To: les-verts-78@yahoogroupes.fr From: "AFPEC" Subject: Tout cela à cause d'une petite olive.htmlReply-To: Le_Magazine_InterCulturel-owner@yahoogroupes.fr Tout cela à cause d'une petite olive -------------------------------------------------------------------------------- Le Magazine InterCulturel Bulletin francophone sur la Palestine Edité par : L'association Franco Palestinienne d'Échange Culturel AFPEC -------------------------------------------------------------------------------- Accueil > Pacifistes israéliens > Gush Shalom > Uri Avnery > 02/11/2002 Uri Avnery : Tout cela à cause d'une petite olive Le texte anglais de cet article, All Because of a Small Olive, peut être consulté sur le site de Gush Shalom : http://www.gush-shalom.org/ 2 novembre 2002 Pourquoi le gouvernement Sharon-Ben-Eliezer-Peres est-il tombé? À cause d'une petite olive. Cela a commencé comme un conte pour enfants: Il était une fois une petite olive dans un village palestinien. Elle poussait et mûrissait sur la branche d'un vieil arbre dans une plantation au sommet d'une colline. «Ramassez-moi! Je veux donner mon huile!» suppliait la petite olive. Mais elle continuait à mûrir et les cueilleurs ne venaient pas. Ils ne pouvaient pas s'approcher d'elle, parce que les colons avaient installé deux mobile homes sur la colline, et toute la zone était devenue «zone de sécurité» de cette colonie illégale. Quand les propriétaires de l'oliveraie sont arrivés, les colons les ont poursuivis, les ont battus et ont commencé à tirer. Ce scénario s'est passé dans des dizaines d'endroits à travers toute la Cisjordanie. Les villageois ont fait appel aux forces israéliennes de défense (F.I.D.) qui contrôlent maintenant tous les territoires palestiniens. Mais l'armée n'est pas venue pour les protéger. De nombreux officiers sont eux-mêmes des colons. L'armée considère que son boulot est de défendre les colons, et elle répugne à l'idée d'avoir à se confronter à eux. Dans les cas où l'armée est intervenue, c'était pour chasser les villageois de leurs plantations qui se trouvaient autour de ces colonies illégales. En désespoir de cause, les villageois ont fait appel aux organisations pacifistes israéliennes. Ils les ont trouvées prêtes. Le «camp de la paix» israélien se compose de deux parties. L'une, autour de «la Paix Maintenant», est liée au parti travailliste, qui était un pilier du gouvernement. Le chef du parti était ministre de la Défense et, par conséquent, responsable de toutes les injustices commises dans les territoires palestiniens. L'autre partie du camp de la paix se compose de nombreux groupes radicaux, chacun agissant dans un secteur déterminé. «Gush Shalom» est un centre politique et idéologique. «Ta'ayush», un groupe israélien judéo-arabe, aide la population palestinienne assiégée. «B'Tselem» rassemble et publie des informations, de même que le «Centre d'informations alternatives». «Médecins pour les droits de l'homme» fait un travail merveilleux dans le domaine médical, tandis que la «Coalition des femmes pour la paix» et «Bat-Shalom» inscrivent les activités concernant les droits humains dans une perspective féministe. «Le Comité contre la démolition des maisons» entreprend la reconstruction de maisons détruites par l'armée, et «Rabbins pour les droits humains» agit au nom de la communauté religieuse (malheureusement minuscule) qui ne se range pas derrière la bannière nationaliste fanatique. «Machsom Watch» fait des rapports et essaie d'empêcher les mauvais traitements aux barrages. «Yesh Gvul» soutient les soldats qui refusent de servir dans les territoires occupés. «New Profile» agit dans le même domaine. La liste est longue. Les militants de ces groupes coopèrent fréquemment et beaucoup d'entre eux appartiennent à plusieurs groupes. Les militants de ces organisations se sont proposés pour aider les villageois. Ils sont venus pour cueillir les olives et défendre les villageois en tant que «bouclier humain». Ils ont été rejoints par des militants pacifistes européens qui étaient venus en groupes pour aider la population palestinienne occupée. Certains jours, il y avait des dizaines de militants israéliens et internationaux dans les plantations. Le samedi, ils étaient des centaines. Ils ont été répartis dans différents villages, sont montés sur les collines et ont été attaqués par les colons. Au cours de dizaines d'incidents, les colons ont commencé à tirer en l'air et au sol autour des cueilleurs d'olives. Pendant de longues semaines, ces événements sont restés ignorés du public. Il y a une conspiration du silence dans les médias en ce qui concerne l'existence même d'un camp de la paix radical. «La Paix Maintenant» est considéré en quelque sorte comme appartenant au consensus national et ses actions sont (chichement) rendues publiques. Les actions des forces les plus attachées aux principes et les plus énergiques («La Gauche profonde» comme les appelait l'ancien Premier ministre Ehoud Barak, qui les déteste) n'étaient pas relayées du tout, sauf si le sang coulait. Mais peu à peu des informations sur la Guerre des Olives ont commencé à filtrer dans les médias: sur les colons chassant les Palestiniens et volant les olives qu'ils avaient cueillies; sur les colons qui ramassaient eux-mêmes les olives dans les plantations après en avoir chassé les propriétaires; sur les colons mettant le feu aux plantations; sur le fait que l'ancien grand rabbin avait déclaré que des Juifs avaient le droit de voler les fruits pour lesquels les villageois arabes avaient durement travaillé, parce que Dieu a donné le produit de la Terre aux Juifs. La conspiration du silence a finalement été rompue quand un groupe d'écrivains célèbres ont organisé une cueillette d'olives symbolique. Les médias, qui avaient ignoré le travail généreux de centaines de militants anonymes, étaient heureux de rencontrer des célébrités comme Amos Oz, A.B. Yehoshua, David Grossman et Meir Shalev. La cueillette des olives rejoignait le consensus. Les colons n'ont jamais été populaires dans de larges couches de la population. La colère a monté quand on a appris que les pauvres en Israël étaient privés de fonds importants au profit des colonies. La colère se mêlait à l'anxiété pour les soldats, qui étaient fréquemment battus par les colons alors qu'ils risquaient leur vie pour protéger des colonies éloignées et à moitié vides. Les histoires de harcèlement cruel de cueilleurs d'olives sans défense ont constitué la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Elles ont provoqué rejet et dégoût, même dans la majorité silencieuse. Elles ont également eu un impact indirect sur Benyamin Ben Eliezer. Il a constaté le changement de l'opinion publique et décidé qu'il était temps, dans son propre intérêt et dans celui du parti, de quitter le gouvernement. Il a fébrilement cherché un prétexte. Les sondages indiquaient que les colons étaient dorénavant le groupe le plus impopulaire du pays. Il a donc décidé de rompre avec le gouvernement sur ce point. Il s'est mis à demander que le gouvernement retire de l'argent des colonies pour le donner aux retraités. Ceci n'était qu'un prétexte, mais il montre qu'une grande partie de l'opinion publique en a marre des colonies. À la longue, elles sont devenues le principal objet de polémique. Puisque Ariel Sharon essaie de former un gouvernement basé sur les colons et leurs alliés d'extrême droite, le parti travailliste, maintenant dans l'opposition, sera contraint de présenter un programme anti-colonies. Ainsi le slogan d'une petite minorité «marginale» est en train de devenir le programme d'une large partie de l'échiquier politique. Ceci est un exemple de la doctrine de la «petite roue» formulée par nous il y a des décennies: une petite roue avec une forte impulsion indépendante fait tourner une roue plus grande, qui à son tour en entraîne une encore plus grande, et ainsi de suite, jusqu'à ce que toute la machine se mette en marche. C'est ainsi qu'un petit groupe politique, avec un programme indépendant et déterminé, peut conduire un processus politique décisif le moment venu. Nous avons encore un long chemin devant nous. Le danger du fascisme plane toujours sur ce pays. Cependant il est devenu évident que les choses peuvent être orientées dans la direction opposée. Peut-être la petite olive sur la colline est-elle plus puissante qu'une bombe d'une tonne. [ Traduit de l'anglais - RM/SW ] 05 novembre 2002 © Solidarité-Palestine - E-mail: webmaster@solidarite-palestine.org -------------------------------------------------------------------------------- ----------------- Suleiman Abu Odeh Coordinateur général Association Franco Palestinienne d'Échange Culturel ( AFPEC ) 43 rue Jollois - Boîte 118 93120 La Courneuve Tél/Fax : 01 48 34 23 08 Mobile : 06 13 79 72 76 Courriel : afpec@lapalestine.net ---------------------------- Pour parrainer la scolarité d'un(e) enfant palestinien(ne), télécharger le formulaire aux URL suivants : http://www.solidarite-palestine.org/afpecpar.pdf (version PDF pour Acrobat Reader) http://www.solidarite-palestine.org/afpecpar.rtf (version RTF pour Microsoft Word) ---------------------------- Rendez-vous régulièrement au meilleur site francophone de solidarité avec la Palestine : www.solidarite-palestine.org de Giorgio Basile, Président honoraire de l'AFPEC, Coordinateur de l'AFPEC Belgique --------------------------------