Au nom de la France, unissons-nous ! Pour commémorer le 60ème anniversaire de la création de l’Otan, le Président Sarkozy a décidé la réintégration de la France dans les organes militaires intégrés. Ainsi, il confirme, une nouvelle fois et de manière définitive, une rupture irréversible avec l’héritage que nous a laissé le général de Gaulle. Cette décision met un terme à 60 ans d’indépendance de la France ; "notre cher et vieux pays" ne sera plus en mesure de mener sa propre politique et, en conséquence, de défendre ses intérêts majeurs.
La leçon de Charles de Gaulle "… tandis que se dissipent les perspectives d’une guerre mondiale éclatant à cause de l’Europe, voici que des conflits où l’Amérique s’engage dans d’autres parties du monde … risquent de prendre, en vertu de la fameuse escalade, une extension telle qu’il pourrait en sortir une conflagration générale. Dans ce cas, l’Europe, dont la stratégie est, dans l’O.T.A.N., celle de l’Amérique, serait automatiquement impliquée dans la lutte lors même qu’elle ne l’aurait pas voulu." précisait le général de Gaulle lors de sa conférence de presse du 21 février 1966 au cours de laquelle il a annoncé le retrait de la France de la structure militaire intégrée de l’OTAN. Cette déclaration historique garde aujourd’hui toute sa valeur avec la volonté exprimée par nos dirigeants de créer une armée européenne compatible et fongible avec celle de l’Otan.
Il faut réagir… Il est des moments dans notre histoire de France où chacun de nous, ministre ou simple citoyen, détenteur d’un mandat électif ou libre de tout engagement contraignant, doit, en conscience, agir, réagir, refuser… résister. Déjà, de multiples réactions surgissent. En premier lieu les gaullistes de conviction. Puis ceux qui, aujourd’hui, voient dans le gaullisme une voie d’avenir et non plus une nostalgie ringarde. "François Bayrou passe de l’atlantisme à l’indépendance gaullienne" ose Sylvain Lapoix sur marianne2. Le président du Modem, en clôture de la conférence Nationale de son mouvement, propose même un référendum. Bravo ! Le toujours ardent député "gaulliste et républicain" Nicolas Dupont-Aignan lui signifie son appuie tout en regrettant que l’ex-candidat à la présidence de la République soit toujours aussi favorable au traité de Lisbonne. Le PS et ses alliés, reprenant la formule usitée "allié mais pas aligné", ne vont pas aussi loin. Ils se contenteront d’un débat à l’Assemblée nationale. Il est vrai que le parti de Martine Aubry n’a pas la culture de la démocratie directe. Jean-Pierre Chevènement ira-t-il plus loin ?
Un leurre et une faute diplomatique, car on remet en cause cinquante ans d’indépendance de la France Du côté de la majorité, Jacques Myard, toujours aussi "Français", ne se laissera pas engluer dans la nasse majoritaire : "ce serait une régression forte". Et de conclure : "L’Otan est une machine politico-militaire américaine, point barre". Daniel Garrigue dans un tonitruant "bonjour messieurs les traites" affirme haut et fort que "rien ne justifie le retour de la France dans l’OTAN et la remise en cause de l’un des rares consensus forts de notre pays". Jean-Pierre Grand et Georges Tron sont également sur le pont. "Dans le monde entier des pays qui attendent de la France qu’elle demeure une transition, une passerelle, et quelle ne s’aligne pas sur les États-Unis" affirme ce dernier. Seront-ils rejoints par Lionel Lucas, François Goulard, Hervé Gaymard, Guy Tessier… Michèle Alliot-Marie, Jean-louis Debré et même Jacques Chirac vont-ils se taire indéfiniment ? La majorité UMP peut, conséquence de ce renoncement national orchestré par Nicolas Sarkozy et son gouvernement, se briser sur le récif de l’indépendance nationale. A moins de se soumettre une nouvelle fois !
Prendre de la hauteur… Dominique de Villepin, ancien premier Ministre et ministre des Affaires étrangère, dont le discours du 14 février 2003 à l’ONU a redonné à la France son audience notamment auprès des pays les plus démunis, refuse fermement cette soumission. Dominique de Villepin doit répondre à notre appel. Il lui appartient de prendre toutes les dispositions pour fédérer, dans un consensus national indispensable, les oppositions à la réintégration de la France dans les organes militaires intégrés de l’Otan. Il ne sera pas seul.
Alain KERHERVÉ www.gaullisme.fr
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