[ Yolin | 2003 | Sommaire ]

7.3.3.4.7.2 Financer et fidéliser des cadres expérimentés, payer avocats, conseil et fournisseurs sans sortir de cash: les stock-options

Une jeune entreprise à fort potentiel, qui vise à occuper dans des délais très courts la place de leader sur son créneau, a besoin de cadres expérimentés, notamment pour les fonctions marketing et elle ne peut à l'évidence s'aligner sur les salaires pratiqués par les entreprises déjà établies.

La solution qui a fait ses preuves dans les pays anglo-saxons pour tourner cette difficulté est celle des stock options: le cadre ainsi recruté est amené à accepter de voir son salaire divisé par 2 ou 3 mais en contrepartie il reçoit des actions qui, en cas de succès, lui permettent d'espérer faire fortune: l'expérience récente a montré que dans une start-up ce n'est nullement un salaire déguisé....

"c'est comme cela que nous avons réussi à faire venir le directeur financier d'Adobe chez nous, son salaire était inférieur de 40% à ce qu'il gagnait auparavant, mais le jour de la vente de l'entreprise chacun a gagné bien davantage avec les stock options que le montant des salaires cumulés depuis le début de l'aventure: 12.000$ investis en stock options au départ de l'entreprises ont rapporté 1,5 Million de dollars le jour du rachat" raconte Eric Hautemont, un des 5 fondateurs de Raydream

de même Jim Barksdale, Pdg de Netscape, a quitté ATT et la côte est des Etats unis pour venir gagner 10 fois moins à Moutain View, Greg Maffei directeur financier de Microsoft est parti diriger Worldwide Fiber, Georges Shaheen à quitté la direction générale d'Andersen Consulting pour oser prendre le risque de la start-up Webvan

Les Stock-options permettent en Californie non seulement de réunir l'équipe de départ mais aussi de payer les honoraires des avocats (c'est de cette manière que le cabinet Wilson, Sonsini, Goodrich et Rosati, qui a accompagné les premiers pas de Intel, Oracle ou Apple, est devenu si puissant, au point même de fonder son propre fonds de capital-risque).

De même la PME peut ainsi sans bourse délier s'attacher les services de consultants renommés, payer ses fournisseurs,...ou son propriétaire immobilier

"les stock-options sont un excellent moyen de lancer une entreprise sans le moindre capital" Alex Gonthier fondateur en Californie d'une start-up en train de développer une nouvelle technique pour payer de petits achats sur le Net sans utiliser de carte de crédit (interviewé par Michel Ktitareff)

Par ailleurs les plans de stock options sont un moyen de fidéliser les ingénieurs les plus doués

Eric Moreau , Pdg d'Apogée communication (100MF de CA, +50% par an) à Orsay, disait aux Echos à quel point un tel plan lui manquait car son turn over de 7 à 8% était extrêmement déstabilisant pour la conduite de son développement

Cisco assure que c'est grâce à une politique de Stock Options particulièrement importante qu'il a réussi à limiter le turn over à 5% : 1$ investi il y a 4 ans en vaut 870 aujourd'hui, tant et si bien que la plupart des secrétaires sont millionnaires en dollars (Bill Finkelstein séminaire Aftel NY nov 98)

Quant à Eric Monteil, Pdg d'Augeo (30 MF de CA, doublement annuel, spécialiste du knowledge management), il a décidé en partie pour cette raison de transférer sa R&D en Californie

Enfin dernière vertu et non des moindres des stock options: ce sont elles qui permettent l'émergence de Business Angels. En effet lors de la réalisation du plan de stock options (introduction en bourse ou rachat), si la start-up a été un succès, les principaux acteurs de l'entreprise se trouvent avoir tout à la fois les moyens financiers et l'expérience industrielle indispensables au succès dans ce métier

Ce système paraît particulièrement vertueux : l'expérience de cette année a montré que "en cas de succès" n'est pas une clause de style et les managers des entreprises ne tirent bénéfice de ces dispositions que s'il y a eu une vraie création de valeur (dont ils récupèrent une partie). Dans ce cas tout le monde y gagne, au premier rang desquels les artisans de celui-ci, en cas de déboire, ceux qui ont pris le risque de la start-up en supportent personnellement les conséquences: parmi les exemples cités ci-dessus par exemple Georges Shaheen qui avait abandonné un salaire de 5M$ chez Andersen Consulting a tout perdu avec la déconfiture de Webvan (les mauvaises langues disent que de toute façon il aurait tout perdu en jouant la "sécurité" que représentait Andersen)

Il est regrettable qu'à la suite de détournements par des grands groupes pour contourner les règles fiscales (en en faisant des salaires déguisés) cette mesure fiscale ait été globalement abandonné dans notre pays.

Les "bons de créateurs d'entreprises", apportent une première réponse, techniquement interessante, mais certains leur reprochent leur manque de lisibilité notamment à l'international

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)