LES CAHIERS DE DOLEANCES,
REFLET D'UNE MUTATION ECONOMIQUE, SOCIALE
ET INTELLECTUELLE.
CHRONIQUE DES CAHIERS DE DOLEANCES.
Chronique hebdomadaire à partir du 1er décembre 1998.
1 - LE CONTEXTE :
Deux siècles après : les mêmes ambitions et les mêmes craintes.
On sait que l'Encyclopédie - au bout d'un siècle de mutations scientifiques - proposait un nouveau système de classification des facultés humaines et la possibilité pour le lecteur de naviguer à son gré d'article en article : on a pu écrire récemment, à juste titre que nous nous trouvons là en présence de l'ancêtre même de l'hypertexte : "les actuels concepteurs d'hypertextes y trouvent volontiers un précédent". Mais , au delà des évocations de nouvelles modalités d'acquisition des connaissances, de considérations qui constituent le berceau d'une nouvelle économie et de la description de villes idéales pré-numériques, n'est-ce pas tout un ensemble de voeux et de réticences que nous trouvons à l'échelle des deux siècles qui nous séparent des Cahiers ?
Eric Briant (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) a, dans un article récent des Cahiers de Science et Vie (octobre 1998), souligné la volonté manifestée par Diderot dès son Prospectus de 1750 de construire un arbre des connaissances en mettant en évidence les proximités, les comparaisons, les dépendances : ce n'est pas par hasard que l'emblème de l'arborescence figure en tête du premier volume ; il s'agit de pouvoir se déplacer par l'esprit dans l'ensemble du corpus, ainsi que le suggère D'Alembert dans son commentaire d'un tel système de représentation en arborescence. L'auteur rappelle qu'Euler ou Condorcet formaient des expériences mentales matérialisées sur le papier par des proximités de mots et de domaines ; il est ainsi possible de travailler le langage sous toutes ses formes, aussi bien que le calcul. Les renvois "Voyez…" constituent une vraie invitation au clic virtuel : la logique de ces renvois est induite par la rédaction même des articles. De même que la crainte des contemporains d'une "abdication des Lettres françaises devant l'emblème de la science anglaise". Une telle crainte est précisément contemporaine de nos cahiers de doléances, de même que le constat de l'ébranlement que subit l'enseignement. L'objectif est alors de faire du lecteur un acteur capable de faire le point, de se forger une opinion par lui-même et de proposer des remèdes aux maux qu'il aura pu cerner au travers de ses constats. Dirons-nous autre chose ici-même ?
Rappelons que l'Encyclopédie se trouve aujourd'hui fort logiquement sur Internet. Le premier volume est d'ores et déjà accessible aux lecteurs - internautes de seconde génération.
Eric Briant (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) a, dans un article récent des Cahiers de Science et Vie (octobre 1998), souligné la volonté manifestée par Diderot dès son Prospectus de 1750 de construire un arbre des connaissances en mettant en évidence les proximités, les comparaisons, les dépendances : ce n'est pas par hasard que l'emblème de l'arborescence figure en tête du premier volume ; il s'agit de pouvoir se déplacer par l'esprit dans l'ensemble du corpus, ainsi que le suggère D'Alembert dans son commentaire d'un tel système de représentation en arborescence. L'auteur rappelle qu'Euler ou Condorcet formaient des expériences mentales matérialisées sur le papier par des proximités de mots et de domaines ; il est ainsi possible de travailler le langage sous toutes ses formes, aussi bien que le calcul. Les renvois "Voyez…" constituent une vraie invitation au clic virtuel : la logique de ces renvois est induite par la rédaction même des articles. De même que la crainte des contemporains d'une "abdication des Lettres françaises devant l'emblème de la science anglaise". Une telle crainte est précisément contemporaine de nos cahiers de doléances, de même que le constat de l'ébranlement que subit l'enseignement. L'objectif est alors de faire du lecteur un acteur capable de faire le point, de se forger une opinion par lui-même et de proposer des remèdes aux maux qu'il aura pu cerner au travers de ses constats. Dirons-nous autre chose ici-même ?
Rappelons que l'Encyclopédie se trouve aujourd'hui fort logiquement sur Internet. Le premier volume est d'ores et déjà accessible aux lecteurs - internautes de seconde génération. L'ensemble est mis au point notamment par des chercheurs de l'Université de Chicago :
André Jean-Marc LOECHEL