Eurotek
est née en 1990 à Saint-Louis (Haut-Rhin) et est, à l'origine, un bureau
d'études spécialisé dans la chimie et la pharmacie. En 1993, la société
se recycle dans le traitement des déchets et se lance dans la production
et la commercialisation de produits biodégradables avec des partenaires
allemands, suisse et italiens… c'est là qu'intervient le programme européen
JEV (Joint European Venture) porté à bout de bras par Monsieur Ralph WICKY,
gérant de la société qui témoigne.
Comment vous avez découvert le programme
JEV et en quoi a-t-il répondu à vos besoins ?
Effectivement, comme vous
le rappelez, à l'origine Eurotek est un bureau d'études spécialisé dans
la chimie et la pharmacie et quand ce secteur a connu une crise importante
en 1993 nos emplois étaient menacés et la société sur le point de fermer.
Nous avons donc dû trouver une autre branche d'activité et nous avons choisi
de nous lancer dans le traitement des déchets… toujours en tant que bureau
d'études. De fil en aiguille nous en sommes venus à commercialiser des sacs
biodégradables et compostables, nous avons développé une matière nouvelle
entièrement biodégradable qui se décompose dans le sol mais pas dans l'eau…
et avons souhaité commercialiser nos produits, seulement il faut des machines
pour les fabriquer. Etant une petite entreprise de 5 salariés, nous n'avions
pas les moyens de consentir un tel investissement. Il nous a donc fallu
trouver des actionnaires ou des partenaires pour fabriquer les machines
destinées à produire nos inventions. Situés dans une région transfrontalière,
c'est de longue date que nous avions des contacts avec des sociétés en Allemagne
et en Suisse. Nous les avons approchées pour créer un partenariat et trouver
les financements nécessaires à la fabrication de ces machines. C'est à ce
moment qu'un de nos interlocuteurs allemands a évoqué l'existence d'un programme
communautaire destiné à soutenir financièrement les petites entreprises
de l'Union européenne qui souhaitent créer une entreprise conjointe. Nous
nous sommes documentés auprès de la Commission européenne et de notre banquier,
la Banque Populaire qui justement figure parmi les est intermédiaires financiers
officiellement agréés pour ce programme. Et voilà, nous nous sommes lancés
dans l'aventure.
Alors, est-ce qu'on peut parler de véritable manne communautaire
?
Non, pas du tout. Je crois qu'une entreprise qui se lance dans un programme
communautaire ne doit pas s'attendre à ce que l'ensemble de son projet soit
financé par la Commission européenne… loin de là. Pour ce qui nous concerne
d'ailleurs, il était très clair qu'avec ou sans JEV notre projet verrait
le jour. Avant de demander une aide communautaire, il faut d'abord avoir
un projet solide, innovateur, auquel on croit et qui a une dimension européenne.
Vous savez, les entreprises n'ont pas le temps de courir après les aides
européennes, s'il y en a et qu'on entre dans les critères : tant mieux,
sinon on fait sans. Par ailleurs, le programme JEV finance plusieurs étapes
de la constitution de votre entreprise conjointe, il y a deux étapes et
pour l'instant nous ne sommes qu'à mi parcours de la première étape. Nous
avons touché 17 000 euros pour la recherche de partenaires, et notre projet
d'investissement s'élève à plus de 1,5 millions d'euros! Vous voyez bien
qu'il ne faut pas lier le projet à l'aide européenne, le montant en est
bien trop faible, mais en bénéficier c'est un plus. Croyez-moi, on sait
comment utiliser le financement perçu ! D'ailleurs, notre société conjointe
existe depuis avril 1999, elle s'appelle BI-TEC, et ce n'est que maintenant
que nous allons passer à la deuxième phase de la première étape de JEV :
à savoir le financement proprement dit de l'entreprise conjointe, peut-être
que nous toucherons encore 17 000 euros !
Visiblement les délais d'instruction
d'un dossier de financement sont très longs, n'est-ce pas décourageant pour
les entreprises qui souhaitent se lancer dans un JEV ?
Oui, c'est long.
C'est long de préparer les dossiers, c'est fastidieux de garder tous les
justificatifs de dépenses, c'est un travail très administratif qui nous
est demandé pour constituer les dossiers qui seront ensuite présentés par
l'intermédiaire financier à la Commission européenne et 8 à 12 mois peuvent
encore s'écouler avant que vous n'obteniez une réponse. Mais bon, une entreprise
peut passer par un cabinet conseil pour réaliser son dossier. Nous n'avons
pas choisi cette solution et avons tout fait nous même car nous ne pouvions
investir 40 000 FF alors que nous ne savions même pas si nous allions décrocher
un financement. Aujourd'hui je comprends mieux pourquoi un cabinet conseil
facture ce montant ! Montant qui peut d'ailleurs être intégré dans les dépenses
couvertes par JEV. Si c'est vrai que la procédure est très lourde et très
administrative, j'encourage néanmoins les entreprises à se lancer dans une
demande de financement communautaire. D'abord parce que ce financement est
le bienvenu et aussi parce que c'est une expérience de l'Europe, parce qu'on
voit ce que l'Europe fait pour les entreprises, parce qu'on rencontre des
fonctionnaires européens très sensibles et très au fait des problèmes des
entreprises européennes… En somme c'est une super expérience et JEV est
vraiment un programme qui s'adresse aux petites entreprises… ce qui est
rare.