LE REGLEMENT EXTRAJUDICIAIRE DES LITIGES DE CONSOMMATION


La Communauté développe des initiatives dans le domaine de l'accès des consommateurs à la justice depuis de longues années.
Deux éléments visent à faciliter le règlement des litiges de consommation :
  • un formulaire de réclamation,
  • l'établissement de principes applicables aux procédures extrajudiciaires.

    I. LES LITIGES DE CONSOMMATION ET LES DIFFERENTS MOYENS DE REGLEMENT

    A. L'accès du consommateur a la justice

    Depuis l'adoption du premier Programme pour une politique de protection et d'information des consommateurs en 1975, l'acquis communautaire dans ce domaine s'est fortement développé. Plusieurs textes communautaires visent à attribuer au consommateur un ensemble de droits concrets dont il bénéficie dans tous les Etats membres, lui permettant de mieux profiter du grand marché intérieur. Les Etats membres ont également adopté des réglementations très variées en matière de consommation, s'ajoutant au droit civil. Encore faut-il que l'accès à la justice soit adapté aux particularités des litiges de consommation : coût de la consultation juridique et de la représentation, frais de justice, frais de consultation d'experts, longs délais, barrières psychologiques dues à la complexité et au formalisme des procédures. Sauf préjudice important, il y a une disproportion économique entre l'enjeu financier de l'affaire et les frais et durée de la procédure judiciaire. De nombreux consommateurs renoncent alors à faire valoir leurs droits. Si la situation est déjà complexe dans le cadre national, l'internationalisation des conflits l'aggrave encore.

    B. La mise en place d'un système de nature particulière

    Les consommateurs peuvent accéder à la justice grâce à diverses méthodes. Au cours des dernières années, des mécanismes extrajudiciaires se sont développés dans plusieurs pays pour la résolution des litiges de consommation : médiation, conciliation (complétant ou précédant une procédure judiciaire), arbitrage…

    C. Les actions possibles

    Trois initiatives complémentaires sont envisageables, intégrées ou non au cadre traditionnel de la résolution judiciaire des litiges.

  • Simplification et amélioration des procédures judiciaires
    La plupart des Etats membres ont développé des initiatives visant à simplifier les procédures judiciaires pour certains litiges. Malgré une absence généralisée de formalisme , il existe un large champ de procédures simplifiées, notamment dû aux divers critères de définition des petits litiges ou les coûts.

  • Amélioration de la communication consommateurs/professionnels
    La résolution amiable des litiges satisfait les besoins des professionnels (éviter des procès judiciaires, maintenir leur clientèle) et l'accès du consommateur à la justice. Le recours à des organes compétents pour la résolution des litiges de consommation est inévitable en cas d'échec.

  • Mise en place de procédures extrajudiciaires
    Ce mode de règlement se caractérise par une grande diversité selon les Etats.
    Les instruments extrajudiciaires peuvent résulter soit d'initiatives des pouvoirs publics au niveau central (Consumer Complaints Boards dans les pays scandinaves) comme au niveau local (tribunaux arbitraux espagnols), soit d'initiatives des associations ou des secteurs professionnels (ombudsman des Banques ou des assurances), ou par des professionnels ou établissements prestataires de services d'arbitrage et de médiation (juristes ou centres d'arbitrage privés). Par conséquent, la nature des décisions prises par ces instances est très variée : simples recommandations (Complaints Boards des pays scandinaves et la plupart des "Ombudsman" privés), décisions contraignantes pour le professionnel (ombudsman des banques) ou pour les deux parties (arbitrage).

    II. LES MESURES DE LA COMMUNAUTE RELATIVE AU REGLEMENT DES LITIGES DE CONSOMMATION

    A. La promotion du règlement amiable

    Le formulaire européen de réclamation pour le consommateur vise à améliorer le dialogue entre les consommateurs et les professionnels et à les aider à atteindre un règlement à l'amiable des problèmes qu'ils peuvent rencontrer dans le cadre de leurs transactions.
    Si le différend n'est pas résolu dans ce cadre, le formulaire peut être utilisé pour ouvrir une procédure extrajudiciaire.
    Ce formulaire de réclamation peut être utilisé au niveau national et transfrontalier, indépendamment de la valeur ou du type de litige.

    B. Principes applicables aux organes responsables pour la résolution extrajudiciaire des litiges de consommation

    La recommandation 98/257/CE établit une série de principes applicables au fonctionnement des organes extrajudiciaires de résolution des litiges de consommation :

  • Indépendance
    Il s'agit de garantir l'impartialité d'action de l'organe responsable, que la décision soit prise collégialement ou individuellement, par la représentation paritaire des consommateurs et des professionnels ou le respect de certains critères (capacité, expérience et compétence, notamment juridique, nécessaires; mandat d'une durée suffisante ..).

  • Transparence
    Garantie par : la communication par écrit (ou autre forme appropriée) à toute personne qui le demande d'une description précise des types de litiges et des limites éventuelles, règles de saisine et de procédures de l'organe, coût éventuel, modalités de prise de décision, valeur juridique de la décision, voies de recours éventuelles ; la publication d'un rapport annuel relatif aux décisions rendues.

  • Principe du contradictoire
    Toutes les parties concernées doivent pouvoir faire connaître leur point de vue et prendre connaissance de toutes les positions et de tous les faits avancés par l'autre partie, ainsi que des déclarations des experts.

  • Efficacité
    Des mesures garantissent l'accès du consommateur à la procédure (sans représentant légal obligatoire), une procédure gratuite ou à coûts modérés, des délais de règlement courts, un rôle actif de l'organe compétent.

  • Légalité
    La décision ne peut priver le consommateur de la protection de la loi de l'Etat où l'organe est établi (de la loi de l'Etat membre où le consommateur réside habituellement, s'agissant de litiges transfrontaliers, dans les cas prévus à l'art 5 de la Convention de Rome sur la loi applicable aux obligations contractuelles). Toute décision est motivée et communiquée par écrit (ou toute autre forme appropriée) aux parties concernées, dans les meilleurs délais.

  • Liberté
    La décision de l'organe ne peut être contraignante à l'égard des parties que si celles-ci en ont été préalablement informées et l'ont expressément accepté. L'adhésion du consommateur à la procédure extrajudiciaire ne peut pas résulter d'un engagement antérieur au différend, lorsque cet engagement le prive de son droit de saisine des juridictions compétentes.

  • Représentation
    La procédure ne peut pas priver les parties du droit de se faire représenter ou accompagner par un tiers pendant la procédure.

    L'assurance de ces garanties est un facteur de fiabilité et de confiance : le consommateur pourra bénéficier pleinement des avantages offerts par le système extrajudiciaire de son pays ou celui d'un autre Etat membre; les organes de résolution extrajudiciaire pourront collaborer efficacement pour améliorer le règlement des litiges transfrontaliers. Le résultat final serait de permettre au consommateur, dans le cas de litiges transfrontaliers, de saisir, par le biais de l'organe extrajudiciaire existant dans son propre pays, l'organe homologue extrajudiciaire compétent à l'étranger.

    Pour assurer un niveau de transparence et de diffusion des organes extrajudiciaires conformes à ces principes minimaux, la Commission a créé une base de données , alimentée par des informations fournies par les Etats membres. Cette base de données contribue à la mise en réseau et à la collaboration efficace des organes extrajudiciaires en vue de la résolution des litiges transnationaux. La coopération souhaitée de ces organes vise à ce que le consommateur puisse saisir un organe extrajudiciaire dans un autre pays de l'Union européenne par le biais de l'organe homologue de son pays.

    C. Le cas des services financiers

    Le développement d'un marché unique dans les services financiers - accéléré avec la croissance de commerce électronique - a augmenté le besoin de solutions internationales efficaces pour l'accès des consommateurs à la justice.
    Pour les services financiers, à la différence de nombreux autres secteurs, un grand choix de solutions existe déjà au niveau national, en particulier dans les secteurs des assurances et opérations bancaires.
    Le Plan d'action relatif aux services financiers (COM 1999/232) suggère que la Commission utilise les structures nationales existantes pour régler les litiges internationaux, reliant les organismes nationaux dans un réseau européen.
    L'objectif d'un réseau communautaire de médiation est de faciliter l'accès des consommateurs au règlement amiable de litiges internationaux, quand le consommateur et le fournisseur de services financiers viennent d'Etats membres différents. Il est essentiellement construit sur la reconnaissance mutuelle des corps de réparation nationaux et l'échange d'information.
    L'idée de base de la coopération est que le consommateur de services financiers internationaux pourra porter le litige devant un tiers, même si le fournisseur n'adhère pas au système de règlement des contentieux du pays de résidence du consommateur. Ceci est possible en lui ouvrant l'accès aux modes de règlement alternatifs des litiges auquel le fournisseur de services adhère dans son propre pays de résidence.
    A l'exception de quelques procédures d'arbitrage spécifiques, le règlement de plaintes non-juridictionnel dans le secteur des services financiers ne privent jamais les consommateurs de leur droit d'aller devant les tribunaux s'ils ne sont pas satisfaits du résultat donné.

    Informations supplémentaires :
    Accès des consommateurs à la justice :
    Informations générales sur les structures nationales de règlement des litiges pour les services financiers
    Direction générale de la santé et de la protection des consommateurs

    Caroline ROBERT Euro Info Centre de Rennes/Novembre 2000

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