> retour au sommaire
> retour aux actualités
Deuxième projection publique sur la plage de Saint-Gilles-les-Bains,
« Pardonnez-moi » : la rage au cœur !
Plage des Brisants, à Saint-Gilles-les-Bains, 20h. C’est la deuxième projection publique et en plein air offerte par les organisateurs du Festival sur cette plage de l’Ouest de La Réunion.
Il fait presque nuit noir. La lune joue à cache-cache avec quelques nuages. Tout le monde est installé soit dans un transat - festivaliers, invités et spectateurs, sans distinction –soit sur le sable. L’écran géant permet d’avoir une excellente visibilité quel que soit l’endroit où l’on se trouve.
Sobrement, l’équipe du film, minuscule devant l’écran de 30 mètres de long et de 8 de haut, salue le public et dit sa joie et son émotion de voir son film projeté à La Réunion et dans ces conditions. L’animateur « meuble » et tente, avec gentillesse, des transitions … inutiles et maladroites.
Premières images sans son. Erreur technique. Maïwenn Le Besco, réalisatrice et principal personnage du film, est déjà là, auprès du technicien, lui suppliant presque de relancer la projection dès le début. Il ne le fera pas.
Moins de 5 minutes après le début du film, il n’y a plus un bruit. Pas un murmure, pas un téléphone portable qui sonne, pas un cri d’enfant. Pas un commentaire non plus. A moins que le film soit si fort, si prenant, si extraordinaire de vérité, de spontaneïté, de sensibilité à fleur de peau, qu’on ne les entende pas.
Un des secrets de ce film : l’improvisation
Maïwenn Le Besco est d’abord actrice. « Pardonnez-moi » est son premier long-métrage. Elle y a mis une partie de sa propre histoire mais aussi sa rage, son cœur, sa sensibilité, son énergie, avec une détermination et une lucidité ahurissantes. Elle y a mis aussi sa façon de tourner et de conduire les acteurs, saluée par Luc Besson qui en a pleuré en découvrant ce film auquel, au départ, il n’avait pas cru. Pensez : un scénario de 15 petites pages qui ne retenait l’attention de personne, pas de financement autre que l’argent personnel de la réalisatrice, pas de soutien des chaînes de télé…
Un des secrets de Maïwenn : l’improvisation. Un scénario à peine écrit, des acteurs qui découvraient l’histoire au fur et à mesure du tournage. « Je voulais que l’image soit tout sauf préparée. Comme l’improvisation était la règle, je tenais à ce qu’on soit sans cesse en mouvement. J’avais tout dans la tête mais je le gardais au maximum pour moi ».
Improvisation mais pilotage très serré d’elle-même et des acteurs par la réalisatrice qui a dû lutter sans cesse pour contrôler ses propres émotions. Une seule fois cela a dérapé. Lors de la scène où Violette fait revivre devant son père, à l’aide d’une poupée qui la représente, les sévices (coups, humiliations) qu’il lui a fait subir quand elle était enfant. « Lorsque ma tête frappe contre le sol […] j’ai oublié le film, les acteurs, les caméras…J’étais plombée par les souvenirs »
Une étrangeté
Tous les événements de ce film, on les reçoit en plein visage : à cause de ce qu’ils racontent mais aussi parce qu’ils ont été filmés caméra au poing. Par Maïwenn elle-même, le plus souvent, avec beaucoup de très gros plans focalisés souvent uniquement sur une partie du visage des acteurs.
Même sans être un grand cinéphile, on sent qu’on est devant une étrangeté, une « exception culturelle » ou plus précisément cinématographique, au sens propre. Difficile de mettre des mots sur ce film. Difficile de le décrire, de le qualifier.
Inutile de tenter de le raconter en détails. Ce serait forcément le dénaturer.
Et toujours ce doute entre ce qui appartient au témoignage et ce qui appartient à la fiction. Ainsi on ne comprend pas, sauf si on l’a lu auparavant, que les images de la petite fille interviewée c’est Maïwenn enfant, images issues des propres archives de la réalisatrice.
Une chose est sûre : si le rôle de Violette n’avait pas été joué par Maïwenn elle-même (dans un premier temps, elle a rencontré près de 20 actrices pour jouer le rôle), ce film n’aurait jamais eu une telle force.
Laurence de Susanne
30/11/06
Crédits photos : Fatch,
fatchphoto@wanadoo.fr
« Pardonnez-moi », depuis le 22 novembre sur les écrans (métropolitains)
« Pardonnez-moi » de et avec Maïwenn Le Besco dans le rôle principal (Violette), Pascal Gregory (le père), Marie-France Pisier (la mère), Hélène de Fougerolles (Billy, une de ses sœurs), Aurélien Recoing (Paul, l’amant de sa mère il y a 20 ans), Mélanie Thierry (Nadia, sa deuxième sœur, plus jeune)
Synopsis (résumé officiel du film) « Alors qu’elle attend son premier enfant, Violette décide de lui offrir un film sur sa famille.
Caméra au poing, elle va faire éclater la vérité et révéler les secrets de famille en affrontant à tour de rôle sa mère, ses soeurs, un journaliste que sa mère a connu vingt ans auparavant, et enfin son père…
Aveux, cris, larmes et fous rires... : personne n’en sortira indemne ! »
|
Des spectateurs en majorité séduits et… groggy
Si on en croît le silence des nombreux spectateurs (près de 400) venus voir « Pardonnez-moi » sur la Plage des Brisants, le film a été envoûtant.
A la sortie, on a l’impression que tout le monde a reçu un gros coup de poing dans la figure. Comme groggy !
Après quelques minutes, les langues se délient.
La plupart des commentaires sont élogieux à très élogieux. Quelques rares critiques fusent : «Cela ressemble à de la télé-réalité», «C’est une œuvre trop personnelle, c’est de l’auto-thérapie».
|
Bande Annonce du film
|