ en accroissant ses parts de marché
là ou ses concurrents "buvaient la tasse"
"Cela va nécessiter une adaptation de l'outil industriel et la
formation de 28000 personnes pour être capable de produire une voiture
avec un préavis de 5 jours ...internet va booster la diversité
des modèles ... jusqu'à présent nos voitures neuves
attendaient les clients qui devaient se rabattre sur les modèles
disponibles" (André Bodis, Renault aux Echos)
Derrière cette digression d'apparence très technique se cache une profonde révolution : |
A l'occasion de la fusion des systèmes d'Elf et de Total, Philippe Chalon déclarait aux Echos :"Lorsque le réseau tombe c'est notre trésorerie qui ne fonctionne plus, tout comme nos ERP, sans parler des raffineries qui ne peuvent plus charger les camions de livraison,... |
Evariste
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(Last update : Fri, 9 Feb 2007) |