mercredi 30 mai 2001, 9h46 Assassinat du préfet Erignac: l'instruction accable Colonna PARIS (Reuters) - Plus de trois ans après l'assassinat en Corse du préfet Claude Erignac, les juges chargés du dossier sont sur le point de boucler leur enquête, qui "charge Yvan Colonna, toujours en fuite", révèle Le Figaro. "Dénoncé par quatre complices, dont un seul s'est rétracté, accablé par les témoignages des épouses de certains de ses amis, Colonna voit sa ligne de défense s'effriter," poursuit le quotidien. "D'autant que d'autres récits de témoins visuels de l'assassinat devraient rendre crédible la thèse de l'accusation. Sans parler des éléments matériels (portables, armes du crime) exploités par les policiers". Selon le quotidien, les juges Jean-Louis Bruguière, Laurence Le Vert et Gilbert Thiel devraient clore une partie des informations judiciaires sur ces faits d'ici quelques jours. En janvier dernier, Colonna, qui est en fuite depuis mai 1999, avait adressé à un périodique nationaliste une lettre où il affirmait son innocence et expliquait qu'il n'entendait pas se livrer à la justice. Selon les juges, Colonna faisait partie des trois membres du commando qui a abattu le préfet Erignac le 6 février 1998, précise le Figaro. Le groupe comptait au total six membres. Deux d'entre eux, Didier Maranelli et Martin Ottaviani, auraient déclaré que Colonna était celui qui a tiré; un troisième, Pierre Alessandri, aurait fait les mêmes déclarations avant de se rétracter. Joseph Versini, qui a participé à une "réunion préparatoire" aurait affirmé que Colonna faisait partie du groupe, selon le quotidien. --- La "piste intellectuelle" privilégiée --- Jeanne Ferrandi affirme que son mari est rentré dormir chez elle après l'assassinat, accompagné de Colonna et Alessandri, un témoignage corroboré par la femme d'Alessandri, selon le Figaro. Les éléments apportés par les témoins du meurtre "colleraient avec la chronologie des faits tels que décrits par les membres du groupe qui ont parlé", ajoute le quotidien. Le Figaro détaille également les éléments matériels à charge: "de nombreux appels de téléphone cellulaire entre Maranelli, le 'guetteur présumé', et Ferrandi, soupçonné d'appartenir au commando, ont pu être répertoriés dans un temps voisin de l'action, entre les trois bornes relais qui forment le triangle où se situe la scène du crime à Ajaccio". "L'arme du crime laissée sur place et dont le numéro d'identification a permis de faire le lien avec son vol constitue un autre élément clé." En ce qui concerne les commanditaires, le quotidien indique que la "piste agricole" aurait perdu du crédit au profit de la "piste intellectuelle" menant à deux enseignants de Haute-Corse. "Aucun élément matériel ne permettrait d'établir leur implication de manière irréfutable", précise le Figaro. En revanche, "le cas Colonna ne fait pas l'ombre d'un doute" pour les magistrats et policiers ayant traité l'affaire d'homicide, ajoute le quotidien.