La Réunion en ligne

Coupe de France 2006 des marlins à la Réunion :
pêcher le plus beau marlin, à la loyale

Journée du lundi 23 janvier 2006

Effervescence au Club nautique de Bourbon (CNB) à Saint-Gilles les Bains, organisateur en chef de cette grande épreuve sportive ouverte aux pêcheurs amateurs. Reportages et photos tout au long de la semaine !


Le "Coyote" (7,15m, moteur de 150 ch) et son équipage rentrent au port de Saint-Gilles

Deuxième jour de la Coupe de France « Marlins de La Réunion ». A 4h45, au Club nautique de Bourbon, à Saint-Gilles-les-Bains, pas un seul des 28 équipages ne manque à l'appel. Même détermination que la veille, avec un seul et unique objectif pour chacun  : aller à la rencontre du seigneur de l'Océan, le marlin, tout faire pour qu'il «morde à l'hameçon » puis qu'il soit ramené à bord avec la ligne la moins résistante possible. L'intérêt de ce challenge : gagner minute après minute le combat - tout en respectant une liste impressionnante de contraintes - contre ce poisson extrêmement virulent dont tous les pêcheurs amateurs réunis ici parlent avec respect et admiration.

Trois fois de suite le même marlin s'est attaqué aux leurres du « Coyote »


18h : les équipages sont revenus à terre. Une bière à la main, ils racontent, parlent « technique », s'enflamment, commentent les différentes annonces (tel poisson pêché par tel bateau, dans telles conditions) faites sur le canal radio qui relie tous les concurrents durant la pêche.

Serge Periamodely, professeur de son état, est un des trois skippers-pêcheurs du « Coyote ». Ses deux accolytes, Christian Robert et Didier Devillecourt, le missionnent pour raconter leur journée de pêche à Runweb.

 


Christian Robert et Serge Periamodely du "Coyote"


Serge Periamodely


Avec une précision d'horloger - ce sport est ultra-réglementé - Serge va nous faire revivre cette journée :
« A 6 heures, on sort du port, dans les tout derniers, volontairement. On se dirige vers le DCP Omega (bouée lestée - voir encadré) à 8 miles au large de Saint-Paul à la vitesse de 7- 8 nouds. Quatre lignes à l'eau de 80 livres (résiste à 37 kg de traction), avec chacune un leurre différent (=appât artificiel) ». Arrivée au large du cap Houssaye. A 7h03 ( !), un marlin attaque mais ne mord pas. Il s'éloigne, revient : cette fois, l'hameçon l'attrape à la gueule; sous la douleur, le marlin saute très largement en dehors de l'eau, donne un grand coup de tête, se libère de l'hameçon et replonge vers les grandes profondeurs.. C'est un marlin bleu. L'équipage guette. le marlin revient encore une fois. Cette fois, l'hameçon se plante dans le rostre, tout près de sa gueule. Et là, il lui est impossible de se libérer.


La ligne supporte une traction maximale de 37 kg , le marlin en pèse environ trois fois plus !

Commencent 35 minutes de combat entre Didier et le marlin : le pêcheur lâche du mou dès que le marlin tire, lâche encore, reprend dès que le marlin relâche la tension.Quand le marlin a été ferré, il y avait 80 mètres de ligne dehors. Le pêcheur va en lâcher jusqu'à 400 mètres durant le combat. La ligne supporte au maximum une traction de 37 kg , or ce marlin en pèse environ trois fois plus ! Tout l'art du pêcheur et de l'équipage se mesure dans ces instants. Des instants qui peuvent durer des heures !
La coordination entre le skipper, celui qui pilote le bateau, et le pêcheur, est essentielle : recherche continuelle de l'alignement entre la ligne et le bateau, suppression au maximum du « mou » dans la ligne.
Le marlin s'épuise à tenter de s'échapper, à tirer sur une ligne qui résiste. Il n'a plus aucune force et souvent meurt quelques minutes après avoir été hissé sur le pont du bateau par l'arrière. Là aussi la réglementation est hyper-stricte. Exemple :  : ce n'est que dans les 6 derniers mètres de la ligne ( = bas de ligne), juste avant l'hameçon que l'on peut prendre la ligne à la main.


Après 35 minutes de combat, le marlin est enfin hissé à bord


Avec précaution, le marlin est posé sur le chariot pour être emmené à la pesée

7h 40 : le combat est terminé. Retour au port, contrôle du leurre, de la résistance de la ligne, du moulinet et de la canne et.pesée du marlin. 101 kg !
Ce sera le plus gros marlin pêché de toute la journée mais le « Coyote » ne sera par pour autant le vainqueur du jour. Cette première place sera attribuée au bateau qui a pêché un marlin de 75 kg avec une ligne de 50 livres (résistance à 24 kg ). Car d'autres critères que le poids entrent en ligne (c'est le cas de le dire ;-) ) de compte et notamment la résistance de la ligne et le fait de relâcher le marlin après l'avoir pris en photo ou avoir évalué son poids. C'est un des rôles du juge-arbitre embarqué - théoriquement - sur chaque bateau de pêche.
Le fait de relâcher un poisson après l'avoir pêché est donc un acte doté d'un bonus de points : une preuve de plus que la pêche au gros est avant tout un sport !

Laurence de Susanne

Qu'est-ce qu'un DCP* ?

Un DCP est un système qui recrée la chaîne alimentaire des poissons en des endroits précis, et soigneusement marqués. Il permet d'attirer et de fixer le poisson en un lieu précis grâce à  un montage fait d'un « corps mort » (lest), d'une bouée, de cordes et de petits filets ou de bâches.
L'accumulation d'algues et de nourriture de toutes sortes sur les mailles des filets et sur la corde attire de nombreux poissons, des plus petits aux plus gros.
Ces systèmes ne peuvent être posés que par les pêcheurs professionnels. Ils sont déclarés à la Direction des affaires maritimes à qui leur position exacte est communiquée. 

* DCP : Dispositif de Concentration de Poissons