Par décision du directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en date du 23 mai 2001 :
Considérant que les laboratoires Beaufour Ipsen, 24, rue Erlanger, 75016 Paris, ont diffusé des publicités relatives à la spécialité TANATRIL 5 mg, comprimés sécables et TANATRIL 10 mg, comprimés sécables, aide de visite, document léger d'information ;
Considérant que :
Dans le chapitre « MAPA et rythmes circadiens atypiques », il est défini quatre populations de patients hypertendus en fonction des variations nycthémérales de la pression artérielle (nocturne/diurne), les extrêmes dippers, les dippers, les non-dippers et les inverted dippers.
Les « non-dippers » et les « inverted dippers » sont associés à une mortalité cardio-vasculaire plus élevée (2,36 et 3,69 respectivement) par rapport aux « dippers » selon les données de l'étude d'Ohasama et al.
Ensuite, il est présenté des résultats issus de l'étude de Ragot et Herpin mettant en évidence une morbidité cardio-vasculaire plus élevée chez les non-dippers (4,99 %).
Page suivante, il est allégué « TANATRIL. Correction des chiffres tensionnels nocturnes chez les patients non dippers » référencée par les études de Kohno et al. et de Ijiri et al., et il est présenté des résultats issus des études de Kohno et al., mettant en exergue une correction, par la spécialité TANATRIL, des chiffres tensionnels nocturnes chez les patients non dippers. Or, cette présentation n'est pas acceptable dans la mesure où :
- elle est de nature à induire le prescripteur en erreur sur le fait que la spécialité TANATRIL aurait démontré une réduction de la morbi-mortalité cardio-vasculaire chez les patients non dippers, ce qui n'est pas validé par l'autorisation de mise sur le marché ;
- elle repose sur le fait que les variations nycthémérales de la pression artérielle sont considérées comme des facteurs de risque cardio-vasculaire et associées à des résultats de morbi-mortalité ; or, ce fait est une donnée de recherche et n'est actuellement pas reconnu par la communauté scientifique ;
- elle s'appuie sur l'étude de Kohno et al., étude de chronopharmacologie en cross-over sur 12 sujets en mettant en exergue des résultats qui montrent que la PAS et la PAD nocturnes sont significativement diminuées par TANATRIL chez les non-dippers par rapport à la PAS et la PAD diurnes, ce qui ne correspond pas à l'objectif de l'étude qui était d'évaluer l'efficacité de l'imidapril administré à différentes périodes de la journée (matin versus soir) chez les patients dippers et non dippers, ni aux conclusions des auteurs qui soulignent que la prise matinale de TANATRIL apparaît être plus efficace que la prise vespérale chez les patients dippers tandis qu'il semble que ce soit l'inverse chez les non-dippers.
Aussi, cette étude de chronopharmacologie (prise de l'imidapril matin versus soir) ne peut être utilisée pour étayer une meilleure efficacité de TANATRIL sur la pression artérielle des non-dippers ;
Considérant que :
Concernant l'aide de visite, sous l'assertion « la maniabilité en plus, une prescription plus simple », il est allégué « Une élimination mixte sans risque d'accumulation », ce qui signifie une absence d'accumulation en cas d'insuffisance rénale ou hépatique du fait de la compensation par la voie non défaillante. Or, cette allégation ne favorise pas le bon usage de la spécialité TANATRIL dans la mesure où l'autorisation de mise sur le marché de TANATRIL mentionne notamment que :
a) Concernant la voie rénale :
- « l'imidapril et son métabolite actif, l'imidaprilate, sont essentiellement éliminés par voie rénale. Avant de débuter le traitement par l'imidapril, la fonction rénale sera évaluée lorsque l'on suspecte une anomalie de la fonction rénale » ;
- « l'imidapril, comme les autres IEC, doit être utilisé avec prudence en cas d'insuffisance rénale. Les doses d'imidapril doivent être réduites lorsque la clairance de la créatinine est comprise entre 30 et 80 ml/min. L'imidapril ne doit pas être administré lorsque la clairance de la créatinine est inférieure à 30 ml/min, en raison de l'expérience limitée dans ces conditions » ;
- « chez les patients insuffisants rénaux, une augmentation des taux plasmatiques et des aires sous les courbes de l'imidapril et de l'imidaprilate a été observée. L'aire sous la courbe de l'imidaprilate a été multipliée par deux lorsque la clairance de la créatinine était comprise entre 30 et 80 ml/min et par environ 10 quand la clairance de la créatinine était comprise entre 10 et 29 ml/min. L'expérience acquise dans les différents degrés d'insuffisance rénale est très limitée. On ne possède pas d'expérience concernant la dose de 20 mg en cas d'insuffisance rénale » ;
- « l'insuffisance rénale avec ou sans hémodialyse (clairance de la créatinine < 10 ml/min) est une contre-indication à l'utilisation de TANATRIL, ce qui n'est pas précisé dans le chapitre consacré à la maniabilité du produit ;
b) Concernant la voie hépatique :
- « en cas d'insuffisance hépatique, la dose initiale recommandée est de 2,5 mg par jour. L'imidapril doit être utilisé avec prudence chez ces patients » ;
- « chez les patients insuffisants hépatiques, les aires sous les courbes de l'imidapril et de l'imidaprilate sont légèrement plus élevées que chez les sujets normaux, tandis que les valeurs de Tmax sont comparables entre les deux groupes. De plus, chez les patients insuffisants hépatiques, la demi-vie de l'imidaprilate est significativement allongée alors que celle de l'imidapril ne l'est pas » ;
Considérant qu'ainsi ce document est contraire aux dispositions de l'article L. 5122-2 du code de la santé publique qui mentionne notamment que la publicité doit respecter les dispositions de l'autorisation de mise sur le marché, présenter la spécialité de façon objective et favoriser son bon usage,
les publicités, sous quelque forme que ce soit, pour les spécialités pharmaceutiques TANATRIL 5 mg et TANATRIL 10 mg, reprenant les allégations mentionnées ci-dessus sont interdites.