Subject: Re: [FRANCE-CHINE] Les PME françaises tentent une percée en Chine Reply-To: france-chine@yahoogroupes.fr Dans la foulée des grands groupes, des petites et moyennes entreprises industrielles et de services cherchent à profiter de la croissance du marché chinois, fortement concurrentiel. Pour leurs dirigeants, ces investissements créent souvent plus d'emplois en France qu'ils n'en détruisent. Pékin de notre envoyé spécial Quarante Airbus A330 dont vingt commandes fermes, des promesses dans le nucléaire qui ravissent Areva et EDF... Les annonces faites lors des visites concomitantes du vice-premier ministre chinois en France et de François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, en Chine du 7 au 11 juin montrent l'importance que revêtent encore les "grands contrats" dans les relations commerciales entre les deux pays. Pourtant, le gouvernement français tente de dépolitiser ces relations et de convaincre les PME de se lancer, à leur tour, dans l'aventure chinoise pour profiter de la croissance exceptionnelle de ce marché qui ne l'est pas moins. D'ores et déjà, 500 entreprises françaises sont implantées en Chine. Elles y emploient plus de 150 000 personnes sur un millier de sites et y réalisent près de 15 milliards de dollars (12,34 milliards d'euros) de chiffre d'affaires. Certes, les grands groupes s'y taillent la part du lion - Carrefour y emploie 28 000 personnes dans ses quarante-huit magasins et prévoit de doubler ses effectifs en deux ans -, mais des entreprises de taille plus modeste commencent à prendre pied sur ce marché. Certaines, comme Montagut, font même partie des pionniers. Discrète en France, cette entreprise familiale originaire d'Ardèche est présente en Chine depuis plus de vingt-cinq ans. Aujourd'hui, ses vêtements y sont distribués dans plus de 2 200 points de vente. Son polo, vendu 1 800 yuans (179 euros, soit deux mois de salaire d'une caissière de Carrefour en Chine), est un véritable signe de distinction sociale. Et comme les consommateurs aisés veulent du "made in France", Montagut, qui réalise 70 % de son chiffre d'affaires en Asie, exporte de France la moitié de ce qu'il vend en Chine. Un cas de figure plus fréquent qu'on ne le croit : dans un autre domaine, le groupe d'outillages Facom produit aussi en France ce qu'il vend aux industriels chinois. Seule une minorité d'entreprises peuvent s'offrir une telle stratégie industrielle et commerciale. Si en 2003, le déficit français avec la Chine s'est élevé à 713 millions d'euros, c'est que la Chine vend plus à la France qu'elle ne lui achète. "Dans le petit électroménager, Seb et nous n'avons pas eu le choix, reconnaît le représentant du groupe italien DeLonghi à Canton. Nous avons dû délocaliser en Chine et en Europe de l'Est." Mais réduire les investissements en Chine à des délocalisations serait une erreur. "L'essentiel des investissements européens en Chine est destiné au marché chinois, au moins dans un premier temps", affirme, tout en nuance, Pierre Letocart, responsable de la mission économique française à Pékin. Président du groupe JPC, Jacques Jumeau fabrique des thermostats. Bon an mal an, il en vendait en moyenne 10 000 en France. Installé à Canton depuis 1999, il en vend désormais 50 000 par mois. "Au départ, je ne pensais pas vendre en Chine, raconte M. Jumeau. Maintenant, j'ai de grandes marques chinoises comme clientes. Là où je suis, il y a 250 constructeurs de chauffe-eau contre trois en France." Si JPC emploie toujours une trentaine de personnes en Seine-et-Marne, sa filiale chinoise compte déjà 130 salariés. M. Jumeau envisage maintenant de transférer une partie de sa recherche et développement en Chine. MUTATION GÉOGRAPHIQUE Souvent, des PME s'implantent en Chine dans le sillage de grands groupes, voire de leurs principaux sous-traitants. Spécialiste du recyclage industriel, le groupe Bartin, qui réalise 34 millions d'euros de chiffre d'affaires, investit 5 millions dans une usine près de Shanghaï, à la demande de Valeo qui a lui-même suivi PSA Peugeot-Citroën. Le groupe automobile vient d'ailleurs de réunir ses fournisseurs dans un grand hôtel de Pékin. Message principal : comme le prix des voitures baisse en raison de la concurrence acharnée que se livrent les constructeurs mondiaux, les fournisseurs doivent améliorer leur compétitivité. Pour y parvenir, certains industriels quittent la façade maritime de la Chine, à l'Est et au Sud, pour se délocaliser à l'Ouest, là où une population d'origine rurale acceptera de travailler 42 heures par semaine pour moins de 800 yuans (80 euros) par mois. Signe de cette mutation géographique : ce n'est pas à Shanghaï mais à Wuhan et à Chengdu, deux bassin d'emplois de plus de 10 millions d'habitants situés sur la route du Tibet, que se sont rendus M. Loos et les 40 dirigeants qui l'accompagnaient. L'importance des gains espérés ne doit pourtant pas faire oublier certaines difficultés, en particulier pour les PME. La taille du pays est telle que s'implanter en Chine est souvent moins difficile que de vendre son produit dans des villes éloignées de plusieurs milliers de kilomètres. "Nous y employons 600 personnes, reconnaît Fred Franz, représentant de Hayer, un groupe alsacien spécialisé dans le matériel électrique. Par rapport à la France, les avantages son incomparables : la flexibilité y est totale et les salaires dix-huit fois inférieurs à ceux de notre usine d'Alsace. Mais notre problème est de parvenir à constituer un réseau commercial." Beaucoup d'entreprises doivent s'habituer aux moeurs locales. "La corruption est un vrai problème. Il faut régulièrement inviter les fonctionnaires chinois à passer quelques jours en Europe, soi-disant pour se former. Parfois même ceux-ci exigent d'être invités non en tant que fonctionnaires mais au nom de la société privée qu'ils ont créée en parallèle", reconnaît un dirigeant français. "Dans le Sud, il n'est pas rare que l'électricité soit coupée deux jours par semaine. Officiellement pour des raisons de pénurie. Mais si vous payez la bonne personne, le courant est vite rétabli", témoigne un autre industriel. En outre, dans certains régions, la main-d'oeuvre se fait rare. "Le turn-over devient un problème majeur. Quel que soit le salaire proposé, il est d'autant plus difficile de garder le personnel que tous les Chinois rêvent de travailler pour un groupe américain ou japonais. C'est plus prestigieux", constate Frédéric Delort, représentant du === message truncated ===