Jusqu'à l'introduction en bourse et la fin du monopole,
l'administration des Telecom puis l'opérateur public qui lui a
succédé, bras séculier de l'Etat, était
également chargé, dans son domaine, de l'aménagement du
territoire.
Quand l'Etat, souvent sur la pression d'une collectivité locale,
considérait qu'il convenait de faire un effort particulier sur une zone,
il donnait ses instructions à l'opérateur qui les
exécutait sans difficultés, car sa situation de monopole lui
permettait de faire supporter ces coûts par les autres usagers (qui
n'étaient pas encore des clients).
Le monopole des Télécoms interdisait même aux
collectivités locales de prendre des initiatives : le feuilleton des
Téléports
illustre bien cette période.
Aujourd'hui brutal changement de situation : l'opérateur de Telecom doit
veiller à sa rentabilité et, en dehors de la boucle locale pour
laquelle il bénéficie encore d'un monopole de fait, il ne peut
pas maintenir durablement des prix notablement supérieurs à ses
prix de revient.
De plus il doit concentrer son action et ses investissements dans les zones
à fort potentiel, là où se joue son avenir et où
les nouveaux entrants sur le marché portent le fer.
Il ne saurait investir dans une politique d'équilibre des territoires :
ce n'est plus sa mission et il n'en a plus les moyens.
L'accepterait-il sous l'influence de son actionnaire majoritaire qu'il se
mettrait dans une situation juridique inconfortable en prenant des
décisions conformes à l'intérêt de cet actionnaire
mais non de l'entreprise (abus de biens sociaux : cf l'incarcération
d'un grand patron Français en Belgique sous ce chef d'accusation).
L'exemple d'
ERAMET
ou l'Etat en 1997 a échoué dans sa tentative
d'imposer en tant qu'actionnaire majoritaire des décisions contraires
à l'intérêt de la société, montre que
l'époque de l'opérateur «aux ordres» est clairement
révolue.
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