Soirs d'exil (pour le bon poète Gabriel Nigond) Venez sous cette lampe amie et près du feu. Parlez-moi du Berri, de la mousse câline, De l'étang lumineux sur qui le jonc s'incline, Paupière de velours où brille un regard bleu. Je vous dirai l'ardeur de nos Juillets en feu, Les vignes d'Août saignant à flots sur la colline, Et, quand le vent le tord d'une étreinte féline, Le grand pin qui nous parle avec la voix d'un dieu. Au dehors, c'est la nuit, l'hiver, Paris hostile; L'heure morne s'égoutte aux beffrois de la ville: Evoquons la patrie et le passe' charmant! Un mirage en nos yeux met sa lueur qui tremble, Et nous rêvons, muets, avec le sentiment D'être moins exilés quand nous sommes ensemble. Madame Anne Osmont