Avec
l'émergence de "l'économie du savoir"
(knowledge-based Economy),
la matière grise est aujourd'hui la principale richesse d'un
pays.
C'est aussi l'atout compétitif majeur des entreprises qui ont
consacré 61 Milliards de $ en 1998 rien qu'aux USA à la formation
continue de leurs employés (émergence du "
knowledge management
" depuis1998, création de nombreuses "
corporate universities
")
Enfin pour des parents la formation inculquée à leurs
enfants constitue aujourd'hui la meilleure dot "
you earn what you learn
"
La formation devient un enjeu essentiel: chaque jour les technologies
progressent, les métiers évoluent, l'organisation change, les
méthodes de management se transforment: les besoins augmentent tant pour
la formation initiale que pour la formation continue
Mais... les budgets disponibles et surtout le temps qu'il est possible de
dégager ne sont pas extensibles à l'infini. c'est la raison pour
laquelle les outils construits sur l'Internet émergent à
très grande vitesse (notamment en Amérique du Nord). Ils offrent
en effet de nombreux atouts:
Les universités les plus cotées s'assurent les services des
professeurs les plus renommés
(prix Nobel
par exemple) et deviennent
difficiles à concurrencer sur le marché mondial
Aujourd'hui il est possible pour 33.000$ de suivre un MBA à
Harvard
(25.000$ en résidentiel, hors frais de déplacement
et de séjour)
Stanford Online
fournit via Internet des cours à 2.500
étudiants dans le monde (Moscou, Berlin, Tokyo,...).
Jean-Claude Latombe
Chairman du département informatique déclare aux Echos
"l'enseignement à distance risque d'affecter à terme
énormément les universités les moins cotées"
Havas
qui a de grandes ambitions dans ce domaine sort la plate-forme
Education.com (140MF d'investissement) pour diffuser sa production
éditoriale, de son côté une start-up,
Montparnasse Multimédia
a mis 30 MF dans la sienne (
Rollingminds.com
) et
travaille en partenariat avec des producteurs de contenu
Une start-up,
onlineformapro
,
www.onlineformapro.com
installée à Vesoul se propose d'être le portail de la
formation professionnelle en ligne
Nous sommes malheureusement aujourd'hui pénalisés par la
limitation des débits et leur coût qui amène à
brider considérablement les capacités de telles plates-formes
(voir le projet
FING page
16)
ð La délivrance des enseignements: qui nécessite des
équipes de "tuteurs" alliant compétences scientifiques et
qualités humaines (capacité d'écoute, de jugement, de
charisme, d'animation, d'organisation). Il s'agit d'une activité de
service destinée au "client" final (B to C)
ð L'elaboration de plateformes logicielles permettant d'utiliser
les cours, de gérer le tutoring et d'assurer les fonctions
administratives : il s'agit d'une activité de start-up d'Internet
Tout ceci conduit tout à la fois
Philippe Queau
de l'
Unesco
rapporte que le groupe
Apollo
qui
possède l'Université de Phoenix, un campus à Londres et un
autre à Mexico a comme projet de créer une université
virtuelle de 100.000 étudiants de tous niveaux répartis dans le
monde entier
Il existe aujourd'hui plusieurs centaines de plates-formes plus ou moins
sophistiquées. Une des plus appréciée est
Webct
,
développée par
l'Université de Colombie-Britannique
au Canada et rachetée par la société
américaine
Universal Learning Technology
(ULT). Elle est
utilisée par plus de 1000 collèges et universités (dont
Nancy, Grenoble et Toulouse dans plus de 50 pays
Le
e-learning
conduit à l'éclatement des structures
d'enseignement en 3 métiers profondément distincts
ð L'élaboration des enseignements: c'est un investissement
lourd (10.000$ l'heure d'enseignement) qui nécessite de mobiliser des
équipes pluridisciplinaires (spécialistes du sujet, chercheurs,
pédagogues, psychologues, scénaristes, ergonomes, designers,...)
qui ne peut guère être conçu pour un seul
établissement. Il s'agit clairement d'une activité "industrielle"
destinée au commerce inter établissement (B to B)
Internet apporte le même bouleversement que le cinéma d'un coté et la télévision d'un autre en a apporté aux théâtres de province |
Les
représentations "live" données chaque soir par les
théatres de boulevards ont été largement remplacées
par de prospères chaines de télévision qui assurent une
programmation (en fonction du public visé) de films (en provenance pour
l'essentiel d'Hollywood, faisant appel à des vedettes mondialement
connues, mobilisant souvent d'énormes budgets rentabilisés en
quelques mois) à côté de "news", d'interview, de jeux
élaborés par la chaine.
Une industrie de support technique (caméras, émetteurs
hertziens,...) s'est développée a côté
Il subsiste pour un public "d'élite" quelques grands Opéras et
prestigieux théatres ... souvent déficitaires
Le e-learning est ainsi un enjeu pour notre balance commerciale (la
Banque
Merrill Lynch
estime que ce marché, hors système public,
pourrait croître de 3,6 Milliards de dollars en 1999 à 25 en
2003). Le Crédit Suisse l'évalue de son côté
à 40 Milliards de dollars en 2005
... mais aussi pour notre balance "culturelle": imaginons que
des universités comme
Stanford
ou
Harvard
offrent des formations
reconnues sur le plan international sous le "label" d'un
prix Nobel
et qui,
grâce aux économies de transport et de séjour revient
finalement moins cher qu'une formation universitaire (ou continue) en France,
que choisiront les étudiants (ou leurs parents) et les employeurs? ne
peut-on craindre, tant pour nos étudiants que pour ceux de pays tiers
où l'influence française se maintient de douloureuses
conséquences?: ne risque-t-on pas d'assister à la même
concentration qu'à Hollywood pour le cinéma aujourd'hui?
Ce problème ne concerne évidemment pas seulement l'enseignement
supérieur
Cette mutation va entrainer de fortes évolution des métiers
d'enseignant: la disparition du "professeur" délivrant son
enseignement dans de grands amphithéâtres au profit
d'équipes pédagogiques élaborant des cours d'une part et
de tuteurs d'autre part
Evidemment une telle évolution met en exergue un certain nombre
d'aberrations du système actuel: un seul exemple, des enseignants
dans le supérieur payés en fonction du nombre d'heures de cours
(quelqu'en soit la qualité) à un tarif horaire ne
dépendant que de la qualité de la recherche (qui peut n'avoir
aucun rapport avec l'enseignement), le travail de préparation des cours
et le tutorat n'étant pas évalué ni
rémunéré alors que ce sont les métiers qui
subsisteront...
De nombreuses questions restent ouvertes: Quel modèle économique?
Logiciels libres? B to B?, ASP?, quelle rémunération pour les
auteurs des cours? Droit d'auteur? statut des e-professeurs?
Il est bien clair enfin qu'une telle révolution dans un domaine aussi
délicat nécessiterait un accompagnement substantiel en
matière de recherche en "ingénierie pédagogique"
aujourd'hui quasi inexistante, notamment pour voir comment articuler le
présentiel (pour souder les promotions et créer par là des
réseaux indispensables dans la vie professionnelle) et le virtuel,
comment concevoir des enseignement efficaces (consolider les acquis
professionnels, utilisation de l'aspect ludique propres à
l'efficacité des apprentissages dans toutes les espèces animales,
apprentissage des savoirs faire, adaptation à la forme de l'intelligence
de l'apprenant et à ses rythmes, articulation entre travail individuel
et travail en équipe, éducation des sens de la curiosité
de l'initiative de l'innovation et du risque, ...)
C'est également un domaine qui devrait voir naitre de nombreuses
start-up: nos Grandes Ecoles, notamment celles relevant de notre
ministère devraient devenir des incubateurs dans ces domaines
Dans le dossier consacré par Les Echos à ce sujet, il
est recensé 250 universités virtuelles sur Internet
(évaluation de
Jacques Perriault
de Paris-X) et il s'en ouvre
tous les mois.
En raison de son immense territoire, peu peuplé et aux conditions climatiques difficiles le Canada fait partie des précurseur. L' Université d'Athabasca en Alberta a démarré sur Internet dès 1994 (elle avait auparavant une activité classique d'enseignement à distance). Avec 100 professeurs, 200 tuteurs elle compte 20.000 étudiants. Elle offre 450 programmes dans tous les domaines scientifiques et littéraires et 37 MBA Elle reçoit168MF de financement public et facture ses cours 400$ Une dizaine d'autres Universités Canadiennes, comme Teluc au Québec, proposent de tels enseignements et 200.000 étudiants les suivent (prévisions à 5 ans : un tiers des cours sera suivi sur Internet) Une innovation pédagogique à noter: d'ici à 2 ans l'obtention d'un diplôme universitaire nécessitera d'avoir obtenu une unité de valeur en ligne, gage du développement du e-learning ... et surtout de l'aptitude des étudiants tout au long de leur vie professionnelle de savoir utiliser Internet pour apprendre Les intranets de formation des Grandes entreprises comme IBM , Microsoft ou Pricewaterhouse constituent également aujourd'hui de véritables universités |
Voir également la téléformation dans les entreprises page 122 et la recherche de formation sur le web page 113
Evariste
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(Last update : Fri, 9 Feb 2007) |