Les
conditions techniques et économiques étant assez voisines entre
les pays de l'OCDE, il y a tout lieu de penser que, là où la
concurrence s'exercera, les coûts en France pour disposer d'une desserte
à haut débit, vont s'aligner sur ceux de pays comme les USA,
c'est-à-dire baisser de 50 à 80%...par an , et que les
débits et la qualité vont considérablement augmenter.
Rappelons que 8% du marché des télécommunications se situe
à La Défense et en 2001 plus de 50% des clients du haut
débit étaient Franciliens
"c'est à Paris que les opérateurs réalisent 80
à 99% de leur chiffre d'affaire à haut débit les clients
"grands comptes" considèrent que la concurrence n'est établie que
sur Paris et une partie de la petite couronne...la conséquence est un
prix qui peut être multiplié par 2,5" (étude CCIP
mai 2002). Et que dire pour les "petits comptes" et les PME de province! :
l'étude Tactis
www.tactis.fr menée
pour notre ministère révèle que la moitié des PME
interrogées estiment que l'absence de compétition locale a une
incidence sur leur compétitivité
Aujourd'hui si Lyon est le théâtre d'une
sévère compétition (une quarantaine
d'opérateurs s'y bousculent: Siris, Hermès, Cegetel, France
Télécom, Worldcom, Bouygues, Omnicom, Colt, Completel,..)
Il n'en est pas de même pour la plupart de nos capitales
régionales :
Qwest, Level3, Worldcom, GTS, Colt, Telia visent
les 20 à 30 villes européennes majeures et les cartes mondiales
de leurs réseaux en projet sont parlantes à cet égard:
elles se limitent à la fameuse "banane bleue" qui va de Londres à
Milan en passant par Amsterdam et la Bavière. Elle ne comprend pour la
France que Strasbourg et Lyon ainsi qu'un point singulier:
Paris
Interrogés sur le salon Internet Fall de New York en Octobre 1999 sur leurs projets pour le reste de notre pays la réponse fut "it's not a market" MCI-Worldcom avait affiché sa stratégie : " Déploiement de boucle locale en fibre optique dans les quartiers d'affaires et construction d'une infrastructure longue distance". Il a pour cela déjà investi 32 milliards de dollars la branche française dessert aujourd'hui Paris, Lyon, Lille, Strasbourg et Marseille)" Colt, financé par le fonds de pension américain fidelity (et dont la valeur boursière a été multiplié par cinq en 1998), s'est spécialisé dans la boucle locale en fibre optique dans les quartiers d'affaires, Il loue ses capacités de transport longue distance à Hermès-GTS en attendant de construire les siennes (500 millions de livres ont été levés à cette fin au début 1999 pour relier, en association avec level3, Francfort, Amsterdam, Bruxelles et Londres, soit 4. 900 km de fibre). Il est présent dans neuf villes européennes et son objectif était de desservir 25 métropoles européennes dont, pour notre pays, Paris, Lyon et Marseille. Il a levé pour cela 800 millions de dollars GTS (global TeleSystem), soutenu par le financier George Soros, et maintenant le groupe AXA, s'est jusqu'ici spécialisée dans les réseaux longue distance à très haut débit (Trans European Network construit en rachetant des réseaux ou des droits de passage aux chemins de fer, voies navigables, compagnie des pipelines, autoroutes,...) . Ce réseau de 12.000 km Hermès, maillé pour des raisons de sécurité, relie aujourd'hui 19 villes. Il doit passer progressivement à 20.000 km L'entreprise a décidé au printemps 1999 se jeter, elle aussi, dans la bataille des boucles locales en fibre optique dans les quartiers d'affaires et elle a racheté Omnicom (le 5) qui lui aapporté 11.500 clients PME pour 1,3 milliards de francs, Esprit Telecom (le 6), ainsi que des fournisseurs d'accès Internet Ebone et Netsource En 2002 c'est LDCom (Louis Dreyfus) qui "ramasse la mise et fédère progressivement les opérateurs (rachat d'Omnicom, Squadran (ex-Fortel, Kertel, Belgacom France, Kaptech, 9Telecom, FirstMark,...) Son président, Gerald Thames, considère que dans les 30 à 35 plus grandes villes européennes il y aura cinq ou six compétiteur: dans les cinq ans à venir il prévoit d'être actif dans treize d'entre elles (dont Paris pour la France) Level3 a inauguré son activité en France en juin 1999 et va de son côté construire son propre réseau : Il affirme être d'ores et déjà en mesure de réduire de 50% le coût des liaisons spécialisées La boucle parisienne, 118 km, sera raccordée au réseau français long de 1100 km au total, bâti entièrement sur la norme IP, y compris pour la voix. Il devrait desservir Lille, Lyon et Strasbourg. Le dispositif français intègre un réseau reliant plusieurs centres économiques européens (Londres, Francfort, Bruxelles, Amsterdam) connecté à l'autre rive de l'atlantique à son réseau américain (10.000 km de lignes entre 50 métropoles US) par un câble de 1 280 Gigabit/s (1,28 térabit/s) "La plupart des réseaux actuels sont des réseaux téléphoniques ajustés pour transmettre des données. Nous construisons aujourd'hui le réseau international de demain pour un service de transmission de données et de voix aux plus bas coût" Colin Williams, patron Europe de level3 Teleglobe, opérateur canadien a ouvert le premier tronçon de son réseau paneuropéen. Celui-ci, long de 1.700 km reliera Paris, Londres, Rotterdam, Bruxelles et Anvers, puis s'étendra vers l'Allemagne. Telia l'opérateur Suédois investit 10Milliards de couronnes dans son réseau pan-européen Viking qui reliera les principales grandes villes La technologie DWDM de multiplexage de longueurs d'onde utilisée, fournie par Alcatel, lui permettra d'obtenir un débit de 400 Gigabit/s par fibre L'investissement prévu au niveau mondial pour ce réseau est de 5 Milliards de dollars Quant à Cegetel, il fait encore preuve d'une agressivité commerciale fort modérée d'après les interlocuteurs que nous avons pu rencontrer, ce que confirme avec leur sens habituel de l'understatement leur partenaire britannique Pat Gallagher, patron de BT Europe : "le secteur entreprise de Cegetel n'a pas eu des résultats aussi bons que nous le pensions" (cegetel n'avait, fin 98 que 6.200 clients, soit la moitié de la petite Omnicom) |
Cette situation inquiète de nombreuses agglomérations comme Besançon, Toulouse, Nancy, Dijon, Caen ou Castres-Mazamet, qui craignent pour le développement de leurs entreprises (le rapport Bourdier www.telecom.gouv.fr/francais/lois-rapp/rapportbo.htm attire l'attention sur le fait que seules 25 à 30 villes bénéficieront d'une desserte)
Fin 2002 le Comité Economique et Social sous l'impulsion d'André Marcon lance un cri d'alarme
"dans la sous-traitance aéronautiqueil y a des grosses PMI implantées en milieu rural. Comment assurer leur maintien alors que de plus en plus de tâches passent par le haut débit?" Manuel de Lara, Directeur de l'Antic, Pays Basque
La situation est encore plus préoccupante pour les zones rurales ou en reconversion comme l'ont montré les Assises pour la société de l'information de Midi Pyrénées tenues à Albi les 5 et 6 mai 1999 www.cr-mip.fr
Il y a tout lieu de penser que dans les régions à dominante agricole, comme le grand sud-ouest, ou dans les zones sinistrées comme les zones minières et sidérurgiques les opérateurs Telecom qui doivent concentrer leurs forces dans la bataille qui se prépare pour conquérir les quartiers d'affaires, ne vont pas spontanément y disperser leurs moyens et se bousculer pour investir:
C'est entre nos régions que la fracture numérique risque d'aggraver les déséquilibres économiques
L'Odyssée interactive
, leader francophone des sites de
jeux vidéo implanté à Aurillac dans le Cantal a du
délocaliser son serveur qui dispose d'une bande passante de 45 Mo/s aux
Etats Unis pour des raisons tant de coût que de bande passante
L'IME, imprimerie située à l'écart de Besançon et travaillant sur des clichés à très haute définition pour des livres d'art (leader européen) nous a dit se poser la question de sa délocalisation à cause de la difficulté à obtenir une liaison à haut débit et des coûts y afférent notamment pour assurer les liaison avec une autre de ses usines (les liaisons internes au site, reliant les machines de production étant gigabit) et pour la télémaintenance de ses machines allemandes et japonaises |
Le risque est de voir augmenter dans de grandes proportions les disparités tant de prix qu'en capacité de liaison entre régions «branchées» et les autres.
France Télécom annonçait par exemple en 1999 qu'elle concentrerait ses efforts d'installation de l'ADSL là où ses concurrents disposaient du câble et non dans les zones rurales où aucun concurrent ne la menaçait (La Tribune 8 juin 1999)...
En 2000 les coûts d'une liaison 2 Mbps était 3 à 4 fois plus élevé dans le Tarn qu'en région Parisienne (étude de notre ministère sur les PME du Tarn)
C'est le raisonnement qui a conduit le Conseil Général du
Tarn à lancer en 1998 un projet de développement de
réseau départemental à haut débit et à
créer le 26 mai 2000 une société d'économie mixte,
e-téra
www.e-tera.com pour la mise
en oeuvre.
Celui-ci se compose fin 2002 d' un réseau de 300 km composé de plus de 70 fibres optiques d'une capacité unitaire de 2,5 Gigabit/s qui relie le coeur de 22 villes et permet de relier par exemple la boucle locale de Castres-Mazamet à toulouse. Il permettra aux opérateurs, depuis ce réseau de se brancher directement sur les concentrateurs de France Télécom pour se connecter avec les lignes dégroupées. Par ailleurs il met en oeuvre et exploite le réseau Synapse destiné aux établissements d'enseignement (66.000 élèves), connecté à Renater Enfin ce réseau est complété par des services satellitaires pour les zones à faible densité non desservies par la fibre, la multidiffusion de données (broadcast) ainsi que la réception de visio-formation De même à Toulouse 21 communes de la communauté d'agglomération ont développé l'IMT (pour Infrastructure Métropolitaine de Télécommunications) www.grandtoulouse.org/eco/secteurs/tic/imt.html qui prévoit dans sa phase finale 220 kilomètres de réseau www.lagazettedescommunes.com/depeches/depeches_ld.asp?id=1659 . Un premier tronçon de 91 kilomètres composé de 5 boucles locales déployées sur les parcs d'activités à la périphérie de la ville est opérationnel depuis fin 2001. Financée par la collectivité, cette infrastructure représente un investissement de 45 à 50 millions de francs (6,8 à 7,6 millions d'euros) auxquels s'ajoutent 8 millions de francs (1,2 million d'euros) d'investissement de l'exploitant, le groupe italien Sorti |
La Suède qui dispose d'un territoire plus grand que l'Angleterre mais infiniment moins peuplé et qui ne souhaite pas voir toute la population se concentrer sur la capitale développe actuellement sur un projet d'infrastructures à très haut débit, financé par les pouvoirs publics et loué ensuite à des opérateurs dans des conditions telles que les zones les plus reculées bénéficient d'une qualité de raccordement (cout/débit: 5 à 10 Mbps pour 150F) leur permettant de rester compétitive:
pour le dernier état du projet voir www.itkommissionen.se et en particulier www.itkommissionen.se/extra/document/?id=347
Evariste
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(Last update : Fri, 9 Feb 2007) |