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"Jaojoby" le roi du salegy, de retour à la Réunion


Eusèbe JAOJOBY nous attend au snack bar des filaos à Saint-Leu.
La scène pour le concert du dimanche 23 octobre fait face à un lagon turquoise.
La star malgache trépigne d’impatience devant l’infrastructure.
Jaojoby nous vient tout droit d’Antananarivo pour un concert humanitaire en faveur de la fondation du père Pédro. Eusèbe porte son éternelle écharpe en bandoulière sur l’épaule. « Au cas où il fait froid », nous confie le chanteur.
« En fait j’en ai très rarement besoin, c’est pour moi une tradition », il fini par murmurer. Le sourire toujours généreux, le leader de Jaojoby se livre. Rencontre.


Le groupe de dalons.

Jaojoby, on vous appelle le roi du salegy, pourquoi ?
Le salegy est la musique traditionnelle de Madagascar. Tout petit, je reprenais les chants folkloriques de nos aînés. Nous tapions le sol avec les pieds, battions des mains, frappions sur des tambours. Dans les années 1960, 70, les instruments électriques ont donné une nouvelle dimension au salegy ancien. La rythmique reste la même : celle d'une locomotive à vapeur à pleine vitesse. La guitare, l'orgue ou encore l'accordéon font monter les décibels. Tout ça pour pousser les gens à danser toujours plus . Moi, j'ai été l'un des premiers musiciens malgaches à mettre du chant sur le salegy. Et ça fait 35 ans que ça dure !


Eusèbe JAOJOBY

Justement vous fêtez vos 35 ans de scène ? Quel effet ça fait ?
Ca fait vieux ! (Rires) Et je suis un peu fier aussi. J'ai commencé à chanter à l'âge de 15 ans. J'ai gagné mon premier radio croché, à Diego, avec une chanson de Tino Rossi. D'ailleurs là-bas, on m'a longtemps surnommé « Le cour serré ». C'est les premiers mots de la chanson. (Il se met à chanter)


Eusèbe et son fils le virtuose
Avez-vous d'autres influences mises à part le salegy ?
Lorsque j'étais jeune, je jouais dans diverses formations. Je chantais du James Brown, Otis Redding. J'adore toujours le blues, le funk et j'écoute beaucoup de jazz. Or malheureusement, on ne me demande de jouer que du salegy. J'adore ça évidemment mais j'aimerai retourner, de temps en temps, à mes premiers amours.

Depuis quand Jaojoby existe ?
J'ai créé le groupe en 1988. Depuis, à deux musiciens près, la formation n'a pas changé. Ma fierté, c'est mon fils qui joue de la guitare. Il fait les solos. A 10 ans, c'était déjà un virtuose 

Il y a quelques semaines vous enflammiez la scène des 10 ans du Bato Fou. Quelles sont vos affinités avec la Réunion ?
J'adore ! Depuis 1995, on revient deux fois par an au minimum. La plupart du temps c'est pour venir jouer au Bato Fou… Le Bato Fou c'est mon bateau ! J'aime son ambiance électrique. Sinon, on a fait le Kabar Réunion à Saint-Gilles. C'est un de mes meilleurs souvenirs : c'était chaud, chaud, chaud !

Quel message fais tu passer à travers ta musique ?
Pour nous malgaches, notre philosophie est basée sur le respect, l'amour, l'entre aide et la tolérance. Dans mes textes, je parle de mes histoires d'amour et celles de mes voisins. J'ai fait des chansons sur la protection de l'environnement, sur le SIDA.

Comment se porte Madagascar ?
Le pays a du mal à se relever de la crise de 2002. Les politiques font des tempêtes dans un verre d'eau. A part la presse, plus personne n'en tient rigueur. La population en a marre. Mais chez nous ça va très bien ! Nous sommes un peuple joyeux.

Qu'est ce qui, dans le monde, vous fais peur ?
La détérioration de la planète. Le réchauffement de la terre, les catastrophes naturelles qui s'enchaînent… on commence à payer les frais.

Et qu'est ce qui vous fait sourire ?
La sympathie, l'écoute et l'amitié.

Propos recueillis par Laurène Mazier

Rendez-vous Dimanche 23 octobre pour un concert gratuit avec : "Funky bazar", "Manléo" et "Jaojoby", au snack bar des filaos à Saint Leu à partir de 15h.

L'interview « Et si vous étiez… »

Une chanson ? 
« Velona », ça veut dire vivant, une de mes chansons.

Un film ?
Un film policier

Un pays ?
Madagascar évidemment !

Un plat cuisiné ?
Du poisson grillé

Un dessert ?
Une papaye

Un animal ?
Le lion

Une fleur ?

La rose

Un médicament ?

Le miel sauvage

Un proverbe ?

« L'union fait la force »

Un gros mot ?
« Il m'énerve »


Runweb y était !!

Un concert les pieds dans l'eau.

La scène fait face au lagon. Le soleil tape, il est 16 heures et déjà la foule s'installe sur la pelouse. Le snack bar des Filaos à l'initiative de ce concert gratuit, fait le plein. Les trois quarts de la recette seront reversés à la fondation du père Pédro qui ouvre pour les enfants à Madagascar.
Funky Bazar, ouvre le bal, mené par un petit brin de femme dont jailli une voix roque et puissante. Suit Manléo. Entre sonorités jamaïcaines et rythmes exotiques, l'ambiance se réchauffe. La nuit tombée, le tant attendu Jaojoby fait son entrée sur scène. Comme d'habitude, il nous a offert un pur moment de plaisir.

Textes et photos : Laurène Mazier