Technologies de l'information

La problématique

MONDIALISATION DES MARCHÉS

Les technologies de l'information diffusent dans l'ensemble des secteurs industriels et se trouvent au coeur de plusieurs grands domaines : les composants, l'informatique (matériels et logiciels), les télécommunications (matériels et logiciels), l'électronique grand public et les services audiovisuels, l'électronique professionnelle.

Les industries organisées autour des technologies de l'information présentent un caractère stratégique, du fait de leur poids économique et de leur croissance élevée, mais également en raison de leur interpénétration croissante avec l'ensemble des secteurs de l'économie. Les technologies de l'information sont ainsi à l'origine de la plupart des nouveaux produits, services ou innovations et, par voie de conséquence, d'une partie importante des emplois créés.

Cependant, ces industries sont confrontées depuis quelques années à des difficultés croissantes, se traduisant en Europe par une dégradation du solde des échanges commerciaux avec les Etats-Unis et le Japon, surtout dans les composants et dans l'informatique.

La taille des investissements requis par les progrès technologiques va croissant. Pour les rentabiliser, il devient nécessaire de réaliser un volume d'affaires de plus en plus important donc d'aborder le marché au niveau mondial. Cette mondialisation des marchés d un certain nombre de secteurs s'accompagne d'un mouvement accéléré d'alliances ou de concentration des acteurs.

Dans ce contexte, l'Europe souffre de plusieurs handicaps :

- Le marché européen est potentiellement vaste, mais cloisonné et hétérogène. Sur certains segments (composants, télécommunications traditionnelles), la base de marché est insuffisante.

- Le marché européen s'ouvre à la concurrence extra-européenne tandis que le marché américain reste protégé et le marché japonais hermétiquement clos. Le redéploiement international des entreprises européennes, qui passe le plus souvent par des acquisitions, est relativement récent, alors que l'Europe est depuis plus longtemps ouverte aux implantations étrangères.

- Les industriels européens ont des difficultés à transformer leurs avancées technologiques en produits industriels.

- Leur compétitivité en matière de coûts de production (avec en particulier un différentiel de coûts sociaux vis-à-vis des pays asiatiques) est insuffisante.

- La cohésion entre les acteurs européens est également insuffisante.

Les concurrents les plus redoutables de l'industrie européenne sont, d'une part, les entreprises de la Silicon Valley qui, avec des investissements souvent modestes, démontrent une remarquable capacité d'innovation dans les applications, les logiciels et les réseaux et, d'autre part, les entreprises japonaises. Plus rapides en matière d'innovation marketing et de production de nouveaux équipements électroniques de haute qualité et à bas prix, ces dernières sont également en train de devenir des leaders technologiques.

Une interdépendance croissante

Le domaine des technologies de l'information est éclaté entre des industries qui se trouvent dans une situation d'interdépendance croissante. On peut distinguer :

- Des industries situées en amont de la filière, comme l'électronique professionnelle, qui sont davantage des industries de biens d'équipement ou de biens intermédiaires et dont les développements sont fortement déterminés par les investissements des entreprises.

- Des industries situées en aval de la filière, qui sont entrées dans une logique de marché de masse et dont les progrès sont déterminés par l'évolution de la consommation des ménages : c'est le cas de l'électronique grand public, mais également de pans entiers de l'informatique et des télécommunications.

- Des industries qui tendent à devenir transversales et irriguent l'ensemble de la filière, comme les composants ou le logiciel (que l'on retrouve dans tous les segments et toutes les innovations), mais également les télécommunications, qui jouent le rôle de moelle épinière, reliant des activités de plus en plus distribuées en réseau. Les composants permettent une meilleure répartition de l'intelligence, notamment en périphérie, et simultanément le développement des technologies de télécommunications permet d'assurer cette chaîne de communication.

Une interpénétration avec l'ensemble de l'économie

Ces interdépendances s'accompagnent d'une diffusion massive des technologies dans l'ensemble des secteurs de l'économie, rendant difficile la séparation entre technologies génériques et technologies applicatives.

Des domaines technologiques homogènes émergent ainsi, issus du croisement des technologies de l'information et de secteurs qui sont des débouchés majeurs, comme l'électronique de santé ou l'électronique automobile.

Plus généralement, les logiciels, l'électronique et, de manière croissante, les télécommunications tendent à diffuser leurs technologies dans l'ensemble de l'économie. Les progrès technologiques réalisés dans ces domaines revêtent ainsi une importance cruciale pour de nombreux secteurs d'activité, comme la banque et la finance.

Poids de la R-D, conditions d'accès au marché

Les dépenses de R-D continuent à être stratégiques pour l'ensemble des industries des technologies de l'information (elles représentent près de 20 % du chiffre d'affaires de certains groupes). Mais un certain nombre de segments tendent à devenir des marchés de masse: les conditions d'accès au marché deviennent alors déterminantes pour les entreprises.

Alors qu'augmentent les coûts de développement des technologies, se pose ainsi avec une acuité croissante la question des marchés sur lesquels amortir ces technologies. Par exemple, le fait pour la France de ne pas maîtriser le marché des portables n'introduit-il pas une rupture préjudiciable pour l'accès au marché des écrans plats ?

Le développement de technologies coûteuses sur des marchés étroits est particulièrement difficile. L'absence de véritables normes européennes conduit à un cloisonnement des marchés, les produits étant différents d'un pays à l'autre. Les "europrotocoles" s'ajoutent en fait aux normes nationales, sans les remplacer. Cette tendance est renforcée par le fait que chaque pays européen appuie son champion national.

Par ailleurs, les modalités d'appropriation par les utilisateurs des produits ou services fournis par les industries des technologies de l'information deviennent déterminantes. Il faut faciliter l'accès de l'utilisateur aux services et applications, ce qui se traduit par l'émergence de domaines technologiques nouveaux, comme les interfaces homme-machine, les technologies de médiation ou de traitement du contenu.

Des stratégies associées à la diversité des acteurs

Vette complexité du domaine est renforcée par l'extrême diversité des acteurs, dont les stratégies technologiques sont non seulement déterminées par leur secteur d'origine (composants, informatique, télécommunications), à l'intérieur de la filière des technologies de l'information mais également par leur métier. Selon la position des acteurs (développeurs de technologies industriels, prestataires de services) et leur domaine d'activité (composants, informatique, télécommunications, électronique grand public), le rôle du progrès technologique apparaît plus ou moins déterminant.

De nombreux segments devenant des marchés de masse, la préoccupation majeure des industriels porte sur les produits et services à développer. Les choix technologiques qui en résultent ne se posent qu'ensuite. La cohérence technique entre équipements de fabrication et composants, entre processeurs et logiciels, joue un rôle essentiel aussi bien dans les industries amont (composants, électronique professionnelle) que pour les industries du logiciel et du contenu et pour le secteur des services.

La notion de technologie clé ne revêt par ailleurs pas du tout la même signification pour tous, notamment lorsqu'il s'agit d'apprécier la vulnérabilité ou le risque de dépendance industrielle. L'origine de certains produits ou technologies, pourtant essentiels à leur activité, importe peu à certains industriels pourvu qu'ils puissent se les procurer, et ce d'autant plus que ces industriels sont des multinationales.



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