Ce rapport 2003 est la septième édition depuis la première
demande du Ministre, en 1997 nous chargeant
Il apparaît aujourd'hui clairement qu'Internet ce n'est ni du contenu,
ni du contenant (ce n'est ni un "média" ni des télécom
et encore moins une synergie entre ces deux métiers profondément
différents), ni pour l'essentiel de la technologie, ni de la
communication, ni de l'information (dans NTIC, seul N est à conserver!),
que les sites web et le commerce électronique ne sont qu'une infime
partie du problème, qu'Internet, outil extrêmement puissant et qui
fera la différence dans la compétition n'est pas pour autant un
"gri-gri" qui dispenserait d'avoir un vrai métier avec des vrais
produits ou services, avec des vrais clients et un vrai compte d'exploitation
Internet est un outil de réseau, l'outil des transactions qui
transmet des instructions opérationnelles autant que des informations.
Il change en profondeur l'organisation des entreprises et permet des gains
considérables en écrasant les coûts: couts
administratifs permettant un redéploiement du personnel vers les
clients, coûts d'achat, coûts de formation, coût du SAV et
augmentation de son efficacité, en limitant les stocks et
en cours et donc les besoins de capitaux pour opérer une
entreprise, en réduisant temps et coût de conception d'un
nouveau produit, en donnant les moyens d'un suivi logistique performant
et en assurant aux "nomades" une connection à ce réseau
aussi efficace qu'aux sédentaires
C'est un outil de compétivité de flexibilité et de
réactivité: c'est en fait le nouveau système
nerveux de nos entreprises: son appropriation n'est ni un
problème technique, ni financier, mais culturel (organisation
autour de la satisfaction du client) et organisationnel (accent sur un
fonctionnement en réseau autour de projets avec un déplacement
fort des mécanismes de pouvoir)
C'est aussi un outil de modernisation des administrations, leur
permettant d'être plus efficaces, d'avoir des guichets
électroniques disponibles en permanence, générant moins de
frais pour les administrés grace à des procédures en ligne
et à visage plus humain, les tâches "de bureau" étant
automatisée les fonctionnaires devraient pouvoir être davantage
disponibles pour leurs concitoyens
Internet, loin de "déhumaniser" réduit toutes les
tâches automatisabes dans le cadre de process (comptabilité,
approvisionnement, organisation de la production, suivi client, archivage,
suivi qualité,...) et permet à l'inverse de redéployer le
personnel vers de fonctions d'écoute client, de développement de
partenariats, d'innovation, de conduite de projet
Internet entraine également une mutation profonde de l'organisation
du tissu industriel: réduisant les couts et les délais des
transactions interentreprises (production ou conception d'un produit nouveau)
permettant l'indispensable traçabilité exigée des
processus qualité, il conduit les entreprises à se
spécialiser sur leur coeur de metier et à se configurer en
"entreprise virtuelle" autour de projets (conception et construction
d'un avion, chantier petit ou gand de BTP, tourisme,..), en accroissant sa
capacité à s'adapter aux fluctuations chaque jour plus brutales
du marché (jusqu'au cas extrême de la Fabless Company): à
tel point, comme nous l'avons observé aux US, que symboliquement le
"firewall", protection des informations sensibles contre les intrusions, n'est
plus autour de l'entreprise à travers les entreprises mais autour du
projet
Bien entendu, cela implique qu'une entreprise ne peut véritablement
tirer bénéfice d'Internet que si cette évolution concerne
simultanémentses founisseurs, clients et partenaires : c'est une des
grandes difficulté qui confère aux pouvoirs publics et aux grands
donneurs d'ordre une responsabilité particulère à travers
le lancement d'action collective comme ce fut le cas, avec
succès, dans le domaine de la qualité il y a quelques
années
Internet introduisant de nouveaux modèles d'organisation, de nouveaux
produits ou services, continue à offrir des opportunités
nombreuses de création d'entreprises et la folie des start-up ne
doit pas occulter l'importance toujours actuel de cet enjeu: tout simplement
créer une entreprise redevient ce qu'elle a toujours été,
une aventure difficile et risquée, mais indispensable à la
vitalité et au renouvellement de notre tissu économique et qui en
tant que tel, mérite une attention d'autant plus soutenue des pouvoirs
publics que les financements se font rares.
Parmi les innombrables start-up qui ont disparu, certaines avaient
développé des concepts qui ne nous paraissent pas pour autant
condamnés: sans doute en avance sur leur temps elles avaient
anticipé une adoption plus rapide de leurs produits ou technologies en
sous-estimant la lenteur des évolutions des esprits, ou dans d'autres
cas elles ont été poussées à un
développement trop rapide, notamment à l'international par des
investisseurs impatients et elles n'ont pas tenu le choc. Nous n'avons pas
voulu gommer ces aventures qui seront sans doute reprises plus tard par
d'autres, ni nous gausser de ces échecs, car même si le
succès n'est pas au bout du chemin, le fait d'avoir oser créer
mérite notre respect
Malheureusement nos nombreux déplacement à l'étranger,
tant dans les pays du Nord qu'aux Etats Unis ou en Asie nous ont montré
le creusement de l'écart entre nos entreprises et leurs
compétiteurs : notre modèle sociologique d'entreprise, issu,
comme dans les autres pays latins, de l'agriculture est basé sur "la
défense de territoires", et donc sur le modèle hierarchique, ou
la fidélité est plus reconnue que la compétence, peu
adaptée à une organisation en projets partenariaux en
réseau. Nos entreprises ont vu arriver Internet non comme une
opportunité mais comme une menace et n'ont pas caché leur
satisfaction devant ce qu'ils ont cru être l'effondrement de la "nouvelle
économie" qui ne concernait en fait que les aspects superficiels et
excessif, et ont totalement détourné leur attention de ce
qu'elles considèrent aujourd'hui comme un mirage dissipé
Sur le plan géopolitique, à côté de la
domination des Etats Unis et du niveau d'excellence de l'Europe du Nord on note
que le Japon (en dehors des technologies nomades) souffre des mêmes
difficultés culturelles que nous pour pouvoir pleinement exploiter les
potentialités de l'Internet, mais qu'à l'inverse émergent
de nouveaux foyers de développement de très haut niveau en Inde
et dans le "monde Chinois" (périphérie du pacifique et Asie du
Sud-Est)
Le classement du World Economic 2002 basé sur le jugement des
businessmen de la planète, est certes très contestable, mais,
avec une recul de notre pays de 10 places (a la 30ème place,
l'Italie étant à la 39ème place) alors que les
pays ayant misé sur internet caracolent en tête (Amérique
du Nord mais aussi, Pays du nord et Dragons asiatique) doit néanmoins
nous inciter à la reflexion
Certains philosophes ont même idéalisé cet état de
fait dans un sommet de "french arrogance" en déclarant "la France ne
prend pas du retard, elle prend du recul": espérons que le
précipice n'est pas juste dans notre dos
Sur le plan de la technologie nous ne noterons cette année que la
percée spectaculaire au niveau mondial de la technologie WiFi qui
permet un accès sans fil beaucoup plus rapide que l'UMTS et infiniment
moins cher arriveront-elle à se compléter ? certains en doutent
et craingnent de nouvelles difficultés pour la "3G"
Confucius disait "l'ennemi de la connaissance n'est pas l'ignorance mais
le fait que l'on croit savoir": ce rapport se donne comme objectif
d'essayer d'aller au delà des apparence et de mettre le projecteur sur
les éléments clé de cette mutation, la
compétivité et les actions à entreprendre par les acteurs
concernés
Un grand nombre de personnes (entreprises, sociétés de conseil,
organismes de formation,...) nous ont suggéré d'assurer la mise
à jour d'un rapport qu'ils utilisent comme document de
référence (support de cours, source d'exemples d'application pour
la sensibilisation et le conseil, guide méthodologique, ...).
La présente version essaye de répondre à cette demande:
Comme la précédente, celle-ci est consultable à l'adresse
www.dredad.org/industrie/jmycs (depuis sa première publication
ce rapport a reçu près d'un million de requêtes provenant
de 103 pays), où il est possible de la télécharger ou de
l'utiliser en format html comme plate-forme de navigation pour accéder
à toutes les sources citées (le sommaire très
détaillé essaie de faciliter un accès direct et rapide
à la préoccupation du lecteur).
En outre une page de News -
www.yolin.net - permettra de
continuer à l'enrichir progressivement par des développements
spécifiques (formation, intelligence économique,
développement économique local, création d'entreprises
dans les NTIC, infrastructures et aménagement du territoire, Internet et
collectivités locales, rapports de mission,...) et de rester à
votre écoute pour continuer à capitaliser notre expérience
collective
Merci à tous
L'année 2002, amplifiant le mouvement amorcé en 2001 a
été l'année des paradoxes avec une divergence
totale entre le "monde réel" et le "monde financier" :
La nouvelle économie poursuit son développement rapide mais loin
des feux de la rampe : c'est au coeur des entreprises qu'elle apporte ses
mutations
Evariste
©1996-2007
URL : http://www.adminet.com/evariste/yolin/2003/preambule.html |
(Last update : Mon, 21 Jan 2008) |