Les technologies clés |
Elaboration de composites à matrice organique |
Fiche Technologie-clé n : 86
VERSION 3
Un composite à matrice organique est composé d'une matrice polymère et d'un renfort pouvant se présenter sous forme de : particules, mats, fibres courtes, longues ou continues... Renforts les plus courants : les fibres. La matrice polymère peut être thermodurcissable (TD, durcit à la chaleur) ou thermoplastique (TP, fond à la chaleur). Suivant les caractéristiques de la matrice et la structure du renfort, on distingue les composites : de grande diffusion et hautes performances (renforcés de fibres continues en verre, carbone, aramides...). Le renfort le plus courant est la fibre de verre discontinue. Les composites TP renforcés de mats de verre (GMT), de grande diffusion, sont très utilisés en automobile.
Actuellement, plus des 2/3 de la mise en oeuvre des composites se fait à la machine. Elle est plus ou moins automatisée suivant le degré de performance recherché.
Composites de grande diffusion (renforcés par mat de verre) : R-RIM ou S-RIM (injection-réaction en moule fermé ou ouvert) ; RTM (pressage basse pression avec injection de résine) ; SMC, BMC ("bulk moulding compound", "sheet moulding compound"), injection-transfert ; pultrusion ; enroulement filamentaire. Ces technologies s'appliquent aux polyesters insaturés, aux résines phénoliques et époxy renforcés par fibres de verre. Sont mis en oeuvre par injection les TP renforcés de fibres de verre suivants : polyamides, polypropylène, PET-PBT et polycarbonate.
Pour les composites haute performance : R-RIM/S-RIM, RTM, enroulement filamentaire pour les matrices TD, injection pour les matrices TP renforcées de fibres de verre, carbone ou aramide. Estampage TRE (thermoplastique renforcé estampable) : analogue au forgeage des métaux, part de semi-produits sous forme de plaques, cadence suffisamment élevée pour l'automobile, mais il reste à obtenir une bonne qualité de surface. Le thermoformage (formage à chaud) est un procédé industriel très utilisé pour mettre en forme des composites TP, avec des variantes selon que l'on utilise une presse pour former le matériau entre deux matrices ou que l'on utilise le vide ou une pression hydrostatique pour coller la plaque fondue contre le moule. Autre procédé : mise en forme sous vide, moins rapide. Le drapage autoclavé des composites TP haute performance reste long et onéreux. Pour les composites haute performance, la plupart des procédés sont encore manuels.
On cherche aussi à améliorer les conditions de polymérisation des composites TD par effet diélectrique, micro-ondes, irradiation ou ionisation, et les techniques de découpe sont plus performantes grâce au laser CO2 et au jet d'eau hyperbar. Des progrès également du côté des contrôles non destructifs par thermographie ou holographie.
Encore des problèmes d'adhésion à l'interface fibre-matrice pour les fibres longues ou continues, des problèmes d'usinabilité, de finition de surface, de mise en forme (glissement de fibres) et de tenue à l'humidité.
Aux Etats-Unis, l'Advanced Technology Program soutient depuis 1994 un programme intitulé "Manufacturing Composite Structure" prévu sur 5 ans avec un budget total de 160 millions de dollars (25 millions de dollars la première année), financé par des industriels fournisseurs de matériaux, fabricants de pièces, utilisateurs finaux concevant des véhicules plus légers et des plates-formes de forage pour puits de pétrole profonds. L'objectif de développement de procédés compétitifs de fabrication est considéré aux Etats-Unis comme l'évolution majeure à promouvoir dans l'industrie des composites. En tout, en 1994, 207 millions de dollars y ont été consacrés par neuf sources fédérales à la recherche sur les composites, dont seule une petite partie est destinée à des marchés commerciaux, la plus grande étant orientée vers l'aérospatial et le militaire.
Au niveau européen, le développement de composites et de nouveaux procédés d'élaboration de ces matériaux relève du domaine 2 "Matériaux et technologies pour l'innovation des produits", doté de 566 MECU (près de 4 milliards de francs), dans le cadre du programme Brite-Euram III "Technologies industrielles et des matériaux" 1994-1998.