Actuellement les réseaux sont la plupart du temps "IP sur
ATM" : c'est à dire que les paquets IP sont à leur tour
découpés en paquets ATM. Chacun des paquets, IP comme ATM, devant
comporter un volume non négligeable d'informations (notamment sur son
adresse de départ et d'arrivée : les headers) cette superposition
entraîne un gaspillage très significatif de ressources
Pour ce qui concerne le transfert de la voix, la polémique fait rage
aujourd'hui sur le fait de savoir si le protocole IP permettra d'atteindre la
qualité de service que procure le protocole ATM, en effet le
protocole IP, beaucoup plus simple que le protocole ATM, ne s'assure pas que la
bande passante est suffisante pour émettre un message : les paquets
passent quand il y a de la place, chacun d'entre eux pouvant emprunter un
chemin différent.(IP ne "s'engage" qu'à faire de son mieux
: "best effort")
Ceci ne pose aucun problème quand la transaction n'exige pas le temps
réel (mail, consultation d'une page web), cela est plus gênant
pour une conversation téléphonique qui ne supporte ni les
délais de transmission (100ms maxi), ni les blancs que peuvent
entraîner les paquets mal reçus qui ne peuvent être
utilement réémis
Pour la voix une qualité équivalente aux réseaux sous
protocole ATM devrait être atteinte avec l'augmentation de la bande
passante (comme c'est déjà le cas dans les Intranet disposant
en général de hauts débits)
En tout état de cause la quasi gratuité pour la voix ainsi
obtenue pourrait inciter certains à accepter une petite perte de
qualité (analogue à celle des téléphones portables
qui semblent avoir atteint un certain niveau d'acceptation par les utilisateurs)
Colin William
patron de Level3, comme beaucoup d'économistes
américains (
Forrester Research
www.forrester.com par
exemple,
Chris Mines
séminaire
Aftel
NY nov98)
prévoient d'ailleurs, après une phase de regroupement des
opérateurs historiques de télécommunication et
d'apogée de leurs résultats vers 2002, leur
désintégration entre :
§ L'industrie lourde : "
Telecom Railroads for the networks
"
les réseaux internationaux à très haut débit qui
vendront leurs secondes de télécom comme des "commodities" sur le
modèle du maïs ou des lingots d'aluminium : il n'y aura de la place
que pour un nombre d'opérateurs mondiaux très limités
comme dans les microprocesseurs ou les mémoires de masse aujourd'hui par
exemple.
Il s'agit typiquement de fournisseurs d'accès internet gratuits, de
téléphonie mobile, cartes prépayées, call-back,
passerelle IP, portails, TV à la demande, pager, entrepôt de
données (data warehouses),...:
Des marchés de gros et des marchés spot où
s'achètent et se vendent des minutes de télécommunication,
ont déjà fait leur apparition
www.band-x.com,
www.ratexchange.com,
www.arbinet.com
Finacor
, courtier en produits financiers a lancé
Finphone
pour le courtage de minutes.
Alain Beluche
, responsable
de cette nouvelle activité précisait récemment au Monde
"il n'y a pas encore de contrats standards ni de produits dérivés
pour acheter à terme de la capacité téléphoniques
pour spéculer à la hausse ou à la baisse des prix, mais ce
n'est qu'une question de temps"
Il existe même des endroits facilitant sur le plan technique ces
transactions :Telehouse héberge sur 1000m²au centre de Paris
des machines appartenant à la plupart des opérateurs
présents en France: "toutes ces machines sont connectées,
ce qui permet des échanges de minutes sans lignes
spécialisées très coûteuses"
James Shibduth
directeur de
Telehouse France
, filiale d'un groupe qui opère
déjà à Londres (60.000m²) et aux USA. "ce
marché est apparu il y a 5 ans" précise
Pierre-José Billotte
, président de son concurrent
Executive Telecom
§ les services de proximité "eau, gaz,
électricité et Téléphone à tous les
étages" ou l'essentiel est la relation client, la facturation et
les travaux de voirie, ce que les américains appellent les
"Téléconcierges for retail" (terme qui n'a
là-bas aucun caractère péjoratif, le "concierge" y
désignant un personnage important dans un hôtel de grand standing)
§ Les services innovants, "Application Hothouses for
innovation" qui achètent des "secondes" aux premiers pour revendre
des services à travers les seconds :
c'est ce domaine qui devrait voir éclore les nouvelles entreprises
(C'est la même évolution qui est prévisible pour
l'électricité, l'eau, le gaz ou les banques)
Dans ce domaine, la voix qui ne croit que de quelques pourcents par an,
alors que les autres applications connaissent une croissance de 10à15%
par mois devrait être progressivement marginalisée (3% en 2005
d'après
Ovum
),
"le prix d'un simple coup de fil sera trop bas pour justifier une
facturation"
Stephen Young
Cabinet
Ovum
. Pour les
liaisons intercontinentales le trafic internet a dépassé le
trafic téléphonique en 1999, il le dépassera sur
l'ensemble des réseaux en 2000 (
Datamonitor
) " à ce moment
là, la voix depuis un poste fixe sera devenue tellement marginale
qu'elle sera gratuite" John Chambers, président de Cisco
www.cisco.com.
Elle représente aujourd'hui75% du chiffre d'affaire des opérateurs historiques |
"les prix baissent mais restent encore très largement au
dessus des coûts, sur les grandes artères où il y aura
une véritable compétition ils pourraient chuter de 60 à
80% par an"
Stephen Young
Cabinet
Ovum
Par ailleurs "la convergence des réseaux rend brutalement obsolète une grande partie des infrastructures existantes des opérateurs historiques" Hubert Tardieu directeur général de Sema group-Télécom, analyse confirmée par Gerald Thames patron de GTS "à service équivalent un réseau construit sur le modèle internet est 4 fois moins coûteux qu'un réseau traditionnel" Russel Daggat Pdg de Teledesic "Les opérateurs traditionnels se trouvent pris en porte-à-faux par des investissements élevés et des offres inadaptées, une opportunité stratégique apparaît pour les opérateurs qui s'appuient sur une unification autour d'IP" Rapport de Jean-François Abramatic http://mission-dti.inria.fr/index.html |
Aussi Level3 qui vise rien moins que 60% du marché des
communications longues distances se dit prêt à investir 10
milliard de dollars sur un réseau totalement IP permettant de
réduire de 50%, à très court terme, les coûts
facturés aux opérateurs, puis de casser à nouveau les prix
en 2001
De même Worldcom , Global Crossing , Teleglobe , GTS-Hermès , Equant , BT-ATT , Williams , Teligent , Winstar , Flag , GTE , Frontier , Viatel-Circe , IXG , Qwest associé à KPN , Iaxis, LD Com (groupe Dreyfus), Telia , Interroute ... qui nourrissent des ambitions de même nature et construisent des réseaux IP intercontinentaux : il y aura nécessairement des mouvements de concentration (comme le rachat de Eunet par MCI , lui même absorbé e 1998 par Worldcom lors d'une OPA de 30 Milliards de dollars, suivie en octobre 1999 par la plus importante OPE historique : le rachat de Sprint pour 129 Milliards de $, ou le rachat plus modeste, pour 5 Milliards de dollars, du réseau d'IBM par ATT) |
Notons par ailleurs que British telecom a annoncé pour la fin de l'année, la construction d'un réseau entièrement IP (réalisation Nortel Networks à partir de la technologie Bay Networks )...en Espagne , pour attaquer l'opérateur historique local : cela lui permettra d'avoir un seul réseau voix et données au lieu de 2 |
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