Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
COUPS DE BOULE

Voltaire face sur les sans-papiers

Candide / mercredi 9 septembre 2009 par Amédée Sonpipet
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Un professeur d’université au cas des sans-papiers cuisine au goût du jour un extrait de "Candide" de Voltaire, "le nègre de Surinam".

En s’avançant vers la République, Bonhomme rencontra des blacks assis dans un campement établi le long d’un mur. La pluie fine transperçait les bâches grossièrement fixées et mouillait les matelas noircis par la poussière de la rue. Bonhomme aborda l’un de ces hommes maigres, qui buvait du thé en grattant des plaques rouges sur ses mains.

« Eh, Mon Dieu ! lui dit Bonhomme, que fais-tu là, mon ami, dans la situation déplorable où je te vois ?

– J’attends les papiers que va m’apporter Mr. Jay des Quautas, le fameux préfet, répondit le black.

– Est-ce ce Mr. Jay des Quautas qui t’a mis dans cet état ?

– C’est le système, Monsieur ! On nous embauche sans papier et on nous fait travailler sept jours par semaine, trois fois moins payés. Si on n’est pas productif, on est viré. Si on tombe malade, on est viré. Si on se plaint, on est viré. Je me suis trouvé dans les trois cas. C’est à ce prix que vous dormez dans des logements propres. Cependant, quand j’ai quitté l’Afrique pour faire mes études, mon père me disait : « Remercie le Tout-Puissant et adore-le toujours : tu as l’honneur d’aller étudier dans le beau pays de France ! Glorieux, tu rentreras au village fort d’un diplôme qui t’ouvrira les portes de la réussite. Va ! Tu fais la fierté de tes parents. » Hélas ! Je ne sais pas si j’ai fait leur fierté mais j’ai perdu la mienne. Aussitôt arrivé, je suis allé voir ma tante ; j’ai vu s’éloigner l’ambulance : Tantine avait sauté du sixième étage. J’ai cherché Tonton : il était mort, la tête brisée pendant sa garde à vue ! J’ai trouvé mon cousin, mais trop tard ! Le charter décollait. Ses frères sont en centre de rétention. J’ai dormi dans un squat, et j’y ai laissé le peu que j’avais. Un matin, un groupe d’hommes cagoulés ont cassé la porte, nous ont aspergé de gaz lacrymogène et nous ont fait sortir à coups de matraque. Depuis, j’attends dans la rue les papiers que va m’apporter Mr. Jay des Quautas. Des militants viennent me parler tous les jours des Droits de l’Homme. Si ces gens disent vrai, c’est qu’il doit y avoir quelque chose en moi qui n’est pas humain. »

– Ô Manus Occulta, mon maître ! s’écria Bonhomme, tu n’avais pas deviné cette abomination. C’en est fait, il faudra à la fin que je renonce à ton libéralisme.

Qu’est-ce que libéralisme ? demanda une fillette qui vivait là. Hélas, dit Bonhomme, c’est la rage de croire qu’on est libre quand on n’est rien.

Le cri de sirènes hurlantes se rapprochait du camp tandis que Bonhomme versait des larmes en regardant son black. En pleurant, il s’engouffra dans la bouche de métro.

Voltaire "Le nègre de Surinam", Candide

En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite.

"Eh ! mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ?

- J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre.

- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ?

- Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons au sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : "Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère." Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous ; les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germain. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible.

- Ô Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination ; c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme.

- Qu’est-ce qu’optimisme ? Disait Cacambo.

- Hélas ! dit Candide, c’est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal" ; et il versait des larmes en regardant son nègre ; et en pleurant, il entra dans Surinam.

A lire ou relire sur Bakchich.info :

Depuis le 17 juillet, un ancien local de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, rue Baudelique à Paris, est occupé par des sans-papiers. Nous les avons suivis une journée.
Le cœur de la capitale concentre sur quelques mètres les différentes occupations de sans-papiers. Dont la CGT, les associations et les partis défendent leur politique de régularisation.
En matière de reconduite à la frontière, le ministre de l’Immigration s’est targué d’avoir pulvérisé ses objectifs. Brice Hortefeux a été plus discret sur les régularisations…
Alors que le centre de rétention administrative de Vincennes a rouvert ses portes aujourd’hui, les éditions Libertalia publient « Feu au centre de rétention. Des sans-papiers témoignent ». Extraits.

AFFICHER LES
3 MESSAGES

Forum

  • Voltaire face sur les sans-papiers
    le vendredi 11 septembre 2009 à 00:33, celouna a dit :
    C’est insupportable cette utilisation du terme "black". Un peu de sens critique sur les mots s’il vous plaît. Dire "noir" ne vous fera pas exploser la cervelle : pour ceux qui ne comprennent pas, voir la petite vidéo en lien ici http://www.dailymotion.com/video/x27h0o_nayez-pas-peur-du-noir-les-indivisi_fun
  • Voltaire face sur les sans-papiers
    le mercredi 9 septembre 2009 à 08:55, J_P_M a dit :

    "Voltaire FACE SUR…" ?!

    Bravo pour la langue française. Et il fallait que ça tombe sur Voltaire !

  • Voltaire face sur les sans-papiers
    le mercredi 9 septembre 2009 à 01:47

    Coups de boules, en effet :

    1) Pour le titre incompréhensible ainsi que pour l’intro ….disons …bancale pour être gentil.

    2) C’ est écrit par un "prof d’Université " ( et qui s’en vante , en plus !!!) ??? ça ??!!

    Ventrefoutrique et mormoilebleudunoeud !!!!!!!

    C’ est le genre d’ exercice récréatif qu ’on nous donnait à faire lors de ma 5ème et où ceux qui y excellaient consolaient de leurs réjouissantes trouvailles ceux qui (comme moi) ne faisaient que poussivement calquer le texte d’ origine….(Je vous laisse deviner dans quelle catégorie se situe notre "Prof d’ Université"…..).

    Du non-Bachelier,

    Âne de Démocrite

BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte