Technologies du vivant

TECHNIQUES POUR L'AGRICULTURE ET LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES

Les biotechnologies traditionnelles sont depuis longtemps pratiquées en agriculture à travers la reproduction animale et végétale ainsi que dans la production alimentaire. On a ensuite constaté qu'il était possible d'introduire des caractères favorables chez les plantes cultivées et chez les animaux domestiques par croisement. Les techniques de la biologie moléculaire permettent d'intervenir de manière très spécifique et dirigée au niveau de l'insertion de gènes, de leur régulation, de leur transcription et de leur traduction, et permettent d'abolir les barrières entre espèces. En ce sens, elles constituent une révolution et ouvrent des champs nouveaux d'investigation et d'applications.

Dans le domaine animal, le clonage a été expérimenté avec succès chez la vache, le lapin et le porc. Mais il est loin d'avoir franchi le stade industriel, ses rendements demeurant pour le moment très faibles. En revanche, nombre de projets utilisant le génie génétique sont en cours de réalisation, passant ainsi de l'imaginaire à l'imaginable depuis la naissance en 1982 du premier animal transgénique. Cependant, il faudra sans doute attendre plusieurs années pour mesurer chez les agriculteurs toutes les conséquences de ces recherches, qui demeurent encore l'apanage d'équipes très spécialisées, surtout en ce qui concerne l'amélioration des animaux d'élevage par transgénèse. Cette technologie se heurte en effet à toutes sortes d'obstacles tant techniques qu'éthiques.

Le domaine végétal offre également un potentiel considérable. En effet, les techniques de production des plantes transgéniques (plantes dont le patrimoine héréditaire a été modifié par insertion d'ADN provenant d'autres sources que le patrimoine génétique parental, en utilisant les techniques du génie génétique) pourront avoir des implications au niveau de la conduite des cultures (en communiquant aux plantes des propriétés de résistance aux ravageurs et parasites), au niveau de l'amélioration de l'efficacité des cultures, de la qualité de la récolte et de la composition nutritionnelle, ainsi qu'au niveau de la production de produits pharmaceutiques et d'enzymes.

Une partie complexe va se jouer dans ce domaine entre les acteurs industriels, les pouvoirs publics et les consommateurs. Le grand public reste en effet perplexe, voire hostile (Allemagne), mais aux Etats-Unis un produit, la tomate transgénique, connaît un certain succès de curiosité auprès des consommateurs.

Le domaine de la transformation alimentaire constitue un enjeu très important. L'intensification de la concurrence entre les entreprises alimentaires au sein du marché unique conduit à élaborer des produits de plus en plus complexes et de qualité gustative optimisée. Ces produits, microbiologiquement très fragiles, nécessitent des moyens de lutte nouveaux pour garantir leur qualité hygiénique.

Premier agent de lutte, les techniques de détection des contaminations microbiennes ont fait de gros progrès en rapidité et spécificité, depuis l'apparition des kits immunochimiques et immuno-enzymatiques, et des capteurs à base de PCR pour l'identification de l'ADN.

Deuxième moyen de lutte, la prédiction de la croissance microbienne - ou microbiologie prédictive - vise à élaborer des modèles mathématiques permettant de cal culer l'influence des procédés de fabrication et de stockage sur la multiplication des espèces microbiennes. Cela conduira, à terme, à définir les conditions optimales de fabrication en fonction de la durée de vie des produits.

Troisième moyen de lutte, les techniques de stabilisation physico-chimiques, thermiques, électriques des produits ont déjà connu un développement important, mais elles doivent s'adapter pour préserver au mieux les caractéristiques sensorielles des produits (temps de chauffage court, prise en compte de produits hétérogènes, conditionnements aseptiques...).

Par ailleurs, les régularités de production et les qualités organoleptiques de produits élaborés sous l'action des micro- organismes (fromages, saucissons secs) seront améliorées par de nouvelles souches obtenues par mutation ou par transformation génétique.

Enfin, la qualité gustative des produits sera assurée, de plus en plus, par des capteurs d'arômes, de texture, de saveur, installés en ligne dans le cadre de procédés de fabrication automatisés. Des développements sur la mise au point de "nez artificiels" sont déjà en cours.

A côté de ces débouchés alimentaires, la production agricole peut aussi trouver des débouchés non alimentaires, non négligeables mais fragmentés, parmi lesquels on peut envisager l'industrie papetière, les matériaux biodégradables, la production de carburants liquides et des coproduits à haute valeur ajoutée, et même l'industrie des cosmétiques et des parfums.



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