Les technologies clés

Technologies de l'information et de la communication

Gestion de réseaux "intelligents"

Fiche Technologie-clé n : 49

VERSION 3

• Présentation de la technologie
• Objectifs de la technologie
• Environnement technologique

Présentation de la technologie

Définitions

Réseaux intelligents

Jusqu'à un passé récent, les réseaux de télécommunications assuraient la fourniture d'un nombre limité de services essentiels comme la téléphonie de base, le télex et la transmission de données. Cette situation a évolué par suite de l'innovation technologique rapide et des nouvelles conditions du marché. Dans le nouveau contexte concurrentiel, les opérateurs sont, en effet, conduits à diversifier, dans des délais les plus courts possible et à moindre coût, leur offre de services auprès de la clientèle. La structure classique des réseaux de télécommunications avec des commutateurs indépendants imposant des limitations dans l'offre de services a évolué vers une structure dans laquelle le traitement de fonctions spécifiques est confié à des entités spécialisées commandant les commutateurs adaptés en conséquence.

Gestion de réseaux

La gestion de réseaux doit permettre toutes les évolutions possibles d'un système et mener à l'utilisation des ressources au meilleur coût. Elle englobe l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour offrir aux utilisateurs un service de qualité et permettre l'évolution du système en incluant de nouvelles fonctionnalités.

Gestion de réseaux intelligents

Les réseaux de télécommunications modernes sont des systèmes répartis complexes qui nécessitent les outils de contrôle et de gestion, autrement dit de management, du réseau. Le rapprochement entre la logique de gestion du Réseau Intelligent (RI) et celle du Réseau de Gestion des Télécommunications (RGT) est envisagé notamment par France Télécom.

Techniques mises en oeuvre

Réseaux intelligents

Les réseaux intelligents sont composés de commutateurs, de bases de données et de serveurs spécialisés, en plus des réseaux de transport où transitent les appels et les données des abonnés.

L'architecture du réseau intelligent repose sur deux principes :

• la centralisation d'une partie de l'intelligence : les données relatives à un service et la logique de traitement sont centralisées en dehors du commutateur, dans des noeuds spécialisés appelés points de commande du service PCS. Les points de commande de service sont constitués de deux parties : le PCS pour le traitement des appels, le SGS (Système de Gestion des Services) pour la mise en forme des informations qui vont compléter la base réseau. Il assure un lien avec l'exploitant commercial du réseau et/ou l'abonné du service.

• la normalisation des interfaces : le point de service PCS est accessible par des commutateurs d'accès aux services (CAS). La modularité (des centraux électroniques temporels) permet une introduction de cette fonction d'accès aux services par un simple ajout de logiciels. Le niveau de précision des standards disponibles laisse une marge importante d'interprétation par les industriels et par les opérateurs, interdisant une solution unique. Ce n'est qu'à partir de fin 97 (plans actuels de l'ETSI) qu'un standard autorisera une solution unique.

Les concepts de réseaux intelligents s'appliquent théoriquement à tout type de réseau toutefois ces concepts n'ont pour l'instant été appliqués qu'aux réseaux fixes de téléphonie, et quelque fois de transmission de données, et plus récemment aux réseaux mobiles ( réseaux de télécommunications mobiles GSM ou Groupe Special Mobile et analogique).

Gestion de réseaux : architecture du Réseau de Gestion des Télécommunications (RGT) ou Telecommunication Management Network (TMN)

L'objectif majeur du RGT est de planifier, fournir, installer, maintenir, exploiter et gérer les réseaux de télécommunications et les services correspondants. Le RGT est constitué par trois niveaux d'architecture. L'architecture fonctionnelle qui définit des blocs fonctionnels et des points de référence délimitant les informations de gestion entre ces blocs . Elle se compose principalement :

• d'un bloc fonctionnel WSF (Work Station Function) qui permet à un utilisateur de présenter sous forme conviviale les informations du RGT,
• d'un bloc fonctionnel OSF (Operations Systems Functions) qui implante les services de gestion du RGT,
• d'un bloc fonctionnel NEF (Network Element Function) qui comprend les fonctions de télécommunications et les fonctions supports de télécommunications nécessaires au fonctionnement du réseau géré,
• de points de référence qui relie deux blocs fonctionnels.

Ces blocs fonctionnels permettent de remplir les activités de gestion qui sont organisées en quatre couches : gestion des éléments de réseau, gestion de réseaux, gestion de services et gestion de l'entreprise.

L'architecture informationnelle du RGT : elle est basée sur l'approche orientée objet. Ainsi tout ce qui doit être géré (ressource, fonction, ... ) est représenté par un objet. Les échanges d'informations de gestion entre deux systèmes sont basés sur des relations agent-manager et se réalisent à travers les services CMIS (Common Management Information Services).

L'architecture physique : elle définit les organes physiques comprenant les blocs fonctionnels et les interfaces réalisant les points de référence entre les organes.

Gestion de réseaux intelligents

Les équipements du réseau intelligent à gérer sont le CAS, le PCS, le SGS, les bases de données et les PI (Périphérique Intelligent : ressource contrôlée par la commande du réseau). La gestion de ces équipements n'est pas différente de la gestion d'équipements non-RI car ils n'ont pas réellement de particularités. Des classes définissant des objets de gestion provenant des SMF (Service Management Function : permet d'étendre et d'exploiter un service sur le réseau intelligent) de l'ISO, des objets de l'UIT-T (Union Internationale des Télécommunications)... peuvent alors être utilisés pour la modélisation de la gestion des équipements du réseau intelligent.

La gestion de services nécessite de définir les modèles d'information en utilisant les principes du RGT. Pour cela, il est important de fixer un modèle générique commun à tous les services qui est complété (ou adapté) par un modèle plus spécifique du service à gérer. Les aspects création de services et l'accès des clients à certaines des fonctions de gestion constituent des spécificités que le RGT doit intégrer.

Objectifs de la technologie

Contexte concurrentiel et économique

Réseaux intelligents

Réduire le cycle de mise à disposition de nouveaux services dans un réseau de télécommunications nécessite une maîtrise globale d'état du réseau par l'opérateur. Il faut proposer des services plus vite que les concurrents tout en diminuant les coûts d'introduction de ces nouveaux services.

Gestion de réseaux intelligents

La mise en oeuvre rapide de nouveaux services va de pair avec une prise en compte immédiate par la chaîne de gestion. Il est donc nécessaire d'optimiser et de rendre flexible le processus global "fourniture de services - gestion de services".

Fonctions remplies :

Réseaux intelligents

Le concept de réseaux intelligents a pour objectif de faciliter la création de nouveaux services, d'offrir à l'exploitant une souplesse de leur gestion, de permettre aux utilisateurs d'accéder à leurs propres paramètres de services et de les modifier.

Introduire rapidement et à moindre coût de nouveaux "services réseaux" tout en offrant une grande souplesse dans la gestion de ces services, tant du point de vue de l'exploitant que du point de vue de l'abonné, tel est le défi des réseaux intelligents et de leur management (fonctions de contrôle et de gestion). Sur la base de l'architecture "réseau intelligent", on entend un grand nombre de services dont les plus courants sont les suivants :

• le libre appel ou "numéro vert" en France qui permet au destinataire de l'appel de payer la communication. Ce service intéresse les sociétés de vente par correspondance pour lesquelles le réseau intelligent assure la gestion en temps réel des appels mais également toute société qui considère cette offre de service comme un argument commercial,
• le réseau privé virtuel permet d'interconnecter des centraux privés en exploitant les ressources du réseau public,
• le numéro universel est un numéro d'appel pour le même abonné ayant plusieurs implantations géographiques...
• les moyens alternatifs de taxation, tels que la taxation sur carte télécom (carte pastel ou France Direct en France), taxation sur carte de crédit VISA, American Express,..., ou encore la taxation sur un compte tiers (pour les salariés d'une société par exemple),...

Gestion de réseaux intelligents

Les fonctions génériques du RGT définies dans la norme M.3400 de l'UIT-T sont facilement transposables à la gestion du réseau intelligent :

• les fonctions de gestion de configuration sont relatives à l'installation et à la configuration du réseau intelligent,
• les fonctions de gestion des performances sont relatives à la gestion des observations et de la qualité de service,
• les fonctions de gestion des fautes sont relatives à la prévention, l'identification et la correction des fautes,
• les fonctions de gestion du comptage sont relatives aux opérations de taxation et de tarification,
• les fonctions de gestion de la sécurité sont relatives à la sécurité des accès et des données.

Environnement technologique

Technologies concurrentes :

Réseaux intelligents

Il n'y a pas de technologie directement concurrente faisant l'objet d'une normalisation. Toutefois une certaine concurrence entre les fonctionnalités offertes au sein des réseaux publics et au sein des réseaux privés prend forme. Les nouvelles fonctionnalités offertes dans le domaine des réseaux privés sont principalement liées aux technologies de Couplage Téléphonie Informatique. Il existe une approche CSTA (Computer Switch Telecommunication Application) dans le monde des réseaux privés.

Gestion de réseaux intelligents

Les standards utilisés dans l'administration des réseaux privés (protocole SNMP, plates-formes) constituent une technologie concurrente qu'il est nécessaire d'intégrer. Par ailleurs, la mise en oeuvre au sein de réseau télématique de technologies d'agents intelligents, confère à des réseaux initialement passifs une certaine intelligence (recherche d'information, signalisation d'événements particuliers, ...,). Cette forme d'intelligence du réseau n'est toutefois pas conforme à la définition historique de la notion de réseau intelligent, introduite par les opérateurs.

Evolutions technologiques :

La normalisation des équipements constitue un enjeu industriel important car elle permet une large ouverture à la concurrence. Dans le domaine des télécommunications, cette normalisation permettra l'interconnexion des réseaux, et le développement des inforoutes. L'ETSI (European Telecommunication Standard Institut) a été créé dans cet objectif par l'Union Européenne. L'un des enjeux est aussi d'instituer une symbiose de plus en plus profonde entre les télécommunications et l'informatique. L'évolution technologique est liée à l'évolution des plates-formes informatiques et aux technologies modernes telle que la reconnaissance vocale. La répartition des données et des fonctions entre les différents systèmes d'information des opérateurs prend une grande importance. Pour cela, l'architecture RI-RGT doit incorporer les principes de l'ODP (Open Distributed Processing). L'architecture résultante, réalisée à TINA (Telecommunication Information Networking Architecture), propose une architecture logicielle conforme à ODP. Dans ce cadre, les plates-formes de gestion doivent évoluer vers les plates-formes conformes au modèle ODP (voir CORBA) et le besoin de structuration logicielle des applications de gestion de services, non couvert par le RGT, pourra être satisfait.

Programmes de recherche :

Il existe des programmes de recherches européens tels que RACE (Research Advanced Communication European) ou son successeur ACTS (Advanced Communication Technology Services).

EURESCOM, organisme réunissant la quasi totalité des opérateurs européens historiques, a le projet d'harmoniser les travaux des opérateurs et d'analyser leurs interactions dans le cadre d'un réseau intelligent capable de supporter des services paneuropéens.

Signalons également des programmes de normalisation étudiés par l'Union Internationale des Télécommunications, des programmes de recherches universitaires français et étrangers sur les systèmes ouverts, sur les systèmes répartis, sur la mise à jour des données, sur la cohérence des données... La recherche coopérative joue également un grand rôle au niveau européen dans le cadre d'EURESCOM et au niveau international dans le cadre du consortium TINA-C (Telecommunication Information Networking Architecture).