[ Yolin | 2003 | Sommaire ]

6.1.1.10.3 Pourquoi "brider autant les débits?

Il est également compréhensible qu'en l'absence de contraintes l'opérateur en situation de monopole de fait se limite à des offres très bridées (limitation du débit et surtout de la bande montante pour empêcher l'installation de serveurs à domicile) afin de ne pas concurrencer inutilement les lignes louées qui représentent aujourd'hui un précieux pactole. (les britaniques parlent de "cash cow")

Les débits proposés aujourd'hui se limitent à quelques centaines de Ko alors que Jo Cornu d'Alcatel rappellait le 5 décembre 2002, à l'occasion du projet "télévision sur ADSL", que"70% de la population peut disposer sans problème de 5,5 Mbps et qu'avec ce débit il est possible de s'offrir simultanément le téléphone, l'internet à haut débit et une chaine de télévision de haute définition"MPEG2" Patrick Laurencier de Lucent rajoute "dans 2 ans, avec la compression offerte par le nouveau standard Mpeg4, c'est 3 ou 4 chaines supplémentaires qui seront disponibles"

Les internautes japonais bénéficient d'un ADSL non bridé :la plupart des fournisseurs d'acces commercialisent une offre a 8 Mbps pour un cout mensuel situe entre 17 et 25 euros et à 20 Mbps début 2003 A terme, l'XDSL permet de monter jusquà 80Mbps sur la ligne téléphonique classique (VDSL)

Si cette situation se poursuit ce serait au premier degré une nouvelle pénalisation pour nos PME, et au second degré une nouvelle source de retard pour le développement du marché national, et donc de nos entreprises, et il y malheureusement tout lieu de croire que cette situation se perennisera: les achats insensés à l'international (songeons que le seul "sinistre" Mobilcom en Allemagne est déjà estimé à plus de 10 milliards de dollars) et le montant gigantesque de dettes qui en résultent ne peuventt que conduire l'opérateur à continuer à pressurer le marché national pour afficher une flatteuse rentabilité de l'exploitation malgré des sureffectifs estimés à plusieurs dizaines de milliers de personnes afin de pouvoir faire face aux échéances ... et comme le principal compétiteur a connu avec Vivendi des déboires similaires on ne peut pas être très optimiste

L'Electronic Business Group qui rassemble les plus grandes entreprises françaises soulignait mi-2002 "les adhérents de l'EBG innovent largement mais, sans haut débit ils sont obligés de chercher des terrains d'expérimentation en dehors et aux dépens du territoire national, France Télécom multiplie les tracasseries pour freiner le dégroupage. Tout nouvel entrant risque de devoir affronter une mauvaise volonté, qui peut rapidement ressembler à une grève perlée... et il est à craindre qu'une fois le marché dominé par un opérateur les autres risquent d'avoir grand peine à l'attaquer"'

Cette situation catastrophique explique sans doute les critiques des opérateurs alternatifs sur l'Autorité de régulation qui, delà du verbe (encore plusieurs mises en demeure engagées en 2002), ferait preuve d'une très grande clémence en utilisant que de façon très parcimonieuse son pouvoir (devoir?) de sanction (Bruxelle a entamé en mars 2002 des procédures d'infraction sur ce plan à l'égard de notre pays pour n'avoir pas su contraindre l'opérateur historique à respecter les règles de la concurrence) et calculerait la façon "large" le coût du service universel (d'ailleurs en partie invalidé en décembre 2001 par la Cour de justice Européenne à la suite de la plainte de leur association, l'Afors ce qui conduit à en diviser l'évaluation du cout par trois!). l'ART admet d'ailleurs "ne pouvoir ignorer les difficultés financières de l'opérateur public" (les Echos, le 10 juillet 2002)

"tant que les opérateurs historiques verrouilleront leur marché domestique, ils vivront bien chez eux et mal en dehors de leurs frontière.... Pour l'instant hormis en Grande Bretagne, les régulateurs européens n'ont pas brillé par leur agressivité vis-à-vis de l'opérateur historique" Philippe Escande, les Echos, 27 mars 2002

lors de la condamnation en appel de l'opérateur historique, à la suite d'une plainte de free (qui affiche un objectif de moins de 20€ pour son tarif d'abonnement), la cour d'appel de Paris relève dans son jugement "Les moyens soutenus par France Télécom sont mal fondés... En réalité France Télécom tente de contrarier l'action d'un nouvel opérateur venant d'être mis en mesure de présenter une offre concurentielle sur le marché"

Notons, relation de cause à effet?, que British télécom est le seul opérateur historique a avoir traversé la crise sans dommage en s'abstenant de prendre des risques qu'il n'était pas en mesure d'assumer. de plus n'étant pas engagé dans l'UMTS il est plus libre de jouer la carte du WiFi...

C'est la raison pour laquelle le régulateur anglais, l'Oftel, a contraint British Telecom à louer des capacités ADSL, dès aujourd'hui, à ses concurrents et, pour s'assurer que BT n'abusera pas de sa position pour traîner les pieds, BT devra accepter de louer les accès client à partir de ses concentrateurs au plus tard au 1er juillet 2001

de plus l'Oftel se garde le droit d'intervenir s'il constate que certaines régions ou certaines catégories d'utilisateurs sont négligées

L'Allemagne a adopté un schéma semblable et CMT le régulateur espagnol propose à son gouvernement de faire de même (Telephonica étant dans la même situation de monopole)

L'ART www.art-telecom.fr/telecharge/listlch.htm#im bien consciente du problème jette toute son énergie pour faire avancer le dossier

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(Last update : Fri, 9 Feb 2007)