Pascal Clément, Directeur régional de l'industrie, de la recherche et de l'environnement en Basse-Normandie, évalue l'impact de la certification sur son administration. |
Industries: Quel est l'intérêt pour une Drire de se faire certifier ?
Pascal Clément : La Drire Basse-Normandie est officiellement certifiée ISO 9002 depuis le 18 mars dernier. Ce certificat couronne deux ans d'efforts fournis pour relever le pari de la qualité en interne. Cette administration est désormais l'un des premiers services publics certifiés selon une norme internationalement reconnue.
Il apparaît aujourd'hui clairement que les normes ISO sont adaptées - ou adaptables - aux entreprises de services. Il n'y a donc aucune raison qu'un service public tel que la Drire ne soit pas considéré comme un prestataire de services comme un autre. Depuis les contrôles de véhicules jusqu'à l'accompagnement économique des entreprises. nos prestations de service public ne sont pas incompatibles avec la norme ISO. Depuis une bonne dizaine d'années, les Drire encouragent les entreprises à s'engager dans des démarches de certification. Encore faut-il donner l'exemple.
Industries : La certification n'engendre-t-elle pas un supplément de formalités ?
P C.: C'est effectivement un risque. Il faut éviter de tomber dans un formalisme excessif, avec des procédures lourdes et interminables. S'agissant par exemple des exigences de traçabilité. nous sommes allés à l'essentiel. S'il est normal de retrouver la trace de ce qui a été fait il y a quelques années, le but n'est pas pour autant d'entasser du papier. L'enregistrement des documents ne doit pas, non plus, donner lieu à la création permanente de bordereaux de circulation. Nous avons réussi à éviter le piège qui menace naturellement les administrations et dans lequel certaines entreprises certifiées ont pu tomber. Mais nous étions familiarisés avec ce type de démarches !
Industries : Quelles retombées attendez-vous de la certification ?
P.C.: C'est d'abord un outil de mobilisation et de motivation du personnel en interne. Au début, mes collaborateurs directs montraient un peu d'inquiétude devant la tâche à accomplir. Puis, ils se sont accrochés à l'enjeu en mobilisant l'ensemble du personnel. Aujourd'hui, la certification, sur la base du référentiel ISO 9002, crée en interne un langage commun. Mais ce langage n'est pas figé. Nos modes opératoires sont susceptibles d'évoluer périodiquement. C'est d'ailleurs le principe même de la certification que d'aller vers la qualité à travers des boucles de progrès en termes de retombées extérieures, nous attendons, bien sûr, un regain de crédibilité, tant de la part des entreprises que de nos interlocuteurs institutionnels. De ce point de vue, le contexte local nous est favorable. Nous percevons une émulation collective sur le thème de la qualité en Basse-Normandie. Sous l'impulsion des grands donneurs d'ordres industriels comme Philips et Citroën, beaucoup de PMI sont aujourd'hui certifiées. La Cogema et son usine de la Hague ont été certifiées, il y a trois mois. Viendra bientôt le tour de la chambre régionale de commerce et d'industrie.
Propos recueillis
par Guy Le Goff
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Pascal Clément : "ISO 9002, un outil de motivation du personnel" |
COMMENT LA DRIRE A OBTENU SA CERTIFICATIONLes auditeurs de l'Association française pour l'assurance de la qualité (Afaq) ont examiné le système qualité mis en place par les agents de la Drire Basse-Normandie. Leur mission : juger de la conformité des procédures et de l'organisation de la Drire avec les exigences des normes ISO. Mais les difficultés n'ont pas manqué. D'abord : adapter la terminologie industrielle et commerciale des normes ISO aux réalités administratives. Ensuite, se conformer aux exigences de la norme ISO 9002 quant à la surveillance du système documentaire. "Nous n'avions pas, avant de nous engager dans la certification, une gestion suffisamment rigoureuse de notre base documentaire, constate Jean Cordier, responsable qualité. Elle n'était ni exhaustive, ni régulièrement mise à jour." Cette gestion fait désormais l'objet de modes opératoires consignés dans le manuel qualité de la Drire. Un document qui lui-même fait office de référentiel commun à tous les agents. |
(article paru dans le magazine INDUSTRIES n°37 de MAI 1998, page 5)