1999 et
le début 2000 ont été marqués par une perte de
repère des investisseurs qui, conscients de l'ampleur de la
révolution en cours sans bien en comprendre les ressorts, et craignant
de "rater le train" ont déclenché des surenchères sur les
valeurs boursières jusqu'à des valeurs sans rapport avec la
capacité des entreprises à créer de la valeur (soit par
leurs bénéfices après la phase de développement,
soit par le potentiel de leur technologie pour un acheteur)
Ce phénomène a été amplifié par le fait que
le prix d'une action, sur courte période, ne dépend pas de la
valeur économique de l'entreprise, mais du prix auquel vous pouvez
espérer la revendre ... et ce prix dépend uniquement de ce que
vous pensez que les autres pensent, et comme ceux-ci font de même, la
valeur d'une action dépend de ce que vous pensez que les autres acteurs
pensent que vous pensez on comprend bien l'extrême instabilité que
cela crée
De surcroît Internet lui-même donnait la capacité
d'effectuer des transactions beaucoup plus rapides, de façon beaucoup
moins onéreuse et avec des outils d'aide à la décision
extrêmement sophistiqués permettant au premier venu de disposer
d'écrans analogues à ceux des "golden boys" et de penser qu'il
disposait de la même information que les professionnels (courtiers en
ligne
voir page 92)
Enfin le principal actif d'une entreprise est aujourd'hui constitué
d'immatériel : sa valeur est, comme le souligne Jeremy Rifkin,
intrinsèquement beaucoup plus volatile qu'autrefois
Bien entendu cette vague spéculative, après l'éclatement
de la "bulle", le "e-krach", est suivie par un creux tout aussi
exagéré depuis lors renforçant l'idée pour certains
que l'internet n'était qu'une mode éphémère comme
la spéculation sur les tulipes au XVIIème siècle
Ce
phénomène avait été parfaitement prévu dans
son principe par tous les économistes (avec en particulier la
célèbre courbe du Gartner) ...si ce n'est la date: La chute s'est
produite 6 mois plus tard que prévu, ce qui a provoqué la ruine
de ceux qui avaient "raisonnablement" spéculé à la baisse
en juin 1999 comme Georges Soros et Tiger Fund et qui a accru encore
l'amplitude de la vague
En fait l'analyse, non des cours de bourse, mais du développement des
usages montre que pendant cette crise financière le développement
de l'Internet, tant pour les particuliers que pour les entreprises se
poursuivait sans rupture de rythme
voir page
41
"notre étude démontre au contraire que loin d'être un
pétard mouillé, l'e-business est une bombe à
retardement" Novamétrie
www.novametrie.com livre blanc
2001
Selon
Lawrence Roberts
, l'un des "pères" d'Arpanet,
l'ancêtre de l'Internet, le trafic des grandes artères de
l'Internet américain (compté en octets) aurait été
multiplié par 4 entre avril 2000 et avril 2001. La croissance interne
aux États-Unis serait supérieure au rythme moyen
enregistré depuis 1997, tandis que le trafic entre les États-Unis
et le reste du monde n'augmenterait "que" de 200 % par an. Les entreprises
représentent 80 % du trafic.
www.caspiannetworks.com/pressroom/press/08.15.01.shtml www.caspiannetworks.com/library/presentations/traffic/Internet_Traffic_081301.pp tle nombre d'actionnaires individuels en ligne a cru de 30% de septembre 2002 sur septembre 2001 (cabinet d'étude TLB) http://www.objectif-broker.com/actus.php?idActus=253 |
Or ce développement, même s'il concerne au premier chef les entreprises traditionnelles qui y trouvent une source d'économies, de réactivité et de développement, passe par l'émergence de nouveaux concepts et de nouveaux outils, et, l'expérience le montre, innovation signifie le plus souvent, création d'entreprise
La création d'entreprise, source d'emplois directs, mais aussi et surtout de compétitivité pour tout le tissu économique et d'évolution pour toute la société est donc un enjeu majeur et il ne faut pas déduire du e-krach et des innombrables disparitions qui ont suivi qu'il n'y a plus d'opportunité pour de nouvelles start-up
Rappelons nous seulement le développement de l'industrie
automobile à la fin du siècle dernier et les centaines de
constructeurs dont la plupart ont aujourd'hui disparu : de même
qu'aujourd'hui, devant le potentiel de possibilités d'innombrables
petites entreprises ont été créées, chacune
apportant des idées neuves avant de disparaître ou d'être
absorbées. En déduit-on pour autant la faillite de l'industrie
automobile? Et il en a été de même pour les compagnies de
chemin de fer, le télégraphe et plus récemment, les
constructeurs informatiques
"l'e-krach, ce n'est pas le début de la fin, mais la fin du début" La principale différence avec ce que nous vivons réside dans la vitesse avec laquelle cette évolution se produit aujourd'hui! |
Enfin soulignons que de nombreuses innovations ont échoué parce que le marché ne s'est pas développé à la vitesse prévue (les inerties dans les comportements dans le commerce électronique, où à l'inverse les engouements que personne n'avait prévu comme pour le téléphone portable) sont souvent difficiles à anticiper. Ce n'est pas pour autant que les concepts développés sont sans intérêt: il est très vraisemblable que nombre d'entre eux figureront parmi les ingrédients du succès d'autres entreprises dans le futur et c'est la raison pour laquelle nous avons choisi de ne pas "gommer" de ce rapport ceux qui ont apporté des idées neuves, même si l'échec financier a sanctionné leur aventure
Ces créateurs ont apporté des idées neuves : ils méritent notre reconnaissance et leurs idées se doivent de ne pas être effacées de nos mémoires
Evariste
©1996-2007
URL : http://www.evariste.org/new/index.html |
(Last update : Fri, 9 Feb 2007) |