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" DE NOUVELLES AMBITIONS POUR UNE MÉTROLOGIE
AU SERVICE DE LA COMPÉTITIVITÉ "
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Introduction
La métrologie est l'ensemble des techniques et des savoir-faire
qui permettent d'effectuer des mesures et d'avoir une confiance suffisante
dans leurs résultats. La mesure est nécessaire à toute
connaissance, à toute prise de décision et à toute
action.
Par sa paternité du système métrique, notre pays
tient une place privilégiée dans l'histoire de la mesure
et la conquête de son universalité. C'est le sens du discours
de Condorcet du 26 mars 1791 à l'Assemblée nationale appelant
une mesure " pour tous les temps, pour tous les hommes ".
La métrologie représente des enjeux considérables
en termes de sécurité et de qualité pour les produits
français, mais aussi pour l'ensemble des activités économiques
et sociales de notre pays. Elle est un des facteurs essentiels de la compétitivité,
et à cet égard doit faire partie des éléments
importants d'une politique pour l'innovation, pour le gain de parts de
marché, et donc pour l'emploi.
Face à ces enjeux, la métrologie française doit
être en état de répondre de manière satisfaisante
aux nouveaux défis qui apparaissent, aussi bien dans le domaine
de la métrologie scientifique ou fondamentale, que celui des instruments
de mesure soumis à réglementation, encore appelé métrologie
légale.
Ces défis à relever imposent aujourd'hui une refonte de
notre système français de métrologie et la mise en
oeuvre d'un plan d'action cohérent pour lui permettre de s'adapter
aux mutations présentes et à venir de son environnement.
1 La mesure est une nécessité
scientifique, économique et sociale
La mesure accroît la connaissance
- Dans la recherche fondamentale, la métrologie est présente
à chaque étape, elle permet de concevoir les conditions d'observation
d'un phénomène, de construire et qualifier les instruments
de son observation, et d'établir si les résultats obtenus
sont significatifs.
- Ainsi, la datation des roches, la caractérisation des champs
gravitationnels, la détermination de certaines constantes en chimie
ou en physique relèvent d'activités de mesure.
La mesure protège les personnes
- Le dosage des médicaments, la mesure du rayonnement en radiothérapie,
sont des opérations de mesure essentielles pour la santé
publique. La fiabilité des appareils de mesure des salles d'opération
ou de soins intensifs est cruciale.
- Le respect du droit du travail nécessite un système
de suivi des heures travaillées, des niveaux de bruit et d'éclairage
des locaux professionnels, des mesures d'atmosphères ambiantes (vapeurs
de mercure, fibres et particules), etc.
- La sécurité routière impose des contraintes de
vitesse, de taux d'alcoolémie, d'efficacité du freinage des
véhicules, et des mesures pour constater leur respect.
- La protection de l'environnement suppose des exigences réglementaires
sur les nuisances et la qualité de l'air et de l'eau, et appelle
des mesurages.
La mesure régit les transactions
- Les transactions opérées par des individus et des entreprises
font l'objet de mesures: dosages en alimentation, comptage de gaz d'abonné
ou comptage transfrontalier, essence à la pompe ou sur oléoduc,
pesage au détail ou à la cargaison...
- La mesure est indispensable dans les relations entre donneurs d'ordres
et sous-traitants. Sans mesure fiable, on ne peut garantir que les pièces
sous-traitées seront compatibles avec les exigences du donneur d'ordre.
La mesure permet l'innovation et la compétitivité
de nos industries
- La compétitivité passe par la qualité d'un produit,
qui est son aptitude à satisfaire les besoins des consommateurs
et utilisateurs, et qui requiert des mesures de tous types afin d'étudier
les attentes des clients et d'y répondre (mesures organoleptiques
dans l'industrie agro-alimentaire, mesures de performances des produits
industriels, etc.). Cette qualité peut être démontrée
aux clients au moyen de la certification, elle aussi fondée sur
des mesures.
- La compétitivité suppose que l'industrie mesure et maîtrise
finement les volumes de production et les performances de l'appareil de
production, et minimise les coûts des rebuts et retouches.
2 La métrologie française
doit être mise en situation de relever les nouveaux défis.
L'évolution technologique et sociale ouvre de nouveaux champs
à la mesure
Les exigences économiques et sociales se durcissent dans des domaines
traditionnellement négligés par la métrologie française:
la santé ou l'environnement. Plus généralement, de
nouvelles grandeurs sont à mesurer, qui nécessitent des références:
nouveaux matériaux, propriétés auxquelles les consommateurs
deviennent plus sensibles (après la couleur et l'odeur, la viscosité,
la granulométrie...). Les mesures de haute technicité se
banalisent pour se diffuser chez des utilisateurs pas toujours avertis
(appareils portables de mesure de la pollution, bancs de mesure...). Les
mesures en conditions hostiles ou hors d'échelle se multiplient,
éloignant les opérateurs d'une réalité palpable
(températures et pressions extrêmes, dimensions micro ou nanométriques).
Se conformer à des exigences techniques demande la maîtrise
de la mesure, imposer ces exigences exige l'excellence en métrologie
La mesure permet d'atteindre la reproductibilité, la sécurité
et la qualité des produits et des procédés, pour répondre
aux besoins du marché et de la société. C'est la métrologie
qui permet d'atteindre les objectifs fixés. L'enjeu est considérable
car les pays en pointe dans les technologies de la mesure sont les mieux
à même de faire prévaloir leurs références
techniques et donc leurs produits et procédés dans la compétition
internationale.
La réalisation du marché unique appelle une mise
en concurrence d'activités de métrologie légale
Une directive européenne en préparation - qui fait l'objet
d'un large consensus entre les Etats membres - prévoit la mise en
concurrence au sein de l'Union des systèmes nationaux de métrologie
légale. A échéance de cinq ans, les fabricants français
d'appareils de mesure pourront faire approuver leurs modèles, leurs
systèmes qualité, et leurs instruments produits ailleurs
qu'en France. Cette perspective appelle un effort d'adaptation de notre
dispositif de métrologie légale, pour lui permettre d'être
compétitif à temps.
Mais la métrologie française souffre de retards et
n'est pas aujourd'hui en état de répondre de façon
satisfaisante à tous ces enjeux
Un rapport de l'Académie des Sciences et du Comité des Applications
de l'Académie des Sciences (CADAS), a souligné les enjeux
de la métrologie à l'aube du XXIème siècle,
a attiré l'attention sur la faiblesse de la métrologie française
et a recommandé une action forte de l'Etat, confirmant l'analyse
faite dans un référé du Premier Président de
la Cour des comptes de 1995: les nouveaux domaines de la métrologie
chimique et biologique sont insuffisamment couverts, la diffusion de la
métrologie dans le public est insuffisante, la métrologie
réglementée souffre d'une trop grande dispersion pour pouvoir
affronter la compétition européenne qui se met en place.
La métrologie nécessite des compétences spécifiques.
De très hautes compétences existent en France, mais ne sont
pas organisées et fédérées de façon
à transmettre leur savoir-faire aux administrations et aux industries.
La métrologie française, en terme d'image et en terme de
compétitivité, n'est pas à la hauteur de la métrologie
des autres pays industrialisés. La métrologie française
souffre d'un manque de politique globale qui nuit à sa diffusion
dans le tissu économique et social et à son rayonnement international.
Afin de restaurer la compétitivité de la métrologie
française et de promouvoir la métrologie dans les entreprises,
un plan d'action en cinq points est proposé.
3 Un plan d'action cohérent
s'impose pour la métrologie francaise
Une coordination interministérielle pour mieux mobiliser
les compétences
L'exemple des nouveaux champs de la métrologie à explorer
montre à lui seul la nécessité d'une telle coordination.
Ainsi, le développement de la métrologie chimique dans la
santé et l'environnement, et de la métrologie nucléaire,
appellent une mise en commun des savoirs et des méthodes.
Le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, responsable
de la métrologie légale, a développé une compétence
spécifique en métrologie, grâce à l'implication
de ses services dans la pratique de cette discipline. Les agents des corps
techniques de ce Ministère ont, par l'exercice au sein de la DARPMI
et des DRIRE des missions de métrologie légale et de développement
industriel, entretenu et développé des compétences
et un savoir-faire en métrologie, que ce Ministère met à
la disposition des autres départements ministériels.
Il appartient en effet à chaque ministère concerné
(chargé de l'intérieur, de la santé, de l'environnement,
de l'agriculture, des transports, ...) de décider de l'opportunité
de réglementer tel ou tel instrument de mesure dans son champ de
compétence et de fixer les ambitions de ces réglementations
en termes de fiabilité ou de précision. La Sous-direction
de la métrologie, au sein du Ministère de l'Economie, des
Finances et de l'Industrie pourra apporter son appui technique à
ces ministères afin d'élaborer le cahier des charges de ces
réglementations, en concertation avec les autres partenaires compétents,
notamment scientifiques et industriels. Cette sous-direction pourra aussi
apporter, en tant que de besoin, une assistance au contrôle de la
mise en oeuvre de ces réglementations.
Le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie est
chargé d'une mission de coordination de l'action des différents
ministères en métrologie, action qui recouvre, dans le champ
de compétences de chaque ministère :
- la promotion de la métrologie dans l'industrie,
- la diffusion de la métrologie auprès du public,
- la prescription de mesurages et de méthodes et moyens de mesure
par l'Etat,
- le soutien aux activités de métrologie fondamentale,
- l'utilisation de méthodes et de moyens de mesure par l'Etat.
Cette coordination s'appuiera notamment sur une Commission interministérielle
pour la métrologie, dont le Secrétariat sera assuré
par le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie,
et dont les tâches seront les suivantes :
- associer les différents ministères à la définition
et à la mise en oeuvre de la politique globale de développement
et de diffusion de la métrologie,
- examiner la réglementation de métrologie mise en oeuvre
par le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie et
proposer des axes d'évolution pour cette réglementation,
en tenant compte notamment des besoins des différents ministères,
- définir les priorités à fixer pour les activités
de métrologie fondamentale,
- être informée des projets de réglementation des
différents ministères comportant des enjeux métrologiques
importants.
Les Directions Régionales de l'Industrie, de la Recherche et de
l'Environnement joueront le rôle de pôle de compétence
régional en métrologie. En outre, la mise en application
des réglementations de métrologie légale fera plus
largement appel aux synergies entre les différentes administrations
déconcentrées.
La consolidation et le renforcement de la métrologie primaire
française
Le Bureau National de Métrologie, chargé de la métrologie
scientifique française, doit bénéficier d'évolutions
en termes de champ de compétences et de structures, qui lui permettent
de répondre aux nouveaux défis et aux besoins des technologies
de demain. Le soutien de l'Etat à la métrologie scientifique
doit permettre de développer les technologies dans les domaines
nouveaux de la mesure, afin de garantir à la France un potentiel
comparable à celui des autres grands pays industrialisés.
Ce renforcement permettra à la France de maintenir et de consolider
son rôle sur la scène internationale depuis la création
du système métrique.
A cette fin, il est nécessaire de réformer le Bureau National
de Métrologie. Le statut de groupement d'intérêt public
du BNM sera prorogé. En outre, afin d'associer plus largement les
acteurs concernés à la définition des grandes orientations,
et de réaliser l'élargissement nécessaire du champ
de recherche en contractant avec de nouveaux établissements, le
BNM sera doté d'un Conseil d'administration comprenant l'ensemble
des administrations concernées, ainsi que des personnalités
qualifiées du monde scientifique et industriel.
Les missions de représentation de la métrologie française
sur la scène internationale seront développées, et
le BNM aura notamment la charge :
- d'assurer des responsabilités opérationnelles dans
les organismes de coordination européens ou internationaux,
- de répondre à des appels à proposition de recherche
européens ou internationaux,
- de négocier les contrats d'association avec d'autres organismes
étrangers pour développer des travaux communs, ainsi que
les contrats d'assistance technique à des pays étrangers.
La mise en place d'un organisme de certification pour les réglementations
de métrologie
Une Directive européenne, actuellement en préparation et
faisant l'objet d'un consensus sur ses principales, conduira en France
à confier la charge d'établir la conformité réglementaire
des instruments de mesure à un organisme placé en concurrence
avec d'autres organismes européens et apte à jouer un rôle
de leader sur la scène internationale. Les règles européennes
exigent que cet organisme soit, pour des raisons de concurrence, distinct
des autorités nationales chargées de la mise en application
des Directives. La dévolution de ces nouvelles missions à
un établissement de référence sera l'opportunité
de rassembler les compétences, aujourd'hui réparties entre
l'Etat et les laboratoires, et d'offrir ainsi un service amélioré
à l'industrie, en anticipant les échéances européennes
afin de préparer la concurrence future.
Le Laboratoire National d'Essais, établissement public à
caractère industriel et commercial, se voit donc confier la certification
de conformité des instruments réglementés. Il bénéficie
d'un transfert des compétences spécifiques nécessaires
des services de l'Etat, et devra s'appuyer sur les compétences particulières
des autres laboratoires qui interviennent aujourd'hui en métrologie
légale. Le Laboratoire National d'Essais est, par ailleurs, membre
du Bureau National de Métrologie et à ce titre présente
des compétences fortes en métrologie scientifique. Il est
le principal laboratoire réalisant des essais pour la métrologie
légale et il possède une expérience importante dans
la certification européenne de conformité. En outre, sa mission
de protection des consommateurs, affirmée par la loi de 1978 (code
de la consommation), le désigne naturellement pour la certification
réglementaire de métrologie légale.
L'Etat soutiendra le développement des activités d'intérêt
général que le LNE sera appelé à mener dans
le cadre de cette mission de métrologie légale: représentation
internationale, participation à la normalisation, études
et appui technique aux ministères.
La promotion et l'enseignement de la métrologie
Le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie animera
une politique forte de promotion de la métrologie, en synergie avec
les autres ministères concernés, au sein de la Commission
interministérielle pour la métrologie évoquée
plus haut, afin de :
- sensibiliser les PMI à la métrologie et développer
cette discipline dans les industries, de faire progresser celles-ci dans
la voie de la maîtrise de la qualité et de la compétitivité,
et développer la métrologie en tant qu'outil d'appropriation
et de maîtrise des technologies clés,
- diffuser la préoccupation métrologique dans les différentes
professions autres qu'industrielles (santé par exemple),
- permettre une meilleure appréhension de la métrologie
par le public, par le canal de l'éducation.
Pour doter la France d'un vivier d'ingénieurs métrologues,
il convient de poursuivre les efforts de formation continue réalisés
notamment par les laboratoires, et plus encore de développer la
formation initiale spécialisée. Celle-ci est réalisée
par exemple au Conservatoire National des Arts et Métiers ou à
l'Université du Maine. En ce qui concerne le Secrétariat
d'Etat à l'Industrie, dès la rentrée 1999, sera institué
à l'Ecole des Mines de Douai un cycle de spécialisation à
la métrologie, ouvert à des ingénieurs français
et étrangers. Répondant à une demande forte des milieux
industriels, ce cycle d'études est destiné à devenir
une formation supérieure de référence.