Le mensonge J'ai creusé mon cachot dans le mensonge épais, Impénétrable et sombre, où, geôlier de moi-même, Je m'enferme à l'abri même, de ceux que j'aime, Plus seul quand j'ai parlé qu'aux temps où je me tais. Ma parole est un mur sans porte ni fenêtre Qui monte autour de moi, dur, puissant et massif, Avec maint bas-relief gai, trompeur et lascif: Et nul oeil curieux jusqu'à moi ne pénètre. Seul, je me connais. Seul, je sais ce que je suis. Seul, j'allume ma lampe en mes sinistres nuits. Et, seul, je me contemple et , seul, je me possède. Je me couche, comme un chartreux, dans mon linceul, Et, loin de tout désir qui me flatte ou m'obsède, je goûte, comme Dieu, le néant d'être seul. Iwan Gilkin (La nuit)