Services et communication

La problématique

Le champ couvert comprend les services individuels et professionnels liés à la fonction "communication" et les technologies susceptibles de satisfaire la demande correspondante.

MONDIALISATION, DEREGLEMENTATION

La mondialisation est un trait caractéristique de l'économie moderne. Ses causes et ses effets font l'objet de nombreux débats. Toutefois, il n'est pas contestable que les progrès réalisés dans les réseaux de communication ont joué un rôle essentiel dans son développement.

Si l'informatique est un secteur où la concurrence a toujours existé, le domaine des télécommunications s'ouvre peu à peu aux lois du marché. Après les Etats-Unis, qui ont remis en cause le monopole d'AT&T en 1982, c'est au tour de l'Europe de déréglementer ses monopoles. L'idéologie libérale et la pression des grands utilisateurs ne sont pas les seules raisons justifiant cette remise en cause. L'évolution technologique renforce cette tendance. La convergence des secteurs de l'informatique et des télécommunications, apparue dès le début des années 1970 avec la notion de réseau, s'accélère avec la numérisation de l'information et tend à s'étendre au domaine de l'audiovisuel. Les cloisonnements nationaux sautent, les marchés autre fois disjoints tendent à se recouvrir. Les utilisateurs d'ordinateurs, de téléphones et de téléviseurs se voient proposer une multitude de services nouveaux.

Cette évolution fonde la compétitivité des agents économiques et des Etats sur des bases radicalement nouvelles. L'information devient, peu à peu, un véritable facteur de production. Mais cette primauté donnée à la compétitivité cantonne souvent les technologies dans la recherche de gains de productivité, au détriment de l'emploi.

L'INFORMATION, FACTEUR DE PRODUCTION

L'information, sous toutes ses formes, est en train de changer radicalement les modes de production et d'échanges, et parfois même de pensée.

Le processus de "dématérialisation", qui affecte depuis une vingtaine d'années l'ensemble des économies industrielles, est un effet induit de cette évolution. L'automobile a ainsi été citée comme un domaine où la compétitivité réside désormais dans le design, l'organisation et le marketing autant que dans le bien lui-même. Le produit n'est souvent plus que le support physique sur lequel se greffe la composante servicielle, source de compétitivité et de valeur ajoutée. Ce phénomène est encore plus net dans les technologies liées aux composants électroniques. Ainsi, la valeur des matières premières nécessaires à la fabrication des composants micro-électroniques ne constitue que 2 à 3 % de leurs coûts de fabrication.

La flexibilité est devenue l'un des maîtres mots de l'économie. Elle fonde, notamment, une conception entièrement nouvelle et originale du processus de production-distribution où l'information devient le facteur clé d'une adaptation permanente de l'offre à la demande. Nombre d'entreprises avancées (dans des branches mûres comme l'automobile) maintiennent leur niveau de compétitivité par une gestion où tous les coûts sont ramenés à leur minimum incompressible. Ce type de gestion est rendu possible par l'utilisation de réseaux d'information hautement performants et une adéquation quasi instantanée de l'offre à la demande, grâce à l'usage des systèmes d'information les plus modernes.

Dans les domaines n'ayant pas encore atteint ce stade de maturité (électronique grand public, circuits intégrés...), les technologies de l'information permettent un renouvellement constant du produit, induisant du même coup un raccourcissement du cycle de produit dont certains producteurs commencent à s'inquiéter, le temps de recherche et développement tendant à dépasser sa durée de vie sur le marché.

L'information, au sens large, a tendance à s'homogénéiser, par le double phénomène de sa numérisation et de la fusion des secteurs de services à forte intensité d'information. Il devient possible de considérer l'information comme un facteur de production à part entière, à côté du travail et du capital.

Les services d'information et de communication sont donc appelés à être l'objet, dans les années à venir, d'âpres négociations (voir les discussions sur les accords du Gatt, fin 1993) et de luttes commerciales acharnées.

Le déplacement du centre de gravité de la valeur ajoutée vers les activités de services, et notamment vers les services d'information et de communication, recèle au moins autant de menaces que de promesses. Menace, pour ceux qui ne sauront pas maîtriser les technologies de l'information, de se voir marginaliser dans la nouvelle donne économique mondiale. Promesse liée au fait que, si l'information devient réellement un facteur de production à part entière, il est loisible d'imaginer que la production et l'échange dépendront désormais de plus en plus de la matière première la plus équitablement distribuée à la surface de la terre: la "matière grise". L'efficacité du système d'éducation et de formation sera donc de plus en plus, pour un pays, un facteur essentiel de compétitivité.

SERVICES, TECHNOLOGIES ET EMPLOI

Les réflexions actuelles à propos des services sont fortement marquées par les questions relatives au chômage. L'intérêt porté aux activités de services, au regard de l'emploi, tient à deux constats :

Les services sont considérés comme un secteur qui joue le rôle d'un régulateur structurel de l'emploi. L'évolution en valeur absolue des effectifs par grand secteur le montre bien. Ainsi, en France, la baisse des effectifs dans l'industrie manufacturière, au rythme moyen de 1,8 % par an depuis 1973, et leur accroissement dans le secteur tertiaire marchand (21 % par an) traduisent ces transformations structurelles de l'économie.

Les activités de services sont réputées peu ou non sensibles à la conjoncture économique. Elles joueraient, de ce fait, le rôle d'amortisseur conjoncturel en compensant, en partie, la baisse d'activité des autres secteurs économiques. Si l'ampleur de la crise actuelle remet en cause cette analyse, il n'en est pas moins exact que les services résistent mieux au ralentissement conjoncturel que le secteur industriel. Dès lors que l'information va prendre une place de plus en plus importante dans le devenir de la société, on peut penser que l'évolution des technologies de la communication permettra d'offrir des services véritablement novateurs, sources de nouveaux emplois.

Le développement des activités de services résulte à la fois du développement d'activités nouvelles et de l'externalisation d'activités de services jusqu'alors fournies à l'intérieur de l'entreprise (comptabilité, conception et organisation, marketing, publicité). Ce second phénomène explique d'ailleurs qu'une partie des emplois perdus dans l'industrie se retrouve dans le secteur tertiaire.

Le développement d'activités nouvelles n'a pas permis de compenser l'ensemble des pertes d'emploi dues aux gains de productivité. L'offre de services vraiment nouveaux ne suit qu'avec retard les potentialités de la technologie, d'autant plus que l'inertie des réseaux introduit une résistance à toute offre qui oblige à des modifications techniques importantes.

LES TECHNOLOGIES : POUR QUELS SERVICES ?

Depuis l'invention du transistor en 1948 et l'apparition des circuits intégrés au début des années 60, les performances des composants à semi-conducteurs évoluent à un rythme tel qu'il est possible d'imaginer des applications qui auraient semblé irréalistes il y a quelques années.

La miniaturisation ininterrompue a permis à la fois une réduction des coûts, une baisse de plus en plus grande de la consommation en énergie, une augmentation croissante des puissances de traitement et des capacités de stockage et une amélioration de la fiabilité. L'intégration toujours plus poussée fait que ces composants sont devenus de véritables fonctions électroniques et sont en passe de devenir des systèmes par eux-mêmes. Les potentialités technologiques sont donc immenses. Pour qu'elles débouchent sur des emplois, il faut faire preuve d'imagination et de créativité pour inventer les services de demain. En ce sens, le contenu des services est sans doute un défi plus important que les technologies elles-mêmes.

LA PESANTEUR DES INFRASTRUCTURES

Les échanges d'information en temps réel ne peuvent se faire qu'à travers des réseaux. Ceux-ci ont un effet structurant important. Leur complexité croît rapide ment avec le nombre de terminaux qui y est raccordé et avec la nature des informations véhiculées. Cette complexité s'accompagne de coûts d'investissements de plus en plus élevés.

Les débits nécessaires vont croissant, avec notamment l'arrivée des services qui s'appuient sur la transmission d'images et de documents enrichis. L'évolution des réseaux constitue donc un enjeu essentiel, et leur capacité à répondre à la demande est le fruit du progrès technologique en matière de compression numérique, tout autant que de l'augmentation des capacités des infrastructures.



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