From tanniou@lorien.imaginet.fr Mon Jul 22 23:05 MET 1996 Date: Mon, 22 Jul 1996 23:02:06 +0200 Message-Id:Mime-Version: 1.0 Content-Transfer-Encoding: quoted-printable X-Mailer: Eudora F1.5.3 To: scherer@ensmp.fr From: tanniou@lorien.imaginet.fr (TANNIOU) Content-Type: text/plain; charset="iso-8859-1" Content-Length: 3497 Status: RO EN FORME DE LETTRE OUVERTE A M. GOURNAY, PRESIDENT DE LA CCDA Monsieur, Avec plusieurs autres collègues oeuvrant de longue date pour une administration plus citoyenne, je fais partie des amis d'Adminet, et j'ai été, à ce titre, informé du contenu de votre échange avec C. Scherer. Ce dernier nous a rapporté la compréhension avec laquelle vous avez accueilli nos considérants. Ceci me conforte dans l'idée que le texte que vous avez été conduit à légitimer n'a pas grand chose de fondateur. En effet, il crée de la norme sans créer du sens. Il ne constitue qu'une réaction humaine parmi d'autres, au sein d'un processus plus vaste de décloisonnement des échanges d'informations. Aussi mérite-t-il notre attention, davantage comme symptôme de l'humaine condition. Les textes de circonstances sont surtout là pour régler une souffrance, non pour fonder un ordre. On ne met pas pas de l'ordre dans les choses, sans en avoir préalablment élucidé le sens. Et la diabolisation de la partie libertaire l'usage de l'Inernet, pour ne conserver que la partie pouvant être contrôlée, soit par l'administration, soit par le marché l'illustre à souhait. Il ne vous est cependant, semble-t-il, pas échappé que le mode d'appropriation d'une technologie "de rupture" par le corps social, n'est jamais binaire. A côté de l'appropriation "publique", surveillée par l'Etat, et l'appropriation "économique" déclenchant des échanges monétaire, il y a ce que les sociologues appellent parfois une appropriation "sociétale". Ce troisième mode, qui échappe aux deux autres est toujours un peu souterrain et correspond à la possibilité toujours renouvelée des citoyens d'inscrire leurs échanges en dehors des rapports marchands ou des rapports d'autorité. L'autostop n'est pas interdit, mais cette pratique n'est pas sécurisée. En finançant la pratique du stop et en la qualifiant de "covoiturage", le conseil régional d'Ile-de-France entend lutter contre l'usage excessif de l'automobile individuelle. Des formes d'autostop vont donc être subventionnées. Le "stop" n'acquiert pas par là un surplus de citoyenneté.Il se déspontanéise. Ensuite, il suffira de diaboliser les auto-stoppeurs ordinaires en faisant valoir qu'ils ne sont pas assurés. L'auto-stop subventionné deviendra alors un marché pour les assureurs. Surtout si la dépense supplémentaire causée par une assurance particulière est inférieure à la subvention. Les choses rentreront alors dans l'ordre. Des relations monétaires viendront s'introduire là où elles n'avaient pas cours, là ou l'individu avait le "droit d'user et d'abuser" de son bien fût-ce en en faisant jouir autrui sans contrepartie. La vraie question concernant le Web est de savoir quelle est la part d'espace incontrôlé, notre société doit conserver, parce qu'elle est l'humus sur lequel est un Etat construit du sens... +---------------------------------+----------------------------------+ | username@imaginet.fr | Accès a l'Internet en France | | | pour 5Frans par jour... | | | ImagiNet: 33-1 43.38.10.24 | | | info@imaginet.fr | +---------------------------------+----------------------------------+