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INTERNET ET PME : MIRAGE OU OPPORTUNITE ?
Une synthèse pour gens du monde |
Aujourd'hui, Internet, que l'on appelle le "réseau des réseaux", est devenu incontournable. Il a ses fans, fascinés par ses possibilités immenses. Il a aussi encore quelques détracteurs de plus en plus rares, qui ne manquent pas une occasion de mettre en évidence ses défauts de jeunesse ou les points faibles liés à sa conception.
A la fin des années 1960, le Ministère américain de la Défense a l'idée d'un réseau de communication sans véritable direction centralisée, conçu de façon à demeurer opérationnel même si des portions entières du réseau tombent en panne ou sont détruites ; l'ARPA met ces idées en pratique dans un réseau expérimental : c'est le réseau Arpanet.
Mais rapidement, ce n'est pas l'usage pour lequel il avait été conçu au départ qui prédomine : le réseau est de plus en plus utilisé pour consulter des bases de données, échanger des articles scientifiques puis des messages.
Dans les années 1970, les protocoles TCP (Transfert Control Protocol) et IP (Internet Protocol) voient le jour et resteront les protocoles de base d'Internet et plus généralement des réseaux IP.
Jusqu'en 1995, la NSF (National Science Foundation) américaine subventionne Internet, mais, actuellement, la majorité du trafic est d'origine commerciale et plus de 90% du financement proviendraient de fonds privés. Toutefois, le gouvernement américain ne manque pas de financer maintenant les générations futures d'Internet, montrant ainsi l'intérêt stratégique qu'il attache à ce domaine…
Une des caractéristiques importantes d'Internet est que sa " régulation " s'opère entièrement par consensus, tant sur le plan des normes utilisées et de la déontologie que du mode de transfert de documents et des liens associés ainsi que de l'attribution des adresses (le nommage).
Elle sont multiples comme permet de s'en convaincre l'énumération ci-après :
la recherche d'informations parmi des centaines de millions de documents, notamment grâce à l'utilisation de " moteurs de recherche " ; l'accès à de multiples banques de données ; l'utilisation de " newsgroup " permettant un accès par thèmes ;
le courrier électronique ou " e-mail ", qui offre la possibilité de transmettre des " documents attachés " - texte, images, sons, vidéo,... - qui peuvent d'un seul " clic " être envoyés à plusieurs correspondants ;
les " forums " de discussion ou de simple bavardage, permettant des échanges de toutes nature entre les internautes ;
la téléphonie, voire la visiophonie, par Internet, qui permettent non seulement des tarifs peu élevés mais aussi de nouvelles fonctionnalités (conférences, etc.) ;
la communication simple car standardisée de fichiers entre ordinateurs distants, voire entre machines diverses équipées de microprocesseurs ;
une forme simple et puissante de commerce électronique : achats de produits divers par Internet ; téléchargement de programmes informatiques, de données, d'images, de sons, de vidéo ;
la publication d'informations accessibles du monde entier, avec des moyens (financiers) limités, permettant une présence significative au niveau mondial.
le travail en coopération à distance par échange de documents et de fichiers ;
la radiodiffusion et bientôt la télévision par Internet ;
etc.
Il est difficile de donner des chiffres sûrs pour les données caractérisant le développement d'Internet, principalement en raison de sa fantastique explosion (en un an le nombre de micros raccordés n'évolue pas de quelques % mais de plusieurs dizaines de % ; le nombre d'internautes quant à lui croît de 10%... par mois et le trafic plus encore : 15% par mois). Risquons néanmoins quelques chiffres :
60 millions de personnes dans le monde avaient accès à Internet en juillet 1996 ; elles étaient 90 millions en juillet 1997 et 151 millions en janvier 1999 ;
le nombre de sites augmente encore plus vite : 25 000 en janvier 1996 (le même nombre que le minitel), 299 000 en juillet 1996, 650 000 en janvier 1997, 1,2 millions en juillet 1997 et 2,8 millions en juillet 1998 ;
280 millions de pages sont indexées par les moteurs de recherche actuellement ;
un chiffre d'affaires généré par le réseau des réseaux de 331milliards de dollars (soit un niveau proche de l'industrie automobile) et un montant de transactions pour la vente en ligne estimé à 140 milliards de francs en 1998, en doublement chaque année ;
Dans ce panorama, la France est en retard - 1998 aura été l'année du décollage mais pas du rattrapage – même si les taux de croissance français ont rejoint la tendance mondiale : celle du quasi doublement en 18 mois. Heureusement, 1999 semble avoir démarré de façon beaucoup plus soutenue (+45% sur le premier semestre, avec des ventes de micro-ordinateurs domestiques qui ont augmenté de 66% au premier trimestre 1999 pour atteindre près d'un million au second trimestre, c'est à dire autant que sur toute l'année 1998).
Certains pensent que ce retard est dû à l'existence en France de notre " minitel " qui a renforcé dans ce domaine notre tendance à raisonner au niveau franco-français. D'autres au contraire considèrent que le minitel apporte un fonds de commerce déjà établi pour le commerce électronique (transport, banque, VPC,...) et une profession d'éditeurs prospère grâce en particulier à la formule kiosque qui permet une facturation simple et bien acceptée par les utilisateurs. En contrepartie, les français sont plus habitués à raisonner en prix de minutes de communications qu'en coût de l'information!
1.4. Ses atouts 1.4.1. Des avantages par rapport au Minitel
L'avantage incontestable d'Internet est qu'il est mondial : il permet de "naviguer" facilement d'un service à l'autre, d'un lieu de la planète à un autre. Il est peu onéreux et en baisse constante (des abonnements gratuits se développent depuis le début de 1999).
Internet offre une quantité de fonctionnalités nouvelles, comme on l'a vu ci-dessus, et conduit progressivement à une véritable convergence entre téléphone, télévision et information.
1.4.2. Mais encore des faiblesses
Il reste en effet encore quelques problèmes qui peuvent rebuter l'utilisateur : problèmes de sécurité, sentiment d'un manque de confidentialité et crainte de vol d'informations commerciales ou de numéro de carte de crédit, difficultés d'identification des sites et des correspondants, problèmes juridiques, lenteur parfois désespérante et déconnexions intempestives.
Des techniques de cryptage ont été développées pour répondre à certaines de ces préoccupations.
1.4.3. Le "plus" incontestable des technologies Internet
Malgré tout ce qui précède, l'avantage essentiel d'Internet réside dans l'universalité de la " norme IP " elle-même qui a su s'imposer et qui engendre tout un monde d'équipements et de logiciels bénéficiant des évolutions extrêmement favorables des coûts de l'informatique. Jamais une technologie ne s'était répandue aussi rapidement au niveau mondial : pour atteindre 50 millions de personnes la télévision avait mis 50 ans, Internet aura mis 5 ans.
2. LES ENTREPRISES , L'INFORMATION ET INTERNET
Le degré d'implication des entreprises dans Internet dépend aujourd'hui fortement du poids relatif de l'information dans leur valeur ajoutée.
2.1. Croissance du poids de l'information dans la valeur ajoutée
De plus en plus fréquemment, le contenu informationnel dans un produit dépasse, en valeur, son contenu en énergie, en matière première et en heures de travail manufacturier. De plus la compétitivité d'une entreprise, liée à la pertinence de ses décisions, dépend largement de la qualité des informations dont elle dispose et de sa capacité à les capitaliser et à les traiter. Tous ces processus touchant l'information, sa production, sa consommation, son échange, son traitement ou sa capitalisation sont susceptibles d'être concernés par les technologies d'Internet.
2.2. Compétitivité et développement
Outil de transactions, Internet permet de réduire les coûts de télécommunications (téléphone, fax, transmissions de données) et d'informatique.
Mais il permet également de gagner en flexibilité, en coûts de gestion, de stocks et de logistique, en coût des approvisionnements, en coûts du service après-vente, en coûts de financement.
L'ouverture sur le monde qu'offre le Web et ses outils de publication et de navigation permettent d'accéder à de nouveaux clients, à de nouveaux marchés, à de nouveaux partenaires, à de nouveaux collaborateurs, ou à de nouveaux fournisseurs.
2.3. L'incidence du poids de l'information sur l'évolution des métiers
1) Les entreprises dont le métier consiste à produire ou à traiter de l'information sont des clients naturels d'Internet mais elles vont devoir repenser leur métier.
C'est le cas des producteurs de logiciels, de banques de données, de services de toute nature (finances, loisirs, etc.) ; c'est le cas aussi des professions de l'audiovisuel, du conseil et de l'information ; c'est le cas enfin des métiers qui consistent à agir à distance (télésurveillance, télémaintenance, etc .).
Internet leur permet à la fois : la veille technologique et commerciale, la prospection des clients, la gestion de production, la vente, la facturation et le recouvrement, l'aide au service après-vente.
2) Un cas intermédiaire concerne les professions pour lesquelles l'information ou la logistique représente le cœur de la valeur ajoutée, mais qui, néanmoins, nécessitent un contact physique ou la livraison d'un objet.
C'est le cas de la vente par correspondance, des professions de santé, des organismes de formation, des intermédiaires de toute nature (agents immobiliers, avocats, agences de publicité, etc.).
C'est un domaine où Internet devrait permettre l'émergence d'activités nouvelles (nouveaux services pour la satisfaction de nouveaux besoins, nouveaux types d'intermédiaire pour accéder à un produit, etc.).
3) Il reste enfin les PME " ordinaires ", celles pour lesquelles le contenu " immatériel " dans la valeur ajoutée n'est pas considéré comme l'élément essentiel du métier.
Ce sont celles pour lesquelles l'effort d'imagination le plus grand reste à faire : cette analyse constituant le cœur de ce rapport, le chapitre suivant leur sera consacré.
3. QUELLES OPPORTUNITES POUR LES PME ?
Les technologies Internet permettent d'émettre, de recevoir, d'échanger et plus généralement de donner les moyens d'un travail coopératif à distance efficace : nous allons voir ce que, sur ces différents aspects, ce nouvel outil peut apporter à une PME.
3.1. Se faire connaître
A l'évidence, l'émission d'informations permet de se faire connaître, par exemple pour vendre ou pour trouver des partenaires. Plusieurs niveaux, voire plusieurs étapes successives, sont néanmoins à distinguer :
Il va de soi que le catalogue doit être vivant (et en particulier à jour constamment), riche d'informations, interactif (certains catalogues ne peuvent d'ailleurs s'imaginer que sous cette forme et perdraient de l'intérêt sous une forme papier), rapide de chargement (parfois, une complémentarité avec un CD-ROM peut être une bonne solution), générateur de cheminements intuitifs. En termes d'intelligence économique, il doit en revanche montrer juste ce qui est nécessaire pour éviter de se faire piller par la concurrence.
Il convient d'analyser régulièrement la fréquentation du site pour en améliorer l'efficacité voire le référencement en permanence.
3.2. Vendre par Internet
Il ne faut pas confondre la vente par Internet et le paiement on line ; on peut très bien en effet (sauf pour les micro paiements) vendre par Internet et se faire payer par des moyens traditionnels. Pourtant le paiement on line est mis en tête des préoccupations par 43 % des PME françaises interrogées.
Pour les micro paiements des solutions de type porte monnaie virtuel ou " site portail " jouant le rôle de kiosque commencent à apparaître, tandis que les paiements sécurisés se généralisent.
Les véritables enjeux sont relatifs à la valeur ajoutée commerciale : marketing, promotion de la marque, relation de confiance avec le client, présentation de l'offre sous une forme adaptée (y compris enchères), négociation commerciale, logistique adaptée pour la livraison du produit, facturation et gestion comptable, service après-vente.
3.2.1. Un marketing différent
Un des atouts majeurs qu'offre Internet est de permettre une écoute individuelle du client : la valeur ajoutée se déplace vers la qualité de la relation que l'entreprise est capable d'établir avec lui et la gestion de la masse considérable d'informations que ce processus génère.
Il est même parfois possible de personnaliser totalement le produit dans la mesure où les machines de production sont elles-mêmes commandées par des ordinateurs et où c'est le client qui fournit les paramètres (impression, découpe, brochage, marquage, tissage, …). Il est ainsi possible de créer des produits personnalisés avec des prix de revient analogues à la grande série et en évitant les stocks.
De même , la connaissance fine du profil d'intérêt des clients devient rapidement le principal fond de commerce du " cyber-commerçant ", le fin du fin consistant à n'exploiter cette connaissance qu'avec modération, de telle sorte que le client ne se sente pas reconnu.
Une cible privilégiée pour les PME concerne l'émergence des communautés d'acheteur, grâce à leur capacité d'achat : l'importance de cette capacité d'achat est susceptible d'inverser les rapports de force entre acheteur et producteur et peut conduire les PME à la possibilité d'être, dans ce nouveau contexte, au moins aussi performantes que les grands groupes.
En termes de marketing aval, le développement de la marque et du produit, le référencement (dans les moteurs de recherche), la publicité (affichage sur un portail, présence sur une multitude de sites, affichage d'un bandeau à " bon escient " lors d'une interrogation de moteur de recherche) - alias " e-pub " (son importance ne cesse de croître) -, l' " e-mailing " (à condition de ne pas en abuser…) sont des aspects à ne pas négliger.
3.2.2 La relation de confiance ; les intermédiaires
Certains pourraient imaginer qu'Internet permettra, grâce à un contact direct avec le client final, " de court circuiter " tous les intermédiaires : c'est clairement faux. En dehors même des contraintes de la logistique, ils gardent un rôle essentiel : apporter le capital de confiance qu'ils ont su se forger auprès de leurs clients à l'entreprise nouvelle qui arrive sur le marché par le biais d'Internet.
L'éloignement du client et du fournisseur et la nature virtuelle de leur contact pose à l'un comme à l'autre un problème de confiance et, par ailleurs, davantage d'opportunités dans une monde plus complexe et en évolution rapide entraîne à l'évidence un besoin de conseil.
Parmi les intermédiaires, ceux que l'on appelle les " Market Maker " ou " infomédiaires " prennent de plus en plus d'importance dans les transactions électroniques. Leur rôle est de permettre à un groupe dispersé d'acheteurs de se mettre en relation avec un groupe organisé de vendeurs dans des marchés de niche.
3.2.2. De nouvelles méthodes de vente
Les nouveaux supports de vente entraînent des méthodes de vente plus sophistiquées :
3.2.4. Un nouvel environnement de la vente
Là aussi, de nouveaux supports de vente entraînent de nouvelles possibilités ou de nouvelles exigences :
nouveau et meilleur dialogue avec le client (FAQ, échanges par e-mail, dialogue vocal en temps réel pendant la navigation sur le site – " click and talk " -) ;
logistique adaptée pour la livraison des produits, facturation simplifiée et service après-vente partiellement personnalisé.
3.3. S'informer
On peut s'informer de trois façons : passive, semi-active, active.
3.4. Collaborer 3.4.1. Dans l'entreprise
Le premier pas est très simple, peu onéreux, mais peut avoir de profondes conséquences (y compris sur le plan de la modification des relations hiérarchiques…) : il consiste à donner à chaque salarié de l'entreprise une adresse électronique.
L'étape suivante, surtout si l'entreprise dispose en interne de réseaux informatiques, consiste à mettre en place un " intranet " qui peut aller de la simple mise en commun d'informations (messagerie interne avec annuaire, site Web interne, forums, moteur de recherche, news, etc.) jusqu'à devenir le véritable système nerveux de l'entreprise (outil de réduction des coûts de production et d'achats, accroissement de la réactivité, intégration des systèmes de gestion, conduite de développements par des équipes dispersées géographiquement, qualité, intelligence économique, formation interne, démultiplication de l'efficacité des commerciaux, outil pour la maintenance, outil de participation sociale, télétravail et téléservices).
3.4.2. Avec les partenaires
Il s'agit là de mettre en place un " extranet ", réseau privé virtuel commun à l'entreprise et à ses partenaires.
Un tel réseau peut concerner les relations administratives et financières entre client et fournisseurs, donneur d'ordre et sous-traitants, banques et entreprises (Internet apparaît là comme un atout pour le développement de l'EDI - Echange de Données Informatisées – en en baissant considérablement le coût grâce à l'utilisation de la norme IP).
Sont également concernées l'échange de données techniques, le suivi d'exécution des commandes, la maintenance et l'approvisionnement en pièces détachées, l'animation des réseaux distributeurs, la sous-traitance logicielle, les centres d'appels téléphoniques pour la relation avec les clients, les relations avec les administrations.
La notion d'extranet intéresse aussi bien sûr les réseaux thématiques d'entreprises : proximité géographique, franchisés, structures temporaires de projet, sous-traitants d'un même donneur d'ordres, clubs d'utilisateurs, secteur professionnel, Technoparc, filiales d'une même holding, partenaires internationaux, communautés virtuelles d'entreprises, réseaux de compétences, réseaux d'achats, etc.
4. COMMENT S'APPROPRIER LES TECHNOLOGIES DE L'INTERNET
4.1. Les freins et les moteurs
Les arguments fréquemment évoqués par les entreprises qui hésitent à se lancer sont : inadaptation de l'outil à un travail sérieux (gadget, mode, risque d'inflation des e-mail), inadaptation au type d'activité (manque de temps et de compétences, technologies non stabilisées, absence d'informations utiles sur les véritables possibilités d'Internet), prix trop élevé (ou quelquefois quasi gratuité suspecte…), réseau trop lent au bord de l'apoplexie, risques de piratage et d'intrusion dans le système informatique de l'entreprise, perte de pouvoir par diffusion massive de l'information…
Des réponses existent évidemment à ces freins, notamment au plan de l'évolution des techniques (accroissement rapide des débits des réseaux grâce notamment aux fibres optiques, réseaux hertziens terrestres ou satellitaires, technologies de radiocommunications, réseaux câblés, techniques xDSL, etc. La réponse globale la plus convaincante est sans doute le développement inéluctable des technologies IP auquel on assiste.
En revanche, un certains nombre d'arguments poussent les entreprises à aller vers Internet : risque de marginalisation si l'on ignore le phénomène, obligation de franchir le pas pour pouvoir continuer à dialoguer avec les partenaires voire avec les clients, perception des horizons prometteurs que semble ouvrir Internet, sentiment d'économie possible sur certains postes (fax par exemple).
4.2. Un défi stratégique
Il s'agit là de répondre à la question : Aller sur Internet, pour quoi faire ?
En fait, le bénéfice que peut espérer tirer une PME d'un " investissement Internet " est fonction du produit (ou service) qu'elle a à vendre (produit impliquant beaucoup d'informations, à créneau mondial, plutôt de haut de gamme et en tout cas difficile à trouver n'importe où, nécessitant une certaine personnalisation), du client auquel elle s'adresse (clientèle branchée ou passionnée, public de bon niveau culturel, amateurs de cadeaux faciles à offrir), de l'organisation et de la culture de l'entreprise (éclatement géographique, appartenance à un réseau). En bref, ce bénéfice est à considérer dans le cadre de la stratégie de l'entreprise.
Il ne s'agit donc pas vraiment pour l'entreprise d'un problème technique ou financier mais d'un véritable défi stratégique.
Pouvoir offrir de nouveaux services, atteindre de nouveaux clients au plan mondial, acquérir une flexibilité et une réactivité nouvelles, être en avance sur ses concurrents ou au minimum ne pas être en retard par rapport à eux : voilà bien quelques questions d'ordre stratégique qui se posent à l'entreprise au moment où elle envisage d'investir dans Internet.
4.3. Comment s'y prendre
Tout en ayant conscience de l'enjeu stratégique de la démarche, il est sans doute préférable de commencer de manière modeste, en respectant les étapes décrites précédemment et en s'appuyant sur les personnes motivées dans l'entreprise : par exemple développer tout d'abord l'e-mail, puis installer un intranet en profitant de l'universalité de l'IP pour s'affranchir des contraintes des systèmes propriétaires, s'ouvrir ensuite à l'extranet en s'associant à des partenaires, puis se lancer sur Internet !
Il faut bien sûr développer les applications dans une logique d'expansion et de conquête de marchés nouveaux et concevoir le site Web en conséquence.
Tout cela implique un nécessaire engagement du patron de l'entreprise qui doit faire adhérer progressivement tous les personnels, un appui sur les compétences existantes ou latentes, savoir utiliser des compétences extérieures tout en développant celles qui sont nécessaires en interne, enfin ne pas négliger certains aspects tels que la sécurité.
5. UNE CHANCE POUR LA CREATION D'ENTREPRISES ET L'EMPLOI
5.1. Les opportunités dans les NTIC
La création d'entreprises est d'une importance toute particulière dans un secteur comme celui des NTIC, susceptible de créer des emplois qualifiés et de générer des produits ou des services ayant un marché mondial. Ce secteur est aujourd'hui, et de loin, celui qui offre le plus d'opportunités nouvelles, comme le montrent les exemples de plusieurs pays comme les USA, le Canada mais aussi les pays d'Europe du Nord.
Cela est d'autant plus intéressant que les innovations majeures proviennent quasiment toujours d'entreprises nouvelles, qui seront les leaders de demain ; et il est clair que, dans une économie de standards comme l'est Internet, les premiers arrivés prennent les bonnes places et deviennent ensuite difficiles voire impossibles à déloger, sauf changement majeur (apparition de l'Internet gratuit, par exemple, qui a entamé les positions des fournisseurs d'accès).
Il est donc extrêmement important pour notre pays de faciliter l'émergence de start-up dans ce domaine et de créer un environnement qui ne les oblige pas à se vendre très vite à des entreprises étrangères.
Il faut noter que la création d'entreprise dans les NTIC présente de fortes spécificités par rapport à celle des autres secteurs (Peu de capitaux et d'expérience professionnelle requis pour démarrer, une croissance de l'entreprise et la maîtrise d'un marché qui l'emporte sur une vision patrimoniale de contrôle et de transmission familiale, un mode de démarrage qui s'accommode aussi bien de l'essaimage à partir de grandes entreprises que de la création par de jeunes diplômés).
La typologie des entreprises créées dans la mouvance d'Internet peut se résumer de la manière suivante : les entreprises exploitant Internet pour développer leurs activités ; les entreprises créées pour développer des outils contribuant au commerce électronique ; les entreprises de service Internet ; les entreprises n'utilisant par nécessairement Internet mais créées à partir des nouveaux besoins qu'il génère.
5.2. Les difficultés à surmonter
Aujourd'hui, il semble que les personnes les mieux formées soient les moins créatrices d'entreprises : il y a donc un problème d'enseignement de l'entrepreneuriat à mettre en œuvre ainsi qu'un problème de sensibilisation des jeunes par tous moyens, y compris les médias, pour faire évoluer les mentalités et la culture (améliorer la reconnaissance sociale du créateur qui est, aujourd'hui, tenté de s'expatrier plutôt que de créer en France).
Par ailleurs, le créateur d'entreprise a besoin d'un environnement favorable (" incubateurs ", " kiosques d'information " et de financements. Paradoxalement, il semble toutefois que l'on manque à la fois d'argent et de projets…
6. PROPOSITIONS POUR UN PLAN D'ACTION
6.1. Pour un plan d'action des Pouvoirs Publics
Dans ce domaine qui ressortit au développement industriel, l'Etat ne peut pas ne pas agir. En effet : l'Etat est responsable de la fixation des règles de droit ; les administrations génèrent des contraintes dont il est souhaitable de diminuer l'incidence en termes de coûts ; les Pouvoirs Publics sont un acteur économique majeur et ils sont responsables d'un développement harmonieux du territoire.
Enfin, l'Etat a une mission d' " éclaireur public " : diffusion d'informations, mise en place d'observatoires, formation adaptée aux évolutions, orientation de la recherche publique, bonnes conditions de démarrage de domaines nouveaux tels que le commerce électronique, développement des PME.
6.2. Créer les conditions du décollage
Pour créer les conditions du décollage, un certain nombre d'initiatives doit être pris pour améliorer l'environnement global.
6.2.1. Faire évoluer l'environnement juridique
Il convient de faire évoluer les règles de droit pour qu'elles apportent des réponses claires et stables aux nouvelles questions posées par Internet, de créer les conditions de la confiance en matière de commerce électronique (signature électronique, nommage, registre du commerce, contrats type, certification, etc.), de réunir les conditions permettant un véritable développement du paiement électronique, d'autoriser un niveau raisonnable dans le domaine du cryptage, d'adapter le droit de la concurrence et le faire respecter notamment dans le domaine des télécommunications.
Il convient aussi d'être encore plus actif dans la construction d'un droit nécessairement international (propriété intellectuelle ; droit des marque ; règles de la concurrence ; protection des mineurs, des individus, des entreprises, des travailleurs, des états, etc. ; droit de la preuve, législation fiscale) et d'assurer une participation active de spécialistes français aux instances informelles qui élaborent les règles de droit sur Internet.
6.2.2. Alléger les contraintes administratives
Une façon d'alléger les contraintes administratives consisterait justement à multiplier l'utilisation d'Internet pour le téléchargement et le remplissage des formulaires de toute nature. Internet (y compris la mise en place éventuelle d'extranets) apparaîtrait ainsi indéniablement comme un outil puissant dans le processus de modernisation de l'Etat.
6.2.3 Et surtout montrer l'exemple
Les pouvoirs publics doivent montrer l'exemple, non seulement en étant eux-mêmes utilisateurs d'Internet (gestion des achats publics, par exemple) mais aussi accélérant un certain nombre de processus dans lesquels ils sont impliqués (migration sur Internet des services minitel, infrastructures de télécommunications à haut débit et tarifs, accès du grand public et des établissements d'enseignement à l'usage d'Internet, politique de recherche publique technologique et socio-économique, etc.).
L'Etat doit se donner les moyens de jouer son rôle d'éclaireur public tel que décrit ci-dessus, en ayant un discours clair et crédible sur Internet.
6.3. Des mesures spécifiques pour les PME
Pour jouer son rôle, l'administration doit travailler en équipe de projet interministérielle pour mettre en œuvre les volets suivants.
6.3.1. Informer et sensibiliser
Plutôt que de prévoir de grandes réunions de sensibilisation, il vaut mieux tenter de mettre en place des actions permettant au chef d'entreprise de voir concrètement ce qu'Internet peut lui apporter.
De telles actions devraient s'appuyer sur les vertus du témoignage et de documents conçus pour les PME, ainsi que sur une politique de communication au niveau régional et local.
Une sensibilisation individuelle des entreprises nécessite de s'appuyer sur leurs réseaux de conseillers habituels : chambres de commerce, syndicats professionnels, etc. Les DRIRE ont bien sûr un rôle à jouer dans une telle action de sensibilisation.
Une sensibilisation à travers des groupes d'entreprises déjà constitués autour d'un centre d'intérêt ou d'un projet commun, sortes de " clubs " de PME concernées par Internet, permettrait à ces entreprises de s'entraider et de se former mutuellement.
6.3.2. Monter des actions collectives
Monter des actions collectives apparaît comme une véritable priorité.
C'est en effet un moyen d'encourager l'ouverture vers l'extérieur, de favoriser le travail en réseau et la mise en commun de moyens technique et logistiques, d'aboutir à un avancement homogène de différents partenaires, etc.
De tels réseaux pourraient se bâtir par exemple autour d'un grand donneur d'ordres (ensemble de ses sous-traitants). De nombreux thèmes peuvent intéresser les entreprises appartenant à ces réseaux : amélioration des échanges électroniques (e-mail, données informatisées, etc.), utilisation de compétences partagées, création de communautés d'achat, utilisation de banques de données mises en place par des centre techniques, mise en commun de moyens de calcul puissants, utilisation de logistiques communes de transport.
Ces opérations nécessitent la mobilisation de tous les partenaires.
6.3.3. Accompagner les développements ambitieux
Plutôt que d'aider des opérations partielles, spectaculaires mais guère productives, il vaut mieux savoir intervenir au stade peut-être plus coûteux et plus risqué, mais plus exemplaire, d'un véritable engagement sur les technologies Internet, correspondant à une réelle opportunité de croissance nouvelle pour l'entreprise.
Après avoir vérifié qu'il en est bien ainsi, l'aide de l'Etat doit s'exercer plus en jouant un rôle de " portail ", qui puisse donner accès aux aides et aux concours publics existants, qu'en cherchant à inventer des procédures nouvelles.
6.3.4. Favoriser la politique de développement local
Internet peut être utilisé comme un véritable outil pour une politique de développement local.
Pour cela il convient de vérifier que les conditions d'infrastructures sont réunies et, le cas échéant, d'intervenir. C'est une occasion pour l'Etat de retrouver dans le domaine des télécommunications son rôle plein et entier en matière d'aménagement du territoire, notamment dans les zones où la concurrence n'aura pu avoir pleinement son effet.
Bien sûr, une telle politique nécessite que les Pouvoirs Publics se dotent, à tous les niveaux, des compétences nécessaires.
Une telle politique n'a aucune raison de se limiter aux seules infrastructures et toutes initiatives imbriquant étroitement l'économique et les autres aspects de la vie locale doivent être encouragées.
Enfin, il convient de donner aux acteurs (notamment les patrons des entreprises) et aux intervenants concernés (y compris les conseillers) la formation minimale permettant de conduire un développement efficace et, pour cela, encourager la mise en place d'actions de formation.
6.4. Des mesures pour la création d'entreprises
L'une des premières mesures à prendre est relative à l'enseignement de l'entrepreneuriat et en particulier à l'évolution dans ce sens des formations dans les écoles d'ingénieurs (formation à la création d'activité, concours des associations d'anciens élèves pour le tutorat, collaboration avec les écoles de gestion, mise en place d'incubateurs, centres de ressources pour les créateurs, etc.
Il faut également favoriser la création d'entreprise par les chercheurs et créer un contexte culturel favorable à la création d'entreprise en instaurant des opérations de type concours aidant à faire connaître les initiatives et en n'évitant soigneusement de pénaliser les échecs.
Tout en favorisant l'émergence d'un tissu dense de petites sociétés de services, il convient d'encourager, pour les entreprises à fort potentiel de développement, la multiplication des sources de financement (capital-risque, " Business Angels ", " Love Money ", fonds d'amorçage, aides publiques, " Stock Options ", etc.).
Il faut enfin veiller à ce que les marchés publics puissent être accessibles aux entreprises récemment créées.
Les technologies d'Internet concernent toutes les fonctions de l'entreprise, mais très peu d'entreprises ont conscience de l'ensemble de leurs possibilités.
Les Pouvoirs Publics doivent donc créer un environnement général apte au développement d'Internet dans notre pays. De plus, ils se doivent de favoriser les initiatives, y compris quand elles concernent la création d'entreprises. Il doivent enfin donner l'exemple de l'utilisation des nouvelles technologies y compris en présentant leurs propres actions.
Une attention particulière doit être apportée aux PME pour lesquelles l'utilisation des nouvelles technologies devraient leur permettre de tirer avantage de la mondialisation des marchés, dans le contexte d'une compétition internationale exacerbée, au bénéfice de notre économie et de l'emploi.
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